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26 de janvier de 2022 Twitter Faceboock

Crise sanitaire
« BA.2 » : derrière les discours rassuristes du gouvernement, ce sous-variant inquiétant
Irène Karalis

Alors que le gouvernement enchaîne les discours optimistes et rassurants, la circulation du sous-variant BA.2 inquiète certains scientifiques. Mais le gouvernement continue de parier sur l’immunité collective.

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Crédits photo : AFP

« Nous pouvons espérer voir reculer l’épidémie dans les semaines qui viennent », a annoncé Gabriel Attal au sortir du Conseil de défense sanitaire ce mercredi. La semaine dernière, c’était Arnaud Fontanet qui affirmait au micro de France Inter : « Oui, le scénario du pire s’éloigne, la décrue a commencé ». Depuis plusieurs semaines, les discours sur la crise sanitaire adoptent une tonalité optimiste quant à une sortie prochaine de l’épidémie et un ralentissement de la cinquième vague. Pourtant, ces derniers jours, les scientifiques racontent une autre histoire, nous mettant en garde sur la suite de l’épidémie.

Les indicateurs sanitaires, d’une part, sont à la hausse. Après une amélioration certaine depuis plusieurs semaines, les autorités sanitaires font face à une nouvelle flambée du variant Omicron, avec un nouveau record de 500 000 cas détectés en 24 heures ce mardi. Dans les hôpitaux, plus de 30 000 personnes sont hospitalisées, ce qui n’était pas arrivé depuis fin avril. L’incidence hebdomadaire est elle aussi en hausse et a atteint le chiffre record de 3675 cas pour 100 000 habitants pour la semaine du 15 au 21 janvier. Ce mardi matin, le président du Conseil scientifique prévenait en ce sens sur France Info : « la vague d’hospitalisations va être très lourde jusqu’à la mi-mars ». L’OMS, elle, a récemment alerté quant au « risque global » lié à Omicron encore très élevé.

BA.2 : un sous-variant qui inquiète

Surtout, l’apparition du sous-variant BA.2 commence à inquiéter. Ce sous-variant apparu début décembre a été identifié dans plus de 40 pays. Différent d’Omicron par plus de 20 mutations, ces dernières peuvent empêcher les criblages de les distinguer. Au Danemark, le nombre de contaminations a augmenté très rapidement au même moment que BA.2 est arrivé. Plus de la moitié des contaminations y sont maintenant liées à BA.2. Antoine Flahault explique ainsi auprès de Libération : « le rôle du sous-variant BA.2 n’est pas encore clair, mais il pourrait être à l’origine de ce qui semble être une reprise du processus épidémique en Europe de l’Ouest ».

Mais l’inquiétude quant à ce variant est due à une hypothèse : celle d’une transmissibilité supérieure à Omicron. La biologiste évolutionnaire Florence Débarre affirme ainsi auprès de Libération : « le fait qu’au Danemark, le BA.2 ait pris le pas sur BA.1, suggère qu’il est encore plus transmissible 7. » Plus inquiétant encore : l’épidémiologiste Mircea Sofonea a étudié les données du Danemark et du Royaume-Uni rassemblées par l’épidémiologiste américain Eric Ding et en a conclu que « BA.2 infecterait deux fois plus de personnes que BA.1 ». Ces estimations, évidemment, sont à « prendre avec précaution » et selon Libération, pour Alexandre Gaymard, virologue au CHU de Lyon, « il est quand même fort probable qu’en termes de virulence, cliniquement parlant, il n’y ait aucune différence entre BA.1 et BA.2 ».

Pour l’instant, il n’y a donc aucune certitude en ce qui concerne BA.2. Mais pour Eric Ding, « il n’y a aucune preuve que les nouvelles variantes deviendront nécessairement plus douces et endémiques comme par magie » et le variant BA.2 montre que la sortie de l’épidémie est loin d’être atteinte. Et dans le cas où BA.2 se révèlerait très différent d’Omicron, les scénarios s’assombrissent. « Soit il est intrinsèquement plus transmissible que BA.1, ce serait étonnant, mais cela reste possible. Soit il échappe encore plus aux anticorps », explique ainsi au HuffPost Étienne Simon-Lorière, responsable de l’unité Génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur. Une hypothèse que partage Olivier Véran, qui expliquait ce mardi sur LCI qu’on « pourrait potentiellement se recontaminer avec BA.2 après avoir contracté Omicron ».

Le gouvernement mise sur l’immunité collective pour satisfaire le patronat

Si pour l’instant, moins de 70 cas ont été recensés en France, aucune affirmation ne peut être faite avec certitude avant les résultats certains des séquençages. Pourtant, pour le gouvernement, la situation semble au mieux, puisqu’il a décidé d’alléger les restrictions en place. Jeudi dernier, Jean Castex annonçait ainsi la fin du télétravail, des jauges pour les établissements recevant du public ainsi que l’ouverture des discothèques et la reprise des concerts debout. Un planning que Gabriel Attal a confirmé ce mercredi, affirmant : « nous tenons notre calendrier, nous tenons le cap ». Misant sur l’immunité collective et la circulation, le gouvernement a ainsi décidé de répondre aux exigences du patronat en mettant fin au télétravail et en favorisant un « retour à la normale » pour que les entreprises puissent continuer de fonctionner.

Plus que jamais, il nous faut un programme sanitaire à la hauteur de la crise. L’apparition d’un sous-variant d’Omicron actualise la nécessité de mettre des moyens dans le séquençage et le criblage pour prévenir l’arrivée de nouveaux variants, ainsi que la levée des brevets, seul moyen d’empêcher l’apparition répétée de variants. Plus largement, il faut des moyens dans la santé et l’éducation, et il est urgent de revendiquer des masques FFP2 et des tests gratuits pour tout le monde. Ce jeudi 27 les secteurs de la santé se mobiliseront aux côtés d’autres secteurs du publics et du privé en défense des services publics et pour les salaires. Une extension de la lutte après la mobilisation 11 janvier dernier dans la santé qu’il est nécessaire de soutenir, et surtout de s’atteler à renforcer.

 
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