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La Izquierda Diario
9 de juin de 2022 Twitter Faceboock

Appel à la grève jeudi prochain
« Ils nous ont mis des coups de couteaux dans le dos » : les salariés de Roissy en colère avant la grève
Arthur Nicola

A l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, une grève historique se prépare ce jeudi pour une augmentation de 300€ de tous les agents dans pas moins de 800 entreprises. Retour d’une tournée dans l’aéroport aux côtés de militants syndicaux de l’UL CGT, à la rencontre des salariés.

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Crédits photo : Blog de la CGT ADP

Les syndicalistes de l’union locale de la CGT nous donnent rendez-vous à 7h sur un des parkings de l’immense aéroport parisien. Au programme de la matinée : diffusions de tracts et rencontres avec les salariés pour les convaincre de se mettre en grève ce jeudi. Dans l’équipe de syndicalistes, des salariés d’Aéroport de Paris, mais aussi de sous-traitants de l’immense plateforme aéroportuaire qui compte entre 90 000 et 100 000 salariés : qu’ils soient de Transdev, d’entreprises de nettoyage ou de sécurité, tous sont au pied d’œuvre pour que la grève du jeudi 9 juin soit une réussite. En jeu : organiser une grève massive pour obtenir une augmentation générale du salaire de base de 300€, toutes entreprises confondues. Le mouvement, qui s’annonce important, regroupe une intersyndicale large (CGT, Force Ouvrière, CFE CGC, CFDT, Unsa, CFTC et Sud-Aérien) mais a surtout un caractère exceptionnel de par son appel inter-entreprise : les salariés de 800 entreprises sont en effet appelés à faire grève.

Dans leur tournée, les syndicalistes n’oublient personne : tous les salariés du nettoyage et de la sécurité que l’équipe croise sont autant de discussions pour convaincre les premiers de se mettre en grève jeudi. Entre deux coups de balais, un salarié d’Atalian, une société de nettoyage, écoute l’argumentaire des syndicalistes. Et s’il acquiesce aux arguments et aux revendications qui lui sont donnés, il n’est pas encore sûr de se mettre en grève « chaque mois on est à découvert, donc perdre des jours de paye, ce n’est pas facile ». Pas de quoi décourager un membre de l’union locale, qui lui demande de réfléchir et d’en parler à ses collègues. Il faut dire que la conjoncture économique fait qu’après les vagues successives de licenciements durant le confinement beaucoup de salariés viennent d’être embauchés, et sont encore en période d’essai.

La petite équipe a plus de réussite deux étages plus bas : un salarié d’une des nombreuses boutiques confirme sa présence jeudi, et donne des conseils sur qui aller convaincre. A une salariée expliquant « on n’a pas du tout de syndicats, même pas de délégués du personnel  », on propose cette fois à la salariée de venir à l’UL pour voir comment créer un syndicat et s’organiser. Il faut dire que le patronat de Roissy, d’autant plus dans la sous-traitance, fait tout pour empêcher les syndicats de naître. Un salarié de WFS Geodis (fret aérien), explique que dans son entreprise, il n’y a même pas de syndicat. Une situation connue de Makam, qui défend tous les jours des salariés de l’aéroport : « c’est une boîte où ils font des élections professionnelles sans même que les salariés ne soient au courant  » nous explique-t-il.

Le tour de l’aéroport finit devant le centre où les autorités délivrent les badges pour les salariés, lesquels attendent parfois des heures. Un salarié d’Aéroport de Paris nous confie qu’il se mettra en grève pour la première fois : « je n’ai jamais fait grève de ma vie et aujourd’hui je me sens abandonné. Tout le monde est dégoûté de la loi PACT : il y a des collègues, cela fait 20 ans qui sont là, et ils sont redescendu au SMIC ». En effet, en juin 2021, la direction d’AdP a fait adopter un « plan d’adaptation des contrats de travail », supprimant de nombreuses primes : « ils nous ont enlevé les indemnités de nuit, dénonce le salarié. Tous le monde était prêt à faire des efforts, et après le confinement, alors que cela repartait, ils nous ont mis des coups de couteaux dans le dos. Je n’ai jamais refusé le travail, mais ils font des économies de bout de chandelle sur notre dos, ça suffit » conclue, amer, le salarié, qui sera en grève jeudi, comme beaucoup de ses collègues d’Aéroports de Paris, entreprise dans laquelle le mouvement devrait être très important.

 
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