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La Izquierda Diario
27 de juin de 2022 Twitter Faceboock

POUR UN VERITABLE ACCES A L’IVG
IVG dans la constitution : au-delà des symboles, luttons pour un droit effectif à l’avortement
Carla Biguliak

Après l’énorme recul que représente l’annulation de l’arrêt garantissant le droit constitutionnel à l’IVG aux États-Unis, le gouvernement Macron cherche à regagner en légitimité en promettant la constitutionnalisation de l’IVG. Une mesure qu’il a non seulement rejeté à de précédentes occasions, mais qui est également loin d’offrir les conditions nécessaires à un véritable accès à l’avortement en France, que nous devons conquérir dans la rue.

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Crédits : Typhaine B

Constitutionnalisation : une manoeuvre politique de la macronie

Après que la Cour suprême des États-Unis ait annulé l’arrêt relatif au droit constitutionnel à l’avortement, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale, Aurore Bergé a annoncé samedi dernier le dépôt d’une « proposition de loi constitutionnelle pour inscrire le respect de l’IVG dans notre constitution ». Cette proposition rejoint celle faite vendredi par la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot,, et que la NUPES a réaffirmé samedi dans un communiqué.

Celui-ci rappelait notamment que Renaissance (ex-LREM) s’était opposé à une telle mesure en 2019. Et pour cause : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une manœuvre politique de la part de la macronie en période de crise politique où le gouvernement est en difficulté. Macron entend profiter de l’indignation générale suscitée par l’énorme recul sur le droit à l’avortement aux États-Unis pour apparaître progressiste sur une question qui, en général, fait consensus en France.

De quoi couper l’herbe sous le pied de l’opposition parlementaire de la gauche avec une mesure qui sera probablement validée largement à l’exception peut-être de députés du Rassemblement National opposés traditionnellement au droit à l’avortement tout comme au Mariage pour tous. La proposition a cependant reçu une opposition surprise, celle de François Bayrou, allié privilégié au sein de la majorité et proche de groupes intégristes... Quelle que soit l’issue, le débat risque cependant de masquer la réalité de la question de l’avortement en France.

Au-delà du symbole, exiger et lutter pour un droit effectif à l’avortement

En effet, le débat sur la constitutionnalisation tend à masquer la réalité de l’avortement en France, où il est encore loin d’être un droit effectif. D’abord, il existe encore une double clause de conscience pour les professionnels de santé qui constitue un obstacle majeur à l’accès à cette pratique, notamment en zone rurale et dans les quartiers les plus pauvres où il y a beaucoup moins de médecins par habitants. Ensuite, l’allongement du délai légal à 14 semaines n’est entré en vigueur qu’en mars de cette année, après de nombreuses années à être refusé au Parlement.

A cela s’ajoute le démantèlement des services publics et les attaques néolibérales constantes que subissent les hôpitaux et même les centres d’IVG depuis des décennies. Un rapport des ARS soulignait en 2019 que 8% des centres IVG avaient fermé en 10 ans, suscitant d’importantes inégalités territoriales pour accéder à l’IVG. De même, le problème des délais conduit 3000 à 5000 femmes à aller avorter à l’étranger chaque année. Une pratique réservée aux femmes qui ont les moyens, contraignant les femmes les plus précaires ou sans-papiers à avorter clandestinement, mettant leur vie en danger.

Cela montre que, comme nous l’avons dit lors du rassemblement de dimanche à Paris, il ne suffit pas d’exiger l’inscription du droit à un accès à l’avortement dans la constitution, il faut exiger l’avortement libre, sûr, gratuit, sur demande et sans justification, augmenter la durée des délais pour avorter, et supprimer la clause de conscience, qui entrave un droit fondamental comme l’avortement mais qui est systématiquement défendu par les députés et sénateurs.

C’est dans la rue que nous arracherons un droit effectif à l’avortement !

De ce point de vue, il est évident que ce n’est pas Macron et son gouvernement qui résoudront cette situation retardataire. C’est ce même gouvernement qui depuis 5 ans est responsable de la casse des hôpitaux publics, de la fermeture de nombreux centres d’IVG, d’avoir baissé dramatiquement les subventions allouées aux associations qui aident les femmes à avorter comme par exemple le Planning familial. C’est ce que rappelaient par exemple les sages femmes qui étaient récemment en grève, qui parlaient de la maltraitance subie par les femmes dans les hôpitaux, qu’elle qualifiaient de « misogynie d’État ».

Dans le même temps, la perspective proposée par la NUPES reste plus que limitée par rapport aux défis que nous devons relever, puisque la gauche de gouvernement se tient elle aussi sur le terrain formel de l’inscription de ce droit dans la Constitution. Dans le cadre de sa stratégie parlementaire, la NUPES n’est pas entrain de poser la question d’une mobilisation qui reste le seul moyen de conserver nos droits et d’en conquérir de nouveaux comme le scandent de nombreuses américaines dans les manifestations qui ont lieu ces derniers jours.

A l’inverse, il est nécessaire que le mouvement féministe s’organise sur les lieux de travail et d’études, en alliance avec le mouvement ouvrier, comme le font nos camarades aux États-Unis, pour exiger l’accès à un avortement sûr et totalement gratuit, afin que nos droits reproductifs soient une fois pour toutes garantis, sans clause de conscience et avec des moyens suffisants afin que les services publics puissent offrir aux femmes la possibilité d’avorter quand elles veulent, où elles veulent et dans des conditions dignes.

Comme l’ont montré les mobilisations dans plusieurs pays d’Amérique latine, nos droits, nos corps et nos vies ne rentrent pas dans leurs calculs politiques et électoraux, et ne peuvent être conquis que dans la rue !

 
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