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La Izquierda Diario
9 de juin de 2022 Twitter Faceboock

Escalade militariste
Espagne. Le gouvernement de gauche envoie des tanks en Ukraine soutenu par la droite allemande

Le gouvernement PS-Podemos est sur le point d’envoyer une demande au chancelier allemand Olaf Scholz pour fournir des chars Leopard 2 de fabrication allemande à l’Ukraine. Si cela se confirme, il s’agirait du septième envoi d’armement de l’État espagnol vers le front, mais cette fois de matériel lourd. Une énorme hypocrisie militariste camouflée en "défense de la paix", menée par un gouvernement qui s’autoproclame « progressiste ».

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Escalade militariste : le gouvernement espagnol veut fournir des chars ultramodernes à l’Ukraine 

Le gouvernement de l’État espagnol serait sur le point de faire un véritable tournant sur le plan de l’envoi d’armement à l’Ukraine. Selon le quotidien El País, alors qu’il a jusqu’à présent livré des munitions, équipements de protection individuelle et des armes dites « légères », le « socialiste » Sánchez a l’intention de fournir à l’Ukraine des chars de combat Leopard 2, un matériel militaire à la pointe de la technologie, en plus de missiles anti-aériens Shorad Aspide. De fabrication allemande, ces chars sont soumis à une clause d’utilisation finale limitant la capacité du gouvernement espagnol à les transférer vers d’autres territoires. L’offre d’un tel envoi aurait été faite le 21 avril, lorsque Sánchez a rencontré Zelensky à Kiev.

L’opération nécessitant l’autorisation du gouvernement allemand pour leur expédition, le chancelier Olaf Scholz a déclaré ce week-end qu’aucune demande officielle n’avait encore été reçue. Lundi, cependant, l’intention du gouvernement espagnol d’envoyer le matériel a été confirmée. S’il est approuvé, le gouvernement Sánchez serait l’un des premiers à envoyer des chars ultra-modernes dans la lutte entre les armées ukrainienne et russe après les chars Gepar allemands moins perfectionnés. Cela place le gouvernement espagnol à l’avant-garde de l’hypocrisie de l’Union européenne, qui tient des discours de paix tout en s’armant jusqu’aux dents et en envoyant des armes à l’Ukraine.

Bien que le chancelier allemand du Parti social-démocrate (SPD) n’ait pas encore donné son feu vert, celui-ci serait imminent et bénéficie du soutien tant de ses partenaires gouvernementaux du Parti libéral (FPD) que de la droite et de l’extrême droite. L’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel, a rejeté les réticences de la chancelière comme un abandon de l’Ukraine et a déclaré que « la gravité de la situation a été plus clairement reconnue à Madrid qu’à Berlin, une prise de conscience dévastatrice ».

Il est frappant de constater que la politique phare du gouvernement autoproclamé « le plus progressiste de l’Histoire », face à la guerre en Ukraine, qui consiste à envoyer des armes, est si étroitement alignée aux demandes de la droite et de l’extrême droite européennes. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, il est devenu évident que les gouvernements de droite et les gouvernements prétendument progressistes se font les champions d’une politique impérialiste et belliciste, qui, sous le discours de la "défense des valeurs européennes", augmente considérablement leur budget de défense. C’est le cas de l’État allemand lui-même, qui a augmenté son budget militaire de manière inédite depuis la Seconde Guerre mondiale : 103 milliards en plus des 50 déjà votés.

À l’aune de la guerre et du réarmement impérialiste, le gouvernement espagnol « progressiste » toujours plus à droite

Comme nous l’avons noté, ce discours n’est pas exclusif à la droite et à l’extrême droite : dans toute l’Union européenne, une politique de réarmement impérialiste a lieu, ainsi que des livraisons d’armes à l’Ukraine, sous un faux discours pacifiste. Plus précisément, le sixième envoi d’armes depuis l’Espagne, qui a eu lieu, en avril, le même jour que la rencontre entre Sánchez et Zelenski, a doublé tous les envois précédents réunis.

