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La Izquierda Diario
29 de janvier de 2016 Twitter Faceboock

Toutes et tous dans la rue le 30 janvier !
Toulouse. Une assemblée générale à l’université du Mirail pour faire face à l’état d’urgence

Correspondants

Alors que les débats autour de la constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité débutent le 3 février à l’Assemblée Nationale, une Assemblée Générale d’étudiants, profs et membres du personnel, à l’Université du Mirail, a réuni 250 personnes ce jeudi midi. Avec, en ligne de mire, l’échéance de rue de ce samedi 30 janvier.

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250 personnes, principalement des étudiants, ont donc répondu à l’appel du collectif « Stop l’état d’urgence », qui regroupe des organisations syndicales et politiques (Solidaires ÉtudiantEs, l’UET, le NPA Jeunes, le CUAP, l’UNEF et SUD Éducation). Dès les introductions mais aussi dans le débat, l’AG a d’abord été l’occasion de dénoncer la répression en s’appuyant sur des exemples ; deux motion ont été votées pour la relaxe de l’universitaire Bernard Mezzadri contre lequel plane une condamnation à 2000 euros d’amende avec sursis pour avoir ironisé sur les propos racistes de Manuel Valls dans un mail, et une seconde en soutien aux travailleurs de Goodyear condamnés à de la prison ferme pour avoir défendu leur emploi.

Outre ces motions, beaucoup d’étudiants ont dénoncé les perquisitions abusives et les violences policières dans les quartiers populaires, qui touchent de plein fouet les musulmans ou supposés musulmans. La criminalisation des mouvements sociaux - le souvenir de la répression des étudiants de Mirail lors des manifestations de novembre dernier en hommage à Rémi Fraisse est dans toute les mémoires - a également été dénoncée dans bon nombre d’interventions.

Lutter contre l’état d’urgence. Et ensuite ?

Durant le débat, une discussion s’est amorcé autour de la nécessité de lutter contre l’état d’urgence en tant que tel. Si les différentes interventions pointaient le fait que l’état d’urgence s’inscrit dans un processus plus général, et que le combat pour sa levée ne peut être l’objectif final de la mobilisation qui s’amorce, des avis divergents ont été exprimés. Des voix se sont en effet élevées, affirmant que le combat contre l’état d’urgence était un leurre, car ce dernier ne changeait finalement pas grand chose à la situation globale, que le racisme d’Etat était antérieur à la situation d’exception post attentat de novembre et que les attaques envers le monde du travail - et les mouvements sociaux en général - n’avaient attendu ni la mise en place de l’état d’urgence, ni sa constitutionnalisation pour s’abattre sur les opprimés.

Si ce constat est tout à fait juste, c’est bel et bien les perspectives qui en découlent qui sont plus contestables. « On s’en fout de lutter pour les libertés, il faut lutter contre l’exploitation au travail » a ainsi déclaré un camarade. Une position qui amène donc à ne pas lutter contre l’état d’urgence, mais directement contre le système capitaliste dans son ensemble. S’il est évident que le retour à un « état de droit » n’est pas une fin en soi, cette analyse occulte le fait que l’état d’urgence est utilisé comme un accélérateur du processus global. La lutte défensive pour préserver nos droits à manifester et à refuser la constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité est, en ce sens, un premier pas pour construire une mobilisation large et ainsi offrir un cadre capable de préparer une contre offensive face aux politiques xénophobes et pro patronales du gouvernement.

De plus, cette position « de principe », occultant la réalité sociale et l’accentuation du caractère autoritaire, sécuritaire et liberticide de l’exécutif, amène irrémédiablement à la parcellisation du mouvement social. Rester arc-bouté de la sorte amène mécaniquement un refus catégorique du travail unitaire avec certaines formations politiques ou syndicales « institutionnelles ». Ensemble 31 a ainsi été cité lors d’une intervention comme étant une organisation avec laquelle il est problématique de défiler dans la rue. Pourtant, œuvrer à la massification d’un mouvement qui en est encore à ses balbutiements est indispensable à la construction d’un rapport de force, capable de faire face à la politique du gouvernement qui attaque tout azimut. De plus, et alors que les organisations réformistes traversent une réelle crise, des contradictions peuvent apparaitre entre les positions de leurs directions et députés d’un côté, et les aspirations des bases militantes d’autre part. La capitulation des élus Front de Gauche lors du vote de l’instauration de l’état d’urgence est, en soi, une véritable trahison, et il est fort probable que cela se reproduise à l’avenir. Participer à un mouvement unitaire, c’est aussi apporter une alternative aux bases militante de ces organisations, pour éviter une démoralisation croissante et permettre aux revendications plus radicales de gagner en influence.

Ce travail unitaire ne doit donc pas être le prétexte d’un abandon des lignes politiques à avancer à l’intérieur du mouvement lui même. C’est ainsi que l’Assemblée Générale a acté la mise en place d’un cortège propre à l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Ce concept de « frapper ensemble, marcher séparément » se traduit, notamment, par l’élaboration d’une banderole reprenant les mots d’ordres votés lors de l’Assemblée Générale - « Les facs contre l’état d’urgence, les mesures racistes, islamophobes et répressives » - ainsi que la décision de laisser la liberté aux organisations et étudiants qui le souhaitent de défiler avec des pancartes et banderoles de leur choix à l’intérieur même du cortège.

Toutes et tous dans la rue samedi !

La manifestation de samedi est une première occasion pour lancer la mobilisation, à l’échelle de la ville, mais aussi à l’échelle nationale puisque des manifestations sont prévues dans presque toutes les grandes villes de France. Les différents cadres unitaires qui se mobilisent pour exiger la levée de l’état d’urgence ont fait converger leur calendrier de mobilisation et la date de samedi représente une perspective intéressante pour structurer un début de mouvement à l’échelle nationale.

De plus, la mise en place de cortèges unitaires pour l’ensemble de l’Enseignement Supérieur partout en France pour la manifestation de ce samedi 30 peut être un premier pas vers la construction d’un mouvement qui dépasse la parcellisation des mobilisations de ces dernières années. Ces cortèges, en se dotant d’une certaine visibilité sur plusieurs villes, seraient un signal fort lancé au gouvernement et contribueraient à créer un rapport de force pour exiger la fin du tout sécuritaire et répressif. A Toulouse, rendez-vous est pris à 14 heures, place Arnaud Bernard.

 
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