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14 de mars de 2022 Twitter Faceboock

#SciencesPorcs
Violences patriarcales : une étudiante interpelle la direction de ScPo Toulouse à la remise de diplômes
Du Pain et des Roses

"On n’a rien à attendre d’une direction dont le rôle est de former la classe dirigeante et les Darmanin de demain". Lors de la cérémonie de remise des diplômes de Sciences Po Toulouse, Gabrielle, militante à Révolution Permanente et Du Pain et des Roses, a interpellé la direction sur sa responsabilité dans l’affaire #Sciencesporcs au nom des étudiantes de son master.

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Nous relayons le texte lu par Gabrielle, militante à RP et DPDR, lors de la remise des diplômes de Sciences Po Toulouse.

Je vais vous lire un texte qu’a rédigé l’une des étudiantes du master Politique Discriminations Genre, qui n’a pas pu être la ce soir. Il exprime ce qu’a été sciences po pour une partie des étudiantes qui, pour la plupart, ne sont pas là non plus ce soir. C’est pour elles que je vous le lis ce texte.

"Au sein du Master Politique Discriminations et Genre, nous avons pu observer les effets directs des intérêts de classe, les effets directs d’une élite qui ne cherche qu’à se reproduire, et englouti donc sur son passage, sa propre critique. Au sein du master, nous avons déjà pu penser : quel culot ! Quel culot d’étudier le genre, les structures d’oppressions sexistes et racistes ! Quel culot de nous dévoiler, en clair, le fonctionnement discriminant des IEPs ! Quel culot pour la direction, de créer ce master, d’outiller des étudiantes, de les doter d’un savoir à priori dépolitisé, sans penser qu’elles s’en serviront, matériellement, concrètement, pour mettre au jour l’incapacité, ou plutôt la volonté de cette même direction, de ne pas voir les violences sexuelles qui sévissent au sein de son école et qui broient une partie de son vivier.

Très vite, la direction nous a fait comprendre que Sciences po n’était pas là pour éduquer ou pour protéger ses étudiants et étudiantes. Parce que, qui peut raisonnablement étudier dans un environnement où fusent les propos sexistes, racistes, antisémites, les propos à connotation sexuelle, les humiliations, les agressions sexuelles et les viols ? Qui peut raisonnablement se rendre en amphithéâtre avec la peur de croiser son ou ses agresseurs ? Qui peut raisonnablement étudier, se forger un réseau professionnel, nouer des relations, tisser des liens, dans un lieu où règne une telle violence ? Qui ? Et bien…ceux qui ne sont pas à risque de subir de telles agressions. Les mêmes qui, en sortant de l’IEP, ne sont pas à risque d’être harcelés au travail, dénigrés, payés 16% de moins, ceux qui ne sont pas obligés de choisir entre un emploi ou l’humiliation, les mêmes qui n’étaient pas obligés de choisir entre aller à une soirée, ou rester en sécurité, aller en cours, ou rester en sécurité. La vérité, c’est que personne ne devrait avoir à choisir. 

Lire aussi : Un an après #SciencePorcs, les victimes de violences sexuelles toujours méprisées à l’IEP de Toulouse

Une étudiante qui signale des agissements de violence sexiste, ce n’est rien, deux non plus, trois, ça commence à se voir mais il est encore préférable de laver son linge sale en famille. Il aura fallu aux directions de chaque IEP, malgré des signalements, malgré des rumeurs, malgré des abandons d’étude, malgré des états de santé qui se dégradent, des centaines de signalements. Il aura fallu que le sol craque sous leur pied pour comprendre que l’inertie a un coût et que ce coût, jusqu’à aujourd’hui, les victimes, individuellement, l’ont payé pour vous, elles ont payé pour les violences et elles ont payé pour vos dégâts. Il aura fallu que votre cynisme soit révélé dans les médias, pour vous réveiller d’une anesthésie collective et comprendre, avec une lucidité toujours intéressée, que ne pas prendre en charge les violences sexuelles à l’université, dans un lieu où des jeunes viennent se construire, éloigné.es de leur proche, isolé.es, parfois mineur.es, parfois précaires, c’est faire de l’université un lieu de destruction massive où la classe dominante apprend non seulement les mécanismes d’organisation de sa propre impunité, mais se débarrasse également de la concurrence, vous en faites, in fine, un lieu exclusif par excellence.

Au sein du master, nous gardons un goût amer de ces années, pour certaines, il serait préférable de les oublier, pour d’autres, il est bien difficile de se remémorer avec enthousiasme ces moments d’apprentissage et de politisation quand ils sont à ce point entachés de mépris et d’injustice."

Lire aussi : #SciencesPorcs : les étudiant·e·s dénoncent l’omerta sur les violences sexistes et sexuelles

A cela, je souhaiterai rajouter mon soutien à toutes les victimes de violences sexistes, sexuelles, et racistes. A celles qui ont osé parler, à celles qui ont initié le mouvement #sciencesporcs, à celles qui sont encore murées dans le silence, à celles qui sont présentes dans la salle. On vous croit et on vous croira toujours. Aujourd’hui comme hier, nouvelle direction ou pas, on n’a rien à attendre d’une institution dont le rôle est de former la classe dirigeante et les Darmanin de demain !

Nous, on est la génération loi travail, 2016 on était là, les Gilets Jaunes on était la, le mouvement climat on était la, contre le racisme d’État et les violences policières on était la, contre le violence sexistes et sexuelles on était là ! Des semaines d’occupation, des heures et des heures d’assemblées générales : on est nombreuses et nombreux ici à avoir relevé la tête contre ce système pendant notre passage à Sciences po, et ça on peut en être fier.e.s. Big up a nous ! Force à la relève qui était en assemblée générale pas plus tard que lundi soir pour s’organiser contre les violences sexistes et sexuelles et contre la montée de l’extrême droite pour ce 8 mars ! Pas de justice, pas de paix !

 
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