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États-Unis : le droit à l’avortement déjà interdit ou menacé dans 26 États
Mathias Lecourbe

Le 24 juin dernier, la Cour Suprême des États-Unis est revenue sur l’arrêt qui garantissait jusque-là le droit à l’avortement. Chaque État est désormais libre de réglementer ou d’interdire l’avortement comme il l’entend, avec des conséquences désastreuses auxquelles doivent déjà faire face de nombreuses femmes ou personnes pouvant porter des enfants dans différents États de la fédération.

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Crédit photo : Montage NR / CC Wikipedia, Fibonacci Blue

La décision de la Cour Suprême des États-Unis de revenir sur l’arrêt Roe v. Wade qui garantissait le droit à l’avortement au cours du premier trimestre de grossesse dans l’ensemble des États de la fédération, a fait l’effet d’une bombe sur tout le territoire des États-Unis et a entraîné des manifestations de solidarité tout autour du monde.

De nombreuses femmes et personnes pouvant tomber enceintes voient désormais leur droit à disposer de leurs corps et de leurs vies gravement remis en question. De façon très immédiate, la fin de la protection constitutionnelle du droit à l’avortement a entraîné son interdiction dans pas moins de 8 États du sud et du centre des États-Unis qui s’étaient dotés de “trigger laws”, destinées à criminaliser l’avortement dès la révocation de la jurisprudence Roe v. Wade : le Missouri, le Dakota du Sud, l’Oklahoma, l’Arkansas, le Kentucky, l’Alabama, la Louisiane et le Wisconsin. Trois autres États sont également dotés de trigger laws mais qui nécessitent soit une confirmation par les autorités, soit l’écoulement d’un délai pour interdire l’avortement : c’est le cas du Mississipi, du Texas et du Tennessee. L’avortement n’y est pas encore illégal, mais il devrait le devenir d’ici à un mois.

Source : Compilation Le Monde

Une remise en cause aussi rapide et radicale du droit à l’avortement a entraîné des réactions de la part de la population : des manifestations, mais aussi une forte de hausse de la demande en “pilules du lendemain” pour constituer des stocks, ou encore des avertissements concernant l’usage d’applications permettant de tracer le cycle menstruel avec la crainte que les données collectées par ces applications ne permettent aux autorités d’identifier les personnes enceintes, susceptibles d’avoir recours à l’avortement.

Outre ces 11 États dotés de trigger laws, le droit à l’avortement apparaît menacé à divers degrés dans la plupart des États-Unis. La Géorgie, l’Iowa, l’Ohio et la Caroline du Sud avaient adopté des lois interdisant l’avortement dès la 6ème semaine de grossesse qui avaient été bloquées par la justice en application de la jurisprudence Roe v. Wade. Il n’y a désormais plus d’obstacle à l’application de ces lois, alors que 6 semaines de grossesse ne représentent qu’un mois de retard de règles et que la plupart des femmes ignorent être enceintes aussi tôt.

Plusieurs États ont conservé des lois antérieures à l’arrêt Roe v. Wade qui interdisaient l’avortement : elles pourraient théoriquement entrer à nouveau en vigueur si les autorités locales ne choisissent pas de revenir sur ces lois : c’est par exemple le cas du Michigan ou de l’Arizona. Enfin, quatre derniers États ont donné récemment des signes que leurs autorités sont défavorables au droit à l’avortement sans parvenir à adopter des lois le restreignant, mais la fin de la jurisprudence Roe v. Wade pourrait les inciter à interdire ou sévèrement restreindre le droit à l’avortement pour de bon : il s’agit du Nebraska, de l’Indiana, du Montana et de la Floride.

Actuellement, seuls 22 des 51 États des États-Unis ont inscrit la protection du droit à l’avortement dans leur droit local. Ces États s’apprêtent à faire face à un afflux de patientes provenant d’États interdisant l’IVG. On peut craindre dans ces États une augmentation des délais pour pouvoir avoir recours à une IVG. Enfin, de tels déplacements entre États ne sont pas une solution viable pour les femmes qui ne peuvent pas se permettre financièrement de se déplacer parfois sur des milliers de kilomètres pour avorter, à l’oppression réactionnaire et patriarcale vient s’ajouter ici la condition sociale.

Des mobilisations émergents aux États-Unis pour défendre le droit à l’avortement dans des États où ce droit est menacé, voire où l’avortement est illégal, mais aussi pour revendiquer une hausse des financements pour les centres pratiquant l’avortement dans les États où il est toujours légal. En effet, même légal, le droit à l’avortement est menacé par les politiques anti-sociales qui frappent les systèmes de santés du monde entier. En France, cela a conduit à la fermeture de 8% des centres IVG entre 2009 et 2019. Loin de se contenter d’une inscription cosmétique du droit à l’IVG dans la constitution, nous devons nous appuyer sur les mobilisations de solidarité avec les femmes états-uniennes pour rappeler que c’est à nous de reconquérir chaque jour le droit à l’IVG en imposant des services publics permettant réellement d’avorter rapidement et près de chez soi, sans se reposer sur la volonté de forces institutionnelles.

Prochain rendez-vous à venir :

 
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