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La Izquierda Diario
24 de février de 2022 Twitter Faceboock

Nos vies pas leur profit
Stellantis : après avoir réalisé 13.4 milliards de profit, la direction veut supprimer 2600 emplois
Yann Causs

Ce mercredi, le groupe Stellantis a annoncé un chiffre record : 13.4 milliards de bénéfices en 1 an. S’il prétend « récompenser » les salariés dans ses coups de communication fallacieux, le groupe présentait début février un plan de suppression de 2.600 emplois en France sur deux ans.

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crédit photo : AFP

Ce mercredi, le groupe Stellantis né de la fusion en janvier 2021 de Peugeot-Citroën (PSA) et Fiat-Chrysler (FCA), a publié ses résultats sur l’année 2021. Stellantis enregistre des bénéfices records à la hauteur de 13.4 milliards d’euros sur l’année, et ce malgré la crise sanitaire qui est venue durement toucher le secteur et la crise des semi-conducteurs qui handicape encore aujourd’hui l’industrie de l’automobile. C’est environ 1,6 millions de voiture qui ont été produites en moins à cause de cette dernière crise. Pourtant cela n’empêche pas le quatrième constructeurs mondial d’effectuer un saut inédit. Déjà au premier trimestre 2021, le tout nouveau géant automobile enregistrait des résultats imposants en à peine six moins d’existence avec près de 6 milliards de bénéfices. Pour la CGT PSA, « c’est du jamais vu à PSA, on ne fabrique plus des voitures mais des lingots d’or ! ».

Plus précisément, malgré un marché de l’automobile au ralenti, Stellantis enregistre un chiffre d’affaires de 152 milliards d’euros, soit une hausse de 14% par rapport aux précédent chiffres d’affaires cumulés des deux groupes. Des chiffres encensés par la presse bourgeoise mais aussi par la bourse, avec une hausse de 5% de l’action du groupe.

Ainsi, en pleine période de crise dans l’automobile, le groupe Stellantis se vante d’augmenter ses dividendes à ses actionnaires en débloquant 3,3 milliards d’euros, mais surtout de « récompenser » 300.000 salariés à travers le monde en redistribuant 1,9 milliards d’euros. D’après le Figaro, une augmentation de 70% en un an. Dans ce sens, le groupe de Carlos Tavares annonce verser une prime d’intéressement et de participation à la hauteur de 4.000 euros minimum.

Si la presse patronale s’empresse de relayer ces chiffres et d’en chanter les louanges, il ne faut pas s’y tromper : ces milliards sont fait sur le dos des travailleurs ! D’une part, la prime d’intéressement affichée en vitrine de la réussite du groupe cache une autre réalité. Comme l’explique la CGT dans son communiqué : « 4.000 euros bruts, correspond à 3.600 euros nets pour 100% de présences. » Comprenons ici que cette prime est en réalité soumise à la condition de ne pas avoir eu d’arrêt maladie ou de jours d’absence au cours de l’année. Ces arrêts sont pourtant presque inévitables tant le travail à accomplir est pénible et use le corps. Le syndicat poursuit : cette année la prime est de « 3.600 euros nets avec 13,4 milliards de bénéfices, l’année dernière avec 2 milliards d’euros de bénéfices, les CDI avaient touché 2.600 euros net de primes. Pourquoi un tel écart ? Où est partie la différence ? Plus PSA gagne de l’argent, affirme la CGT, moins il nous en donne proportionnellement. Rien ne vaut une vraie augmentation de salaire, c’est avec le salaire que l’on vit chaque mois. »

Surtout, cette prime exclue les intérimaires, pourtant nombreux, employés par le groupe. En effet, et cela explique en grande partie la bonne santé du groupe, ses profits se font sur le dos des travailleurs au travers de la précarisation des emplois en recourant très largement à l’intérim. Durant la crise, cette main d’œuvre a pu facilement être employée pour travailler sur les chaines de montages lorsque nécessaire, puis mise à la porte en fonction des variations des volumes de production, en particulier aujourd’hui avec la crise des semi-conducteurs. Une véritable variable d’ajustement. Si les intérimaires payent le lourd tribut de la crise, ils représentent pourtant près d’un ouvrier sur trois, et sont parfois majoritaires dans certains secteurs de la production. Ainsi, l’annonce de cette prime, présentée comme exceptionnelle, se révèle être un odieux coup de communication de la part du groupe Stellantis : proportionnellement aux chiffres de l’année dernière elle est ridicule et en baisse, mais surtout elle ne concerne pas l’ensemble des travailleurs intérimaires.

