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La Izquierda Diario
26 de avril de 2022 Twitter Faceboock

Droit à l’avortement
Pologne. Les réfugiées ukrainiennes victimes de viol interdites d’avorter
Tatiana Magnani

La Pologne est l’un des pays les plus restrictifs en matière d’avortement, interdisant aujourd’hui la quasi-totalité des avortements. Dans ce pays qui accueille plus de la moitié des exilé•e•s ukrainien•e•s, les réfugié•e•s se confrontent à la récente loi anti-IVG, mettant la lumière sur la question des droits reproductifs en Pologne mais aussi sur les exactions de la guerre, qui frappent principalement les femmes.

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Depuis plusieurs années, la Pologne, sous le gouvernement de la droite conservatrice, durcit ses lois en matière d’avortement. En janvier 2021, la Cour Constitutionnelle bafouait les droits des femmes en interdisant l’avortement en cas de malformation congénitale du fœtus, ce qui revenait à interdire la quasi-totalité des avortements puisque 98 % des avortements légaux pratiqués en 2019 s’inscrivaient dans ce cas.

À ce jour, l’avortement n’est légal qu’en cas de viol, inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger. Cette dernière modalité n’a pas empêché la mort d’Izabel, une polonaise auprès de laquelle les médecins ont refusé d’intervenir, attendant que le fœtus meure par peur de poursuites pénales.

Aujourd’hui, la situation de nombreuses réfugiées ukrainiennes vient réactualiser cette terrible situation, confrontées à la loi anti-IVG en vigueur en Pologne. Des associations qui aident les femmes à avoir accès à l’avortement racontent les nombreux appels qu’elles reçoivent quotidiennement depuis le début de la guerre.

La plupart de ces femmes qui souhaitent avoir accès à l’IVG ont subi des violences sexuelles de la part de l’armée russe ou des hommes qui les ont logées. D’après la loi, l’accès à l’avortement en cas de viol est encore légal. Or dans la pratique, il est quasiment impossible d’y parvenir pour ces raisons puisqu’il faut en premier lieu reporter le viol à la police, se soumettre à une enquête pour ensuite pouvoir avoir accès aux services d’avortement. De ce fait, c’est à l’État de décider des droits reproductifs de femmes qui ont été victimes de violences.

Justyna Wydrzynska, militante d’Avortement sans frontières, une coalition des plusieurs ONG polonaises et internationales, raconte : « Les volontaires s’étant rendus à Boutcha disent que les femmes qui y ont été violées ont peur de venir en Pologne. Elles connaissent nos lois et elles les craignent. Elles cherchent plutôt à se débrouiller en Ukraine, dans un pays encore dévasté par la guerre ».

Les associations, en contact avec les réseaux militants, organisent une contraception d’urgence pour mettre à disposition des femmes des pilules du lendemain, notamment près de la frontière ukrainienne. Mais en Pologne, cette dernière ne s’obtient pas facilement et les personnes qui aident à avorter peuvent encourir jusqu’à trois ans de prison. « Nous prenons de gros risques. En Pologne, la pilule du lendemain ne s’obtient que sur ordonnance. Or il est presque impossible aux réfugiées ukrainiennes de s’en faire délivrer », témoigne un gynécologue qui travaille avec des volontaires pour distribuer les pilules.

Comme nous l’avions traité dans cet article, les violences sexuelles au sein des guerres sont loin d’être un cas isolé ou une spécificité de l’armée russe, mais sont au contraire des tactiques militaires utilisées pour terroriser et asservir une population et doivent être condamné avec la plus grande fermeté.

Face aux horreurs de la guerre, dont les femmes subissent les pires conséquences, il est nécessaire de penser une politique féministe qui soit résolument anti-guerre et qui se solidarise avec les femmes ukrainiennes qui dénoncent les viols et violences sexuelles comme partie intégrante de l’opération militaire. Encore en 2020, un mouvement historique s’est élevé contre la loi de restriction de l’IVG en Pologne, se confrontant à son régisseur qui n’est autre que le parti majoritaire, le PiS (Parti Droit et Justice), mais aussi à l’Église. C’est cette voie, celle des mobilisations, qu’il faut suivre et étendre pour rompre avec ces politiques réactionnaires qui, en plus d’empêcher les femmes de décider ou non de donner la vie, font le jeu des violences sexistes et sexuelles.

 
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