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La Izquierda Diario
19 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Précarisation
375.000 pertes d’allocations, retards graves. La réforme des APL frappe durement les classes populaires
Joshua Cohn

Les retards s’accumulent dans certaines CAF, notamment celles des départements les plus peuplés. En cause, la réforme des APL entrée en vigueur le 1er janvier 2021 qui en plus d’avoir permis au gouvernement d’économiser 1,1 milliard d’euros de prestations en 2021, a placé les allocataires et les agents des CAF face à des difficultés informatiques retardant les versements. Sans surprise, les économies sur les allocations et les salaires dégradent le service rendu et les conditions de travail dans les CAF.

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Les témoignages se multiplient sur les retards de versement d’allocations sociales et notamment des APL. Entre interrogation et énervement, une partie de la population est en attente parfois de plusieurs mois, du traitement de leur dossiers.

Interrogé par Le Parisien, Nicolas Grivel, le directeur général de la CNAF (Caisse nationale des allocations familiales), se veut rassurant : au niveau national et toute prestations confondues, il ne faudrait que 17 jours ouvrables pour percevoir une prestation en France. Cette moyenne cache mal de fortes inégalités territoriales selon la population du département couvert par les CAF. Ainsi, tandis que de la CAF de Seine-Saint-Denis, plus d’1,6 million d’habitants, traite des demandes datant de fin décembre 2021, celle de l’Eure, département 3 fois moins peuplé, répond à celles de début avril. Une discrimination insupportable.

La cause principale de ces retards serait à chercher dans la réforme des APL entrée en vigueur le 1er janvier 2021 qui prévoit désormais l’évaluation des droits à cette allocation au titre des revenus de l’année en cours et non plus sur la base des revenus de l’année N-2 (la « contemporanéisation » dans le jargon). En plus d’avoir permis d’économiser 1,1 milliard d’euros en 2021 grâce à la perte de l’allocation par 374 000 personnes et sa diminution pour 1,375 million d’autres, cette nouvelle méthode de calcul des droits exige désormais des allocataires qu’ils actualisent leur situation tous les 3 mois pour faire évoluer le cas échéant le montant de leur prestation.

Erwan Benoit, délégué syndical CFDT de la CAF de Loire-Atlantique, également sollicité par Le Parisien explique : «  Il y a eu pas mal de bugs, en particulier lors du premier trimestre 2021. Et les améliorations apportées depuis au système ici ou là ne suffisent pas à réduire le nombre de dossiers d’allocataires en souffrance  ».

Thierry Faivre, secrétaire national de la branche famille du syndicat national Force ouvrière des cadres des organismes sociaux (SNFOCOS), rapporte au quotidien l’impact de ces dysfonctionnements sur le travail des agents : « Tous les jours, ils sont encore embêtés par des ralentissements, des blocages du système d’information. Surtout, ils sont face à un outil et à ses résultats en lesquels ils ont un peu perdu confiance ». Des journées de grève ont déjà été organisées pour dénoncer les conditions de travail et la réduction du personnel. Le secrétaire national poursuit : « Avec la convention d’objectif et de moyens 2018-2022, on n’a remplacé qu’un départ à la retraite sur cinq  ». Une véritable casse des services qui viennent alimenter les dysfonctionnements.

À la CAF, comme à l’hôpital et dans l’Éducation nationale, les économies des gouvernements successifs dégradent le service rendu à la population et détériorent les conditions de travail des agents qui doivent en faire toujours plus avec toujours moins de personnel et de moyens. Pour la population, alors que l’inflation pèse lourdement sur de nombreux foyers, ces retards ouvrent des situations parfois grave et l’attente des versements se fait le ventre noué. Le nouveau quinquennat n’annonce évidemment rien de mieux, Macron envisage même de s’attaquer cette fois-ci au RSA, comme si la précarité ambiante ne causait pas assez de souffrance. Sur ce terrain comme les autres il faudra se battre pour défendre ces minima sociaux, mais aussi pour arracher des droits plus importants, des embauches, de meilleur salaire, des logements moins chère …

 
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