Bien qu’il y ait eu jusqu’à présent un accord informel entre les membres de l’OTAN pour ne pas fournir d’armes lourdes à l’Ukraine, le chef adjoint du groupe parlementaire de la CDU a insisté sur le fait que « l’Allemagne abandonne l’Ukraine chaque jour où des armes lourdes n’y arrivent pas » et s’est aligné sur le gouvernement de Sánchez : « Si l’Espagne veut livrer les Leopard 2, le gouvernement allemand doit le permettre rapidement », sous prétexte que l’Ukraine risque de perdre le Donbass.

Le ministère de la défense de Margarita Robles, proche du PSOE aurait proposé à l’Ukraine de former ses militaires en Lettonie à l’utilisation des équipements envoyés. C’est une preuve supplémentaire que le déploiement de troupes en Europe de l’Est n’est pas seulement un acte "défensif", mais un moyen de prolonger la guerre. Rien qu’en Lettonie, l’armée espagnole déploie actuellement un demi-millier de soldats, avec six chars Leopard.

De son côté, Podemos continue de montrer une droitisation de son discours, s’alignant quasiment entièrement sur les décisions de Sánchez. « Notre position critique à un moment donné n’est pas incompatible avec la participation institutionnelle à ces événements » : c’est avec ces mots que Jaume Asens, président du groupe parlementaire d’Unidas Podemos au Congrès des députés, a justifié la possible participation de Podemos au prochain sommet de l’OTAN qui se tiendra à Madrid fin juin.

Nouvelle expression de la droitisation de la coalition PSOE-Podemos à la tête de l’État espagnol, pourtant autoproclamé « gouvernement le plus progressiste de l’histoire », Podemos adhère pleinement à cet agenda impérialiste.

Malgré les quelques divergences exprimées au sein de la coalition, le fait que l’État espagnol joue les hôtes de l’OTAN n’est pas anodin. En effet, Podemos joue les postures contestataires en boudant lundi 30 mai les célébrations du 40ème anniversaire de l’entrée de l’Espagne dans l’OTAN. Mais les positions exprimées par le président de leur groupe parlementaire, qui a ajouté « respecter ces événements » montre une nouvelle fois les pirouettes des discours de Podemos. C’est notamment pour tenter d’éluder la responsabilité des politiques du gouvernement impérialiste espagnol auquel il participe, et que son groupe parlementaire soutient. Une position contradictoire qui amène Podemos à participer au Sommet de l’OTAN, et en même temps, au Contre-Sommet pour la Paix, alternative lancée par diverses organisations sociales et politiques : un cynisme sans nom pour chercher à apparaître comme une opposition crédible et en même temps montrer patte blanche à ses alliés dans l’État impérialiste espagnol qu’il co-gouverne.

Sommet de l’OTAN à Madrid en juin : à bas le militarisme impérialiste !

Cet énième envoi d’armement s’inscrit dans le tournant géopolitique mondial du renforcement de l’impérialisme américain et européen, non sans quelques fissures. Le sommet de l’OTAN, qui constitue la plus grande alliance impérialiste du monde, est convoqué à Madrid les 29 et 30 juin, pour discuter de son nouveau « concept stratégique », au moment où se confirme l’antagonisme croissant contre la Chine, et la confrontation avec la Russie ne cesse de s’accentuer. Autour de l’objectif d’investissement de 2% du PIB national dans la défense fixé par l’Alliance atlantique, les dépenses militaires et surenchères bellicistes s’accentuent considérablement. Avec l’intégration de la Finlande et la Suède, invités à ce sommet à Madrid, l’OTAN cherche à élargir vers l’est, ce que même les défenseurs acharnés de l’OTAN désignent comme l’une des causes fondamentales de la guerre actuelle en Ukraine. De plus, cet élargissement scandinave vise à positionner les puissances impérialistes dans la course à l’Arctique, où les effets du changement climatique ouvrent de nouvelles routes commerciales et l’exploitation d’importantes réserves de gaz et de pétrole qui représentent 30% et 13% des réserves mondiales.

Un plan économique et militaire visant à protéger et à sécuriser les approvisionnements énergétiques des États-Unis et de l’Union européenne. Des perspectives qui n’augurent que davantage de concurrence, de confrontations et de nouvelles guerres impérialistes pour le contrôle de ces ressources limitées.

 
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