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La Izquierda Diario
21 de avril de 2022 Twitter Faceboock

Casse de l’hôpital public
Hécatombe aux urgences du CHU de Bordeaux : selon Sud Santé la moitié du personnel serait sur le départ
Yann Causs

Suppression de lits, service en mode « dégradé » ou partiellement fermé … à quelques jours du scrutin de l’élection présidentielle dans lequel les candidats se targuent de leur plan pour l’hôpital public, la dégradation des conditions de travail au CHU de Bordeaux ne cesse de s’amplifier, les grèves et les départs massifs augmentent de plus belles.

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«  Dans quinze jours, je pars, on a fait tout ce que l’on a pu pour alerter et trouver des solutions, d’autres confrères partiront avant septembre  », voici ce qu’on pouvait lire ce jeudi matin dans les colonnes de Sud-Ouest. Un constat hallucinant qui démontre toute la gravité de la situation dans le deuxième CHU de France, selon Sud santé : « la moitié des urgentistes s’apprêtent à partir » progressivement avant l’été…

Ces départs ne sont pas le résultat du hasard et d’un aléa de circonstance, tout au contraire, ce sont les conséquences directes des conditions de travail qui ne cessent de se détériorer. Des chiffres donnés par France 3 ce jeudi encore permettent de saisir encore plus l’ampleur du phénomène : «  Au cours de l’année 2021, sur un effectif global de 15 000 personnes (dont 1.500 médecins et 8.000 soignants), près de 380 aides-soignants, assistants de puériculture sont partis et 520 infirmiers. Soit un total de 900 personnes, contrairement à 780 départs en moyenne chaque année.  ».

Pourtant comme le rappelle Gilbert Moudens de Sud Santé à Sud-Ouest : «  en dix ans, le nombre de patients accueillis aux urgences du CHU a progressé de 40%, mais pas le personnel.  » Des chiffres exorbitants, qui se combinent aux « 700 lits qui, au total, ont dû fermer pour que le directeur puisse donner des congés de printemps  » selon France 3.

L’impact de ce manque de personnel est dramatique, alors qu’il y a une semaine, la salle de réveil du bloc des urgences adultes a dû être fermée faute de personnel, le CHU de Bordeaux demandait déjà le premier week-end du mois d’avril « d’éviter les urgences » totalement débordé. Une saturation qui n’est pas nouvelle mais qui pousse aujourd’hui les services d’urgences au bord de l’implosion et le personnel à fuir ses conditions de travail infernal.

Une seconde situation marquante est celle des urgences pédiatriques de l’hôpital Pellegrin. Le service, pourtant rénové entièrement et inaugurées récemment avec une extension de 10 000 m², est aussi en manque d’effectif qui se retrouve à courir partout dans ces immenses locaux. Comme le rapporte Sud-Ouest, même pas un mois après l’ouverture du nouveau complexe, une alerte « dysfonctionnement » est envoyé à la direction du CHU. La situation s’est très vite tendue : « à 20h45, 45 enfants sont en attente d’être pris en charge par les équipes médicales, flux continu d’arrivées, vers 21h 30, un médecin annonce sept à huit heures d’attente pour le cas le moins urgent, 19 enfants partis sans soins, sans avoir vu le médecin… ». Ainsi, les urgences pédiatriques rentrent à leur tour ce jeudi 21 avril en grève pour plus de personnel, des congés ou encore la réouverture de lit.

Depuis deux ans le personnel hospitalier est en première ligne de la crise sanitaire qui n’a fait qu’accentuer la destruction des conditions de travail provoqué par les politiques néolibérales successives. Si cette semaine le CHU de Bordeaux a lancé « une opération séduction » pour recruter de nouveau soignant, ce n’est pas une simple campagne de communication qui va mettre fin à l’hécatombe dans les hôpitaux de France.

Les responsables de cette situation, sont les mêmes qui tentent dans le contexte de l’élection présidentielle de se refaire une santé. C’est le cas notamment d’Emmanuel Macron, qui lors du débat de l’entre-deux tours, malgré les « gratitudes » répétés envers les soignants ne peut être crédible sur ses promesses « d’améliorer les conditions de travail dans les hôpitaux ».

Son bilan est catastrophique, avec 16.900 lits supprimés depuis 2017, dont 5.700 rien qu’en 2020 en pleine crise sanitaire, des soignants en sacs poubelles en guise de blouse, des déprogrammations d’opérations et des tries de patient suite à la gestion catastrophique de la pandémie du gouvernement, le ségur où les revalorisations ne sont pas à la hauteur de l’inflation et ne concernent pas l’ensemble des travailleurs de la santé, la démultiplication des burn-out et démissions : un quinquennat marqué au fer rouge – et la matraque des CRS - pour les travailleurs des hôpitaux.

Ceux qui font aujourd’hui des grandes promesses pour les cinq ans à venir sont les mêmes qui ont détruit l’hôpital ces dernières années. La réponse à cette situation doit être à la hauteur de la gravité de la situation. Il est donc important de construire dès maintenant la mobilisation, de coordonner et étendre la colère dans les services hospitaliers derrière un programme qui donne envie de se battre. Comme l’affirmait au dernier congrès de la CGT santé, Marie-Laure Charchar, secrétaire général de la CGT blanchisserie du CHU de Bordeaux et militante à Révolution Permanente, « il est urgent de mettre en place un vrai plan d’action capable d’imposer dans la rue le rapport de force nécessaire  »

 
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