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La Izquierda Diario
22 de juin de 2022 Twitter Faceboock

Jeunesse précaire
Chronodrive. Des jeunes précaires en grève contre les patrons milliardaires de la famille Mulliez
Léo Stella

Ce 25 juin, les salariés de Chronodrive du magasin Basso-Cambo à Toulouse entament une première journée de grève pour 7 % d’augmentation de salaire. Ces jeunes salariés précaires, au SMIC en temps partiel se révoltent face à la fortune indécente de la famille Mulliez, propriétaire de Chronodrive et du groupe Auchan et engrange des bénéfices pharamineux.

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La 6ème famille la plus riche de France

Peu le savent, mais tous les jours nous avons affaire avec la famille Mulliez, elle est même omniprésente autour de nous. L’Association Familiale Mulliez (AFM) forte de 700 actionnaires, tous de près ou de loin membres de la famille, avec à sa tête leur patriarche, Gérard Mulliez, domine de nombreux secteurs du paysage de la consommation courante. Leur empire, 130 marques, autour de 700.000 salariés dans le monde, s’étend de la grande distribution avec leur enseigne principale qui est Auchan, au prêt-à-porter avec des franchises comme Jules ou Kiabi en passant par des enseignes comme Decathlon, Leroy Merlin, Cultura, Boulanger, Flunch, Les 3 Brasseurs ou encore les garages Norauto pour n’en citer que quelques-unes. Du haut de sa fortune estimée à plus de 26 milliards d’euros en 2020, la famille Mulliez (6ème fortune de France) exploite des milliers de salariés précaires que ce soit en France ou dans le monde. Comme tout fleuron de l’impérialisme français, son empire puise aussi ses richesses en Afrique et dans les pays de l’Est de l’Europe et s’adonne à un greenwashing toujours plus grotesque. Mais c’est principalement par la gestion de son empire durant la pandémie que l’AFM a démontré une fois de plus son mépris envers notre classe.

Géant de la grande distribution grâce à Auchan, la famille multi-milliardaire n’a pas hésité durant la pandémie à opérer une restructuration de leurs entreprises pour générer un maximum de profits et cela alors que les salariés étaient en première ligne face aux difficultés et aux peurs de rupture de stock des clients, et ont enchaîné les heures sup’. En effet grâce aux ordonnances du gouvernement Macron en 2020, la famille Mulliez a pu déclarer la faillite de certaines de ses entreprises pour ensuite les racheter, une fois les dettes épongées et les licenciements effectués. A cela, s’ajoutent bien sûr les techniques traditionnelles du patronat pour engranger toujours plus de bénéfices, par des mécanismes d’évasion fiscale par l’utilisation de société-écrans au Luxembourg ou en exilant ses capitaux en Belgique.

De l’autre côté, ce sont bien sûr les travailleurs qui ont payé les pots cassés de ces restructurations. Alors que durant la pandémie comme aujourd’hui avec l’inflation, ces géants de la grande production s’en mettent plein les poches, les salariés ont dû faire face à des plans de licenciements et aujourd’hui à des baisses de leur salaire réel face à l’explosion du coût de la vie. La famille Mulliez n’a pas lésiné sur baisses d’effectif que ce soit à Auchan en septembre 2020 avec la suppression de 1475 postes ou bien encore avec la fermeture de plus de 50 Flunch et les 1 244 postes impliqués pour ne prendre que ces deux exemples.

La jeunesse précaire prête à la grève

Dans l’ombre, ce sont les victimes de cette success story familiale qui triment ! Chronodrive, entreprise de courses en ligne, emploie essentiellement une main-d’oeuvre jeune, précaire, à temps partiel. Dans les villes étudiantes, comme à Toulouse, ce sont essentiellement des étudiants qui doivent se salarier qui s’activent dans les entrepôts. A côté des queues devant les CROUS ou les distributions de colis alimentaires, les entreprises comme Chronodrive complètent le visage de la précarité étudiante. Pressions du management, conditions de travail difficiles, stress des cadences imposées, rendement scruté à la seconde près grâce aux scanners que porte chaque employé, et un turn-over permanent (les salariés ne restent que quelques mois) qui rend difficile toute velléité d’organisation. Pourtant aujourd’hui, face à l’augmentation du coût de la vie, et sachant l’immensité de la fortune de leurs patrons, les salariés veulent des vraies augmentations de salaire !

Déjà chez Auchan, durant les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) en décembre dernier, les salariés ont lancé une mobilisation nationale en revendiquant une augmentation des salaires pour faire face à l’augmentation du coût de la vie et à une colère qui ne faisait que grandir depuis la pandémie. C’est à ce moment que des grèves inédites sont apparues dans des enseignes comme Décathlon et Leroy Merlin avec pour mots d’ordre une hausse des salaires parce que ceux-ci n’ont jamais bougé alors que la famille Mulliez connaît des bénéfices record dans certaines de ses enseignes. Celle de Leroy Merlin a notamment été une victoire grâce à une radicalité et une certaine combativité de la part des grévistes.

Aujourd’hui ce sont les salariés du magasin de Basso Cambo à Toulouse qui s’organisent pour la grève. Ils appellent à les rejoindre sur leur piquet de grève ce samedi 25 juin à 11 heures devant leur magasin ! Il y a une signification simple à ces grèves, et notamment à celle de Chronodrive : elle exprime la nécessité de prendre sur l’indécente richesse des grands capitalistes pour répondre à l’urgence sociale et à la précarité dans la jeunesse. Alors que les patrons concèdent parfois des primes ponctuelles, vite mangées par l’inflation, nous avons besoin de réelles augmentations de salaire pour vivre ! Les salariés du Chronodrive de Basso Cambo à Toulouse revendiquent 7 % d’augmentation pour toutes et tous ! Malgré toutes les difficultés, de se mettre en grève dans un secteur aussi précaire que celui de Chronodrive, la détermination des salariés, qui ont lancé une caisse de grève pour pouvoir multiplier les journées de grève, est une démonstration à l’adresse de tous leurs collègues de l’entreprise, de tout le groupe Auchan et de la grande distribution en général. Sans elles et eux, ces milliers de travailleurs qui font tourner les magasins et les entrepôts, livrent les clients et remplissent les rayons, les Mulliez ne sont rien d’autre qu’une centaine de profiteurs en costard ! Il est temps de le leur rappeler.

 
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