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2 de mars de 2022 Twitter Faceboock

Guerre en Ukraine
Gratuité des trains pour les réfugiés ukrainiens : la SNCF trie les « bons » et les « mauvais » migrants
Théo Agapé

La direction de la SNCF, par l’intermédiaire de son PDG, Jean-Paul Farandou, se félicite d’apporter sa solidarité aux réfugiés ukrainiens en leur permettant de voyager gratuitement dans tous les trains en France. Pourtant, cette même direction marche main dans la main avec la police quand il s’agit d’appliquer les lois xénophobes du gouvernement.

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Crédits photo : AFP / Archives Presse

Dans un tweet ce lundi, Jean-Paul Farandou annonçait fièrement la décision de la SNCF de permettre à tous les réfugiés ukrainiens de voyager gratuitement sur l’ensemble du réseau ferroviaire français. En effet, elle fait suite à l’offensive militaire russe que mènent les hommes de Poutine en Ukraine depuis bientôt une semaine, obligeant quelques 670 000 Ukrainiens à quitter leur foyer pour fuir les bombes.

Une décision dont il faut se réjouir pour la population ukrainienne mais qui interroge quand on connaît les politiques racistes que mène la direction de la SNCF aux frontières depuis des années, main dans la main avec le gouvernement Macron et sa police. Dans un entretien accordé à Reporterre, David Cerdan, cheminot qui s’occupe de la maintenance et des infrastructures aux abords de la frontière espagnole, a tenté d’alerter sa direction sur les risques encourus par les réfugiés qui tentent de traverser le tunnel des Balitres, point de passage entre les deux pays : « J’ai prévenu la direction, mais nos conseils n’ont pas été écoutés. Ils ont préféré mettre des barbelés partout. Cela empêche les gens de sortir du tunnel et ils se trouvent ainsi pris au piège. C’est vraiment dangereux pour leur vie. »

Pour rappel, sous son mandat, Emmanuel Macron a doublé les effectifs de police et gendarmerie aux frontières, ces derniers passant de 2400 à 4800 et appliquant sur le terrain les politiques anti-migratoires et racistes du gouvernement. Si nous n’avons pas le chiffre exact de personnes réfugiés décédées en essayant de franchir les frontières terrestres françaises, l’actualité nous rappelle au quotidien les drames que subissent ses exilés. Dernier exemple en date : la disparition tragique d’un jeune homme de 25 ans percuté par un train à Calais ce lundi.

Cet évènement dramatique et scandaleux vient contraster avec le progressisme de façade dont fait preuve la direction de la SNCF en se gratifiant, par l’intermédiaire de son porte parole, d’annoncer la gratuité des trains pour l’ensemble des réfugiés ukrainiens. De fait, la direction de la SNCF marche main dans la main avec la police quand il s’agit d’appliquer les politiques xénophobes du gouvernement. En 2018, selon Rue89 Bordeaux, la CGT des Cheminots de Bordeaux dénonçait une note interne demandant aux contrôleurs de Nouvelle-Aquitaine de prévenir la police ferroviaire en cas de présence de migrants dans les trains ou sur les quais. Dans la même veine, en 2014, selon Mediapart, la police demandait aux agents de la SNCF de les renseigner sur les ventes de billets aux « personnes d’origine afghane ». Plus encore, en mai dernier, le préfet délégué à l’immigration en Île-de-France a annoncé la mise en place du « contrôle Schengen », une opération visant à renforcer les contrôles contre l’immigration.

Ce double jeu hypocrite a été dénoncé par les cheminots et le secrétaire général de la CGT, Laurent Brun, dans une lettre ouverte adressée au PDG de l’entreprise ferroviaire française. Ils approuvent évidemment la gratuité des trains pour les réfugiés ukrainiens mais exigent « la confirmation que cette mesure s’appliquera bien à tous les réfugiés », avant d’ajouter « qu’il ne serait pas entendable que la couleur de peau, l’origine ou la religion réelle ou supposée amènent l’entreprise à sélectionner les bons ou les mauvais réfugiés ».

Dans un tweet, le cheminot et candidat à la présidentielle 2022 Anasse Kazib dénonce également la politique du deux poids deux mesures que mène la direction de la SNCF en rappelant qu’il n’y a aucun tri à faire entre les réfugiés et qu’ils doivent toutes et tous être accueillis sans distinction.

Et pour cause : les surenchères racistes et réactionnaires s’installent dans les médias et sur les plateaux télés. On se souviendra notamment des propos tenus par le journaliste Philippe Corbé qui rappelait que les Ukrainiens, « on peut en tirer profit [...] ce n’est pas des syriens ». Anasse Kazib, dans un court entretien accordé à France Info mardi soir, dénonce le traitement que subissent les réfugiés aux abords de la frontière italienne : « j’étais dans la Roya, voir Cédric Herrou quelques jours, ou il me racontait comment on faisait la chasse à l’immigré » avant d’affirmer clairement qu’il faut ouvrir nos portes « à toutes celles et ceux qui ont envie de venir vivre en France ! ».

Sur ces points, la direction de la SNCF à décidé de rester muette.

 
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