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La Izquierda Diario
4 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Borne II
Remaniement. Isolée, la macronie cherche à muscler sa droite : préparons l’affrontement !
Paul Morao

Face à la crise politique, Macron avait promis un « gouvernement d’action » ouvert à de nouvelles forces politiques. Le remaniement annoncé ce lundi s’inscrit finalement dans une continuité totale : d’un côté il renforce les piliers de la macronie, de l’autre il place un ex-LR au stratégique ministère des Relations avec le Parlement.

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Crédits photo : Gonzalo Fuentes / AFP

Depuis la gifle des législatives, Emmanuel Macron cherche une voie pour gouverner dans la situation de crise politique profonde qui s’est ouverte. Dans ce cadre, le remaniement ministériel prévu après les élections avait été repoussé au maximum pour prendre le temps de discuter avec l’opposition et d’y chercher des soutiens. La composition du gouvernement Borne II annoncée ce lundi marque l’échec de ces tractations et la continuité de la situation de crise politique.

Alors que Macron promettait à l’AFP un « gouvernement d’action » ouvert à des forces d’opposition, c’est un nouveau jeu des chaises musicales qui a eu lieu. La liste de ministres annoncée s’inscrit à 100% dans la continuité des gouvernements précédents. Parmi les 41 ministres et secrétaires d’État, on retrouve ainsi les principaux piliers de la macronie, flanqués de quelques alliés au sein de la majorité issus du MoDem, d’Horizons, d’Agir ou de Territoires et Progrès. Une expression de l’incapacité de Macron à nouer des alliances qui lui auraient permis d’avancer tant bien que mal vers la constitution d’une majorité.

Symbole de cette continuité en dépit de la crise : le maintien et l’élargissement du portefeuille de Gérald Darmanin, imposé par Macron. Le ministre des violences policières se voit offrir la responsabilité des Outre-mer, après avoir envoyé le RAID et le GIGN réprimer les mobilisations en Guadeloupe en novembre dernier. A ses côtés, les postes clés restent entre les mains de figures de la majorité : Bruno Le Maire, Eric Dupond-Moretti, Sébastien Lecornu… Pour compenser le départ de plusieurs femmes ministres, Macron rappelle même Marlène Schiappa, nommée secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire, et Sarah El-Haïry, qui reprend son poste de secrétaire d’État à la jeunesse.

Du côté des nouvelles cooptations, ce sont également des proches de la majorité que l’on retrouve. A l’image de François Braun, ancien chef des Urgences de l’hôpital de Metz qui était déjà le référent santé de la campagne présidentielle et a réalisé la récente « mission flash » nommé au Ministère de la Santé, ou de Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois, président de l’ANRU et ex-socialiste ayant appelé à voter Macron en 2022, qui devient ministre de la Ville et du Logement. A l’inverse, après des semaines d’impunité, Damien Abad, transfuge de LR visé par plusieurs accusations de viols, est finalement remercié. Une décision qui vise moins à sanctionner l’ancien député qu’à éteindre la polémique, puisque dans le même temps la secrétaire Chrysoula Zacharopoulou également accusée de viols est maintenue en fonction.

Au total, Borne II apparaît donc comme un gouvernement minoritaire et ancré à droite. Un choix contraint, mais en phase avec les signaux envoyés ces derniers jours aux Républicains, perçus comme les alliés potentiels numéro 1 pour trouver une issue, même imparfaite, à la crise politique majeure qui bouscule la macronie. La nomination de l’ex-LR Franck Riester, anciennement ministre délégué au Commerce extérieur, au ministère devenu stratégique des Relations avec le Parlement à la place d’Olivier Véran va dans le même sens. Comme le notent Les Echos, ce choix « semble indiquer que des accords texte par texte seront plus aisés à trouver avec la droite et qu’il faudra également travailler étroitement avec le Sénat pour obtenir le maximum de commissions mixtes paritaires conclusives. »

Une orientation qui garantit de nouvelles attaques sociales, à commencer par la réforme des retraites, mais également de nouvelles mesures autoritaires et xénophobes. A ce titre, Darmanin réfléchirait déjà à « un texte qui permette d’expulser plus facilement les délinquants étrangers » rapporte L’Express.

Pour autant, les difficultés restent entières pour la macronie. Signe de celles-ci, Elisabeth Borne a confirmé ce lundi qu’elle ne se soumettrait pas à un vote de confiance ce mercredi à l’issue de son discours de politique générale. Dans un contexte d’instabilité économique où l’inflation rogne les budgets des classes populaires et où la pandémie de Covid reprend sur fond de crise à l’hôpital, il y a urgence à préparer l’affrontement avec le patronat et son gouvernement, dont la faiblesse est une opportunité d’arracher nos revendications.

 
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