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La Izquierda Diario
30 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Face au risque d’explosions...
Stade de France : un fiasco de plus pour un gouvernement déjà à la défensive
Paul Morao

Après l’affaire Abad, la gestion catastrophique et ultra-répressive de la finale de la Ligue des Champions ce samedi vient s’ajouter à la liste des scandales qui frappent le récent gouvernement. L’affaire vient mettre la macronie encore un peu plus à la défensive à deux semaines des législatives, alors que la colère sociale est bien présente sur fond de spirale inflationniste et d’augmentation du coût de la vie.

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Le scandale de la gestion chaotique de la finale de la Ligue des Champions n’en finit pas d’enfler. Depuis samedi, l’évènement fait la une de la presse internationale et les images du chaos autour du stade affluent, comme les témoignages de supporters et de journalistes gazés et empêchés d’assister à la rencontre. Tous dénoncent d’une même voix la gestion catastrophique de l’évènement et la répression policière.

La stratégie du mensonge

Un scandale qui frappe le nouveau gouvernement, et face auquel celui-ci a à nouveau choisi la stratégie du mensonge ouvert. Ce lundi soir, invité du JT de TF1, Gérald Darmanin a réitéré face à Gilles Bouleau les éléments de langage défendus par le gouvernement depuis dimanche : le désastre serait lié à la vente de « 30 à 40.000 faux billets ». Une fraude historique et inédite qui aurait semé le chaos. Pour appuyer son propos, le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs brandi deux tickets à la face des téléspectateurs, l’un censé être faux.

Une mise en scène aussi ridicule qu’elle est peu crédible. Car, depuis dimanche, tout va dans le sens inverse de l’argumentaire du gouvernement, qui tente de se dédouaner. A commencer par la presse internationale et anglaise, qui goûtent peu les mensonges de Darmanin. Présent aux abords du stade, le journaliste Kaveh Solhekol expliquait ce lundi sur Sky Sport « Ils ont d’abord accusé les supporters de Liverpool, et maintenant ils accusent les « faux billets ». Il y avait surement des faux billets, mais je n’ai rien vu qui laissait penser à une opération de fraude massive, industrielle. Personne n’est venu me voir en se plaignant d’avoir acheté de faux billets, les supporters venaient me voir en se plaignant d’être gazés, écrasés et traités comme des animaux par la police ! » Un constat partagé par nombre de journalistes étrangers.

De son côté, Mediapart révélait ce lundi soir les déclarations de sources internes au Ministère de l’Intérieur qui pointent à leur tour les mensonges de Darmanin. L’une d’elle explique : « Il n’y a pas eu la moitié du stade, puisque c’est de cela qu’on parle, 40 000 personnes, amassées sans billets ou avec de faux billets aux abords du stade. Après l’organisation chaotique du préfet, il y a une deuxième humiliation qui est celle du mensonge. » Des évidences face auxquelles l’Etat reste ferme sur ses déclarations, poussant même le vice jusqu’à porter plainte pour « fraude massive aux faux billets »…

Le gouvernement à la défensive avant les législatives

Alors que le gouvernement britannique a demandé à l’UEFA une enquête officielle sur les évènements, le scandale de la finale de la Ligue des Champions vient s’ajouter aux difficultés qui frappent le nouveau gouvernement. A ce titre, la stratégie du mensonge adoptée pour l’occasion ne peut que rappeler la gestion de « l’affaire Abad », Elisabeth Borne affirmant ne pas « être au courant » des accusations de viols visant le député de façon totalement invraisemblable..

Des mensonges qui cherchent à donner l’illusion d’une maîtrise sur une situation qui semble, en réalité, plus que jamais échapper au gouvernement. Depuis sa réélection, Emmanuel Macron navigue en effet à vue, et sur un océan très agité. Après avoir mis des semaines à nommer Elisabeth Borne, la macronie tente de se frayer un chemin jusqu’aux législatives, en essayant de se couvrir sur sa gauche face à la progression de NUPES mais surtout d’une colère sociale rampante, potentiellement explosive sur fond de progression de l’inflation. Pour cela, elle n’a pas hésité la semaine dernière à mettre sous le tapis temporairement sa réforme des retraites et à donner des gages sur le terrain du pouvoir d’achat en avançant son projet de loi.

Pire, alors que les affaires Abad et Ligue des Champions sont loin d’être éteintes, un nouveau revers pourrait frapper le gouvernement autour des hôpitaux. Ces dernières semaines, des fermetures de services, des mobilisations d’hospitaliers et d’usagers ainsi qu’un appel à la grève prévu pour le 7 juin ont remis sur le devant de la scène la question de la santé, dont la situation très difficile pourrait s’avérer à nouveau catastrophique cet été.. Dans le même temps, les salariés d’une quinzaine d’établissements d’Orpéa, en première ligne de la crise sanitaire, sont en grève face aux provocations de la direction qui refusent de verser la prime d’intéressement alors que l’entreprise a fait des bénéfices records.

Dans ce cadre, le gouvernement a dû opérer un nouveau revirement, Elisabeth Borne annonçant vendredi dernier faire de la santé une de ses urgences alors que le sujet était peu abordé ces dernières semaines. Signe du niveau de crise, Macron annonçait ce lundi après-midi qu’il se rendrait ce mardi à l’hôpital de Cherbourg pour une visite dédiée à la question des « soins d’urgence ».

Une volonté de donner l’impression de reprendre l’initiative qui cache très mal les difficultés à s’orienter dans la situation. Mise sous pression par la situation économique et sociale qui lui impose de revoir intégralement son agenda, ces difficultés sont accentués par les difficultés sur le plan politique alors qu’il est pris en étau par opposition de gauche unifiée qui devrait se renforcer de façon importante à l’Assemblée et une droite qui met la pression sur la question des contre-réformes et agite le spectre de « l’immobilisme », l’exercice d’équilibriste est loin d’être aisé.

Seul atout pour le gouvernement : l’attitude des directions syndicales qui se prêtent au jeu du « dialogue social » et restent l’arme au pied. Conscient de sa faible base sociale, le gouvernement cherche à redonner vigueur à ces « corps intermédiaires » pour canaliser la colère sociale, alors que se poursuivent les grèves locales qui restent pour l’heure isolées. De quoi désarmer pour le moment la colère qui s’exprime à la base, qu’il s’agirait de faire converger au moyen d’un plan de bataille général.

Au de l’instabilité économique et sociale, il n’est cependant pas exclu que cette colère finisse par s’exprimer de façon convulsive tant l’inflation et la crise économique, vouées à s’intensifier, sont porteuses d’explosions sociales d’ampleur.

 
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