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La Izquierda Diario
16 de mai de 2022 Twitter Faceboock

La transphobie tue
Suicide d’un lycéen trans au Mans : luttons contre la transphobie et la détresse des personnes LGBTI+ !
Silas Perrin

La détresse systémique des jeunes LGBTI+ engendre encore une fois la mort d’un de nos adelphes. Face aux violences LGBTI-phobes et à la complicité du gouvernement, mobilisons-nous, car à l’école comme partout, la transphobie tue !

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Vendredi dernier, un élève trans s’est suicidé au lycée Bellevue du Mans pendant l’intercours de 10 heures. Un suicide qui, malheureusement, en évoque d’autres, reflets des souffrances que peuvent subir les personnes trans du fait de la transphobie, ainsi que de l’incapacité de l’institution scolaire à lutter contre les violences transphobes. Nos pensées vont à sa famille et ses proches.

Un suicide lié au milieu scolaire qui n’est pas un cas isolé

Après ce drame, des élèves du lycée ont témoigné auprès de France 3 et de Têtu de la situation de leur ami, qui leur avait déjà fait part de sa transidentité. Ses parents n’avaient pas encore été mis au courant, bien qu’un coming-out était prévu. Les amis de l’élève parlent de tensions familiales, mais disent n’avoir aucune idée de son niveau de détresse.

Pour la communauté LGBT+, ce suicide rappelle douloureusement les conséquences de la transphobie et les décès liés au mal-être qu’elle engendre. Un mal-être qui, loin d’être individuel, revêt une dimension systémique. En ce sens, on pense notamment à Fouad, lycéenne trans qui a mis fin à ses jours en décembre 2020. Venue en jupe au lycée, celle-ci avait été convoquée par la CPE et renvoyée chez elle avec l’interdiction de porter ce vêtement.

On pense aussi à Dinah, une jeune adolescente lesbienne de 14 ans. À Kingersheim, (près de Mulhouse) cette collégienne fait son coming-out à ses amis, avant de se faire harceler pendant deux ans en se faisant traiter de « sale lesbienne » et de « sale arabe ». Cette élève a été découverte pendue dans sa chambre par ses parents en octobre dernier.

Plus généralement, la situation des jeunes LGBT+ est terrible. Le rapport de « Santé LGBTI » de 2018 confirme ce malaise : « Au collège, 73 % des élèves LGBTI ont ressenti des difficultés scolaires ou relationnelles, et au lycée ce taux est de 57 %. Il s’élève à 82 % en ce qui concerne les élèves trans ! ». Selon une étude suisse de 2014 : « la période du coming out (entre 14 et 17 ans) est celle où le risque suicidaire est le plus élevé, particulièrement le moment de la première annonce à l’entourage ». Malgré ce constat, rien n’est fait de la part du ministère de l’Education nationale, où Blanquer a préféré depuis 5 ans alimenter les pires polémiques réactionnaires en s’inscrivant dans la lutte contre un prétendu « wokisme ».

Des mesures institutionnelles pour lutter contre les violences qui ne sont que de la poudre aux yeux

La circulaire Blanquer sortie en septembre dernier illustre parfaitement l’hypocrisie de l’Etat, qui se prétend progressiste tout en limitant les droits des personnes. La circulaire du ministère de l’Education nationale ne permet pas plus d’indépendance et plus d’autodétermination aux personnes trans, mais au contraire encadre toujours plus nos identités et nos droits par la famille.

Si les élèves trans sont désormais pris en compte par l’institution - ce qui pourrait sembler être une avancée dans l’Education nationale - la reconnaissance de l’identité de genre des élèves trans est conditionnée à l’accord des deux parents. Une condition qui constitue un recul par rapport à ce qui pouvait exister auparavant, dans la mesure où le fait d’utiliser le pronom et le prénom déterminé par l’élève pouvait se négocier avec l’administration et le personnel du lycée au niveau informel. Quand on sait que sur les 160 cas de transphobie rapportés à SOS-Homophobie, le rejet par le milieu familial concernait 1 cas sur 5, le caractère de ces mesures apparaît clair. Dans le pire des cas, elles pourraient provoquer des coming-outs forcés qui peuvent mettre en danger l’enfant concerné·e.

Par ailleurs, si l’Etat est parfois contraint à mettre en place des instruments et à se donner un vernis progressiste, les mesures institutionnelles censées lutter contre les violences et les discriminations restent largement superficielles et ne reçoivent jamais les moyens suffisants pour pouvoir prendre en charge les personnes victimes. La création, il y a dix ans, d’une Délégation interministérielle de lutte contre la violence, n’a pas changé grand-chose, pas plus que la mise en place d’un nouvel observatoire des LGBTphobies au sein du rectorat de Paris, ou encore et la diffusion d’un vademecum pour défendre les droits des personnes trans par la DILCRAH. Au final, les résultats concrets reviennent majoritairement à établir des fiches pratiques sur les droits des LGBT+, à créer des numéros verts, ou à combattre les LBGTI-phobies en mettant des affiches.

Nous n’avons rien à attendre de l’Etat, c’est par la lutte que nous arrachons nos droits !

Il est clair que toutes ces « solutions » sont complètement illusoires au vu des adelphes LGBT+ qui continuent à mourir des violences LGBTI-phobes, que ce soit dans le milieu scolaire, social ou familial. Pour pouvoir véritablement les aider, il s’agirait de leur donner un véritable accès au soin, qui ne dépende pas de leur situation et du bon vouloir de l’Etat et des professionnels de santé, mais aussi la possibilité de fuir un environnement violent en leur fournissant gratuitement un logement sûr, tout en leur donnant un revenu qui soit suffisant pour pouvoir vivre. Autant de mesures que ne mettra jamais en place un Etat dont la priorité est, avant tout, de garantir le bien-être de « l’économie », au détriment, s’il le faut, de la vie.

Ce samedi 14 mai, le rassemblement organisé par l’ExisTransInter, qui vise chaque année à visibiliser et à dénoncer « la transphobie, la transmisogynie et l’intersexophobie en tant qu’oppressions systémiques et institutionnelles » a ainsi été l’occasion de rendre hommage à toutes les victimes de la transphobie, tout en dénonçant les discriminations et les violences systémiques que subissent les personnes queer.

L’expérience a montré que, pour faire reconnaître les droits et mettre fin aux violences que subissent les minorités de genre, il n’y a rien à attendre d’institutions et de gouvernement qui, au pire, répriment, et, au mieux, ne font qu’instrumentaliser nos luttes. A l’international et depuis que les personnes LGBTI+ se battent pour exiger leur droit à l’existence et font entendre leurs revendications, les différents États ont maintes fois montré que leur intérêt est dans le maintien de l’ordre patriarcal et dans la répression de nos luttes. Ce n’est donc pas de la bonne volonté du gouvernement que nous devons attendre la fin des mutilations des enfants intersexes, l’avancement des droits reproductifs ou la fin des thérapies de conversion. La transphobie qui tue et qui réprime nos frères et nos sœurs est une transphobie d’État, et c’est par la rue et les luttes, en alliance avec le mouvement ouvrier et l’ensemble des exploités et opprimés, que nous imposerons nos revendications !

 
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