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21 de juin de 2022 Twitter Faceboock

Après les législatives...
Crise politique : pour Macron, même la commission des finances devient un casse tête
Gabriel Ichen

Alors qu’elle vient d’essuyer une lourde défaite aux législatives, la toute relative majorité présidentielle fait face à une nouvelle difficulté : quel groupe d’opposition pour diriger la commission des finances de l’assemblée nationale ? NUPES ou RN ? Ce nouveau casse-tête pour un poste parlementaire illustre la profondeur de la crise que traversent Macron et son parti.

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Crédits photo : AFP

La claque prise par Macron et la majorité présidentielle après les résultats des législatives commence tout juste à faire apparaître ses conséquences en termes de crise politique et de blocages institutionnels. Alors que les groupes parlementaires se constituent et font leur entrée à l’Assemblée nationale, doit maintenant se décider l’attribution des différents postes parlementaires. Au premier rang desquels la présidence de la commission des finances, convoitée par les différents groupes d’opposition et notamment par la NUPES et le RN qui font figures de principales oppositions parlementaires à Macron et sa faible majorité.

La présidence de la commission des finances, que la coutume parlementaire attribue généralement au premier groupe d’opposition, confère d’importantes prérogatives au groupe politique qui la dirige et un poids considérable au sein de l’Assemblée nationale. C’est le poste parlementaire le plus convoité car, dans les textes, il permet à celui ou celle qui la préside de contrôler l’action de l’État par le contrôle et l’examen précis du budget. Ce poste permet également d’ouvrir des enquêtes parlementaires, d’auditionner des membres du gouvernements et des personnalités extérieures au pouvoir public.

La constitution stipule que la présidence de la commission des finances doit être attribuée à un groupe d’opposition lors d’un vote, sans préciser lequel. La coutume veut que la majorité présidentielle ne participe pas au vote de désignation et laisse l’opposition décider. Or, dans l’état du nouveau rapport de force au sein de l’Assemblée nationale, la NUPES et le RN, qui se proclament tous deux comme les principaux groupes d’opposition, revendiquent la présidence de cette commission. Dans les deux cas, cela renforcerait la position institutionnelle de l’une des deux oppositions à Macron, sur la gauche ou sur la droite, et confirmerait les tendances aux blocages institutionnels.

La NUPES, et en particulier la France Insoumise, revendique bien entendu la présidence de la commission des finances. Comme le rapporte Le Monde, Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis souhaite briguer le poste, mais Valérie Rabot, députée PS, « ne s’interdit rien ». En lame de fond, le refus du PCF, du PS et de EELV de fusionner dans un groupe parlementaire commun de la NUPES tel que proposé par la FI. Pour Macron et la majorité présidentielle, une présidence LFI pourrait bien représenter une épine dans le pied supplémentaire, et pour la NUPES, un outil pour sa stratégie institutionnelle de « guérilla parlementaire » suite à l’échec d’obtenir une majorité comme le faisait miroiter Mélenchon. Comme l’exprime l’éditorialiste bourgeoise Neïla Latrous, « la NUPES n’a pas assez de députés pour faire adopter des propositions de loi, peser sur une orientation de quinquennat. La seule victoire [pour LFI] c’est de pouvoir bloquer Emmanuel Macron, ça n’ira pas au-delà ».

Le RN ambitionne également de présider la commission des finances. Marine Le Pen et son nouveau groupe parlementaire s’appuient sur l’absence de groupe unitaire NUPES et sa division en des groupes distincts pour revendiquer le statut de première force d’opposition. En effet, avec 89 députés, le RN constitue le groupe parlementaire d’opposition le plus important devant le groupe de la FI qui compte entre 74 et 78 députés et devant Les Républicains, de quoi revendiquer la présidence de la commission. Alors que le RN vient de réaliser une percée historique sur fond d’effondrement du « front républicain », l’obtention de la commission des finances constituerait un petit pas de plus dans l’institutionnalisation du parti et dans sa dédiabolisation. Ce qui le consoliderait davantage comme un parti comme les autres pouvant aspirer à gouverner les institutions de la Vème République.

Pour la macronie, cette question de la présidence des finances au main d’une de ses oppositions impliquerait quoi qu’il arrive un élément supplémentaire dans sa crise. Sur France Info, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau et député Modem a expliqué que la majorité pourrait concéder le poste au… RN, « quand bien même ça ne me plairait pas que ce soit le Rassemblement national, ça s’impose à nous ». Mais si la coutume veut que la majorité s’abstienne lors du vote qui élit le président de la commission des finances pour laisser trancher les oppositions, rien dans les textes ne l’oblige à ne pas prendre part au vote. Une option pourrait se dessiner pour la majorité qui reviendrait à voter pour un député LR qui se présenterait et ainsi avoir une présidence de la commission des finances plus favorable pour le gouvernement et la majorité. Mais une telle option serait extrêmement coûteuse pour la macronie puisqu’elle s’exposerait à de fortes contestations et donnerait du grain à moudre à l’opposition qui pourrait constituer un front de circonstance entre LFI et le RN pour dénoncer la manœuvre.

Quoi qu’il arrive, cette question de la commission des finances n’est qu’un exemple supplémentaire dans l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui le régime de la Vème République et le gouvernement. Quel que soit le scénario, dans les mois et années à venir, ni la majorité présidentielle, ni les oppositions de gauche de la NUPES ou de l’extrême-droite avec le RN ne pourront constituer une solution pour les problèmes dont souffrent au quotidien la classe ouvrière et les classes populaires qui font face à une inflation record sans que les salaires n’augmentent. Dans un tel contexte, seule l’entrée en scène de la jeunesse, de la classe ouvrière et des opprimés, dans la rue et par la grève, pourra laisser entrevoir une issue favorable à leurs intérêts.

 
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