Bien plus, le groupe annonce l’accumulation de ces milliards après avoir présenté début février un plan qui prévoit près de 2.600 suppressions d’emplois en France. La direction insiste sur le fait que ce seront des départs volontaires de 1.300 ouvriers par an en 2022 et 2023 dans le cadre de la restructuration de la production. Comme nous l’expliquions en septembre dernier, « une partie de ces suppressions d’emplois s’explique par le changement de stratégie de Stellantis, qui souhaite passer d’une politique de volume à une politique de marge. En clair, l’objectif n’est plus de construire beaucoup, mais de faire énormément de profits sur des voitures haut-de-gamme, et ce avec deux fois moins de salariés. » Ainsi, la rentabilité au centre des préoccupations du groupe se fait une fois de plus au détriment des travailleurs, au travers des différents plan de suppression d’emplois. Carlos Tavares a, depuis 2013, supprimé 30 000 emplois CDI en France.

Enfin, cette annonce vient au lendemain de la dernière journée des NAO pour l’augmentation des salaires. La direction met sur la table une augmentation de 2,8% des salaires pour les ouvriers, soit une augmentation de 42 euros net pour un salaire à 1.500 euros d’après la CGT. Une hausse ridicule qui ne compense même pas l’inflation des prix au quotidien. Ce mépris a mis le feu aux poudres et les ouvriers se sont mobilisés dès ce mardi 22 février sur les différents sites du groupe contre cette mascarade.

Ainsi, sans surprises et contrairement à ce que prétend la direction, il est clair que les profits records ne profitent en rien aux salariés. Si les actionnaires se goinfrent avec les 3.3 milliards de dividendes débloqués, cela se fait sur le dos du travail des ouvriers, de la précarisation et la suppression des emplois dans le groupe qui lui permettent de réaliser ces marges faramineux.

A deux moins des présidentielles, bien loin des discours réactionnaires, la principale préoccupation des travailleurs est sans conteste le pouvoir d’achat, dans un contexte où les prix du quotidien ne cessent d’augmenter contrairement aux salaires. Dans ce sens, de nombreuses luttes sur les salaires émergent depuis plusieurs mois dans différents secteurs. Si la crise sanitaire a été pour les plus riches une aubaine pour s’enrichir encore plus, elle a aussi montré que cet enrichissement se faisait sur le dos des travailleurs et des classes populaires.

En prenant sur ces profits qui ne cessent de gaver les grandes fortunes, il est possible de stabiliser l’ensemble des contrats intérimaires traités comme des moins que rien, de garantir l’emploi, mais aussi d’augmenter tous les salaires de 300 euros nets, et de revaloriser les SMIC à 1.800 euros.

A Stellantis, l’ensemble des travailleurs y compris les intérimaires doivent avoir accès à la prime de 3.600 euros sans distinction et sans condition. Chaque intérimaire mis en fin de mission est un licenciement et cela doit être combattu par l’ensemble des salariés et des organisations du mouvement ouvrier en revendiquant l’interdiction des licenciements pour les CCD et les intérimaires, ainsi leur intégration en CDI.

Cela ne pourra s’obtenir que par la mobilisation dans la rue, par la coordination et l’extension de la colère mais aussi des luttes qui émergent sur la question des salaires. C’est dans ce sens que s’inscrit la candidature d’Anasse Kazib à l’élection présidentielle afin de porter ce discours et ce programme essentiel pour refuser que les travailleurs continuent à payer la crise pour le plus grand bonheur du porte-monnaie du patronat.

 
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