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La Izquierda Diario
2 de mars de 2022 Twitter Faceboock

Racisme d’État
Marseille. Menaces d’expulsion pour le squat de République : la vie de 40 personnes est en jeu !
Raji Samuthiram

Mercredi dernier à Marseille avait lieu un rassemblement en soutien au squat de République, menacé d’expulsion à la fin de la trêve hivernale alors qu’il abrite plusieurs dizaines de réfugiés. Une quarantaine de personnes ont manifesté pour dénoncer le racisme d’État, avant d’être réprimés par la police.

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Deux banderoles suspendues aux fenêtres rue de la République revendiquent : « Nous avons des enfants, nous voulons un logement digne », « Non aux expulsions. Nous sommes des humains, pas des animaux. » Ce sont les mots d’ordre du rassemblement de mercredi 23 février : une quarantaine d’habitants menacés d’expulsion d’un immeuble sur la rue de la République à Marseille se sont réunis en manifestation devant la préfecture pour exiger leur non-expulsion.

La majorité sont des réfugiés du Nigeria. En octobre 2021, ils ont été violemment expulsés par les autorités d’un autre bâtiment à Sadi Carnot, dans le même quartier. Leurs affaires ont été jetés à la rue, certain.e.s ont perdu leurs documents. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de communiquer avec la mairie, qui, selon les habitants, n’offre toujours pas de solutions concrètes et semble renvoyer la balle à la préfecture.

Face à une procédure juridique extrêmement rapide, ils craignent une nouvelle expulsion avant la fin de la trêve hivernale le 31 mars. Dans un communiqué, les habitants expliquent ce que leur fait subir la politique publique : « Aujourd’hui, nous voulons briser ce cercle qui est notre réalité depuis notre arrivée en France : expulsion, hôtel et mise à la rue qui nous plonge toujours plus dans la précarité. » Par crainte ils ont donc organisé un rassemblement mercredi pour dénoncer cette situation.

Le bâtiment squatté appartient aux bailleurs sociaux UNICIL syndiqués au Medef. Il est situé sur la fameuse rue de la République, une rue centrale dans la ville. Suite à la construction du tramway, plusieurs centaines de familles y vivant avaient reçu des avis de fin de bail. Finalement, de nombreux bâtiments avait été rachetés par un fond d’investissement en 2004 et une agence immobilière. En 2016, presque la moitié des immeubles de cette rue étaient inoccupés, selon des données divergentes de la Ville et de l’association Un Centre Ville Pour Tous. Les loyers ont augmenté : la rue est gentrifiée.

Benoît Payan est à la tête de la mairie de Marseille depuis 2020 , et son pseudo-engagement pour une ville d’accueil et solidaire ne semble pas mesurer l’urgence de crise du logement dans cette ville. En effet, le mal-logement est un problème chronique à Marseille et les personnes les plus marginalisées—notamment en exil—sont souvent les plus vulnérables aux effets de ce cercle vicieux. Face à des procédures d’asile extrêmement longues et décourageantes, et dans un contexte extrêmement hostile aux migrant.es, iels se retrouvent souvent sans solutions. Les squats deviennent alors un dernier recours, et ce malgré l’insalubrité de certains bâtiments. C’est le cas du Petit Séminaire, un squat où la ville a exigé une coupure d’électricité suite à un arrêté décrivant la dangerosité des branchements électriques dans le bâtiment. Le bailleur était contraint de réaliser des travaux sous 7 jours pour remédier le problème. Cela n’a pas été fait, et en décembre, Harry, un homme exilé du Nigéria, est retrouvé mort, asphyxié au dioxyde de carbone dans son lit.

Ces situations ne sont pas des cas isolés, la crise du logement s’est installée durablement depuis le quinquennat de Macron et s’est accentuée avec la pandémie. Payan et sa mairie avaient pourtant signé une nouvelle charte de relogement en novembre 2021, et avait parlé d’une « lutte contre l’habitat indigne. » Mais pour les habitants qui ont déjà vécu une expulsion violente et la mise à l’abri temporaire dans des hôtels, les mesures de la mairie ne sont pas à la hauteur de ses promesses. Légalement, la maire ne peut expulser sans réelle alternative, et les chambres hôtels, souvent trop petits, n’en sont pas une.

« Comment on peut donner une chambre d’hôtel pour une famille de 4 ? » demande une habitante. « Il n’ y a pas de cuisine. Comment sommes-nous censés cuisiner, nourrir nos enfants ? » Alors que la moitié des logements sur rue de la République restent inoccupés, il faut réquisitionner sans indemnité tous les logements vides et vacants !

 
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