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La Izquierda Diario
12 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Augmentez les salaire !
Deuxième jour de grève à Chronodrive : la mobilisation s’étend et appelle à la lutte unitaire pour les salaires
RP Toulouse

Ce samedi 9 juillet, malgré l’offensive de la direction les salariés de Chronodrive ont étendu la mobilisation à plusieurs magasins à Toulouse et plus largement en France pour leur deuxième jour de grève. Une mobilisation qui a été soutenue de manière large, et qui montre la nécessité d’un plan de bataille unitaire autour des salaires.

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Un élargissement de la grève malgré l’offensive de la direction

Après un premier jour de grève inédit et majoritaire le 25 juin au Chronodrive de Basso Cambo, au cours de laquelle les jeunes précaires ont relevé la tête face aux Mulliez, septième fortune de France et face aux salaires de misère qu’ils imposent, les grévistes ne comptaient pas en rester là. Ils ont en effet préparé la date du 9 juillet, avec la perspective d’étendre la grève à plusieurs magasins dans toute la France. Après la réussite de la première journée, et craignant de voir d’autres magasins rejoindre le mouvement, la direction a elle aussi décidé de durcir le ton.

Cette dernière avait déjà tenté sans succès de saboter la première journée de mobilisation en mettant des pressions aux salariés et en déplaçant les commandes en dehors des créneaux de la grève. Cette fois ci, elle a mis les bouchées doubles pour tenter de casser cette deuxième journée de mobilisation étendue.

Pour cela, elle a usé de tous les moyens à sa disposition, en distribuant des bons d’achats aux clients pour qu’ils ne passent pas leurs commandes le jour de la grève afin de l’isoler et de limiter son impact, mais également en ayant recours à la modulation des horaires des salariés, lui permettant de prévoir sur les créneaux de samedi un maximum de salariés en période d’essai.

Les syndicats CFTC et CFDT se sont joints à cette offensive patronale, en placardant un tract culpabilisant les grévistes et expliquant que les Mulliez et leurs 26 milliards d’euros de capital n’avaient pas les moyens d’assurer des augmentations aux salariés au SMIC.

Malgré cette offensive patronale, les grévistes ont réussi à atteindre l’objectif qu’ils s’étaient fixés, c’est-à-dire l’extension de la grève. En effet, en plus du magasin de Basso Cambo, plusieurs autres enseignes de Toulouse ont rejoint le mouvement, avec des grévistes à Lalande, Labège et Ramonville. La mobilisation est également sortie du cadre toulousain, pour toucher Bordeaux et Avelin, près de Lille. Des salariés de Marseille ont également envoyé leur soutien aux grévistes. Rafael Cherfy, militant à Révolution Permanente et à la CGT Chronodrive est revenu sur la réussite que représente ce second jour de grève, malgré des coordonnées très difficiles et les pressions de la direction : « J’y crois pas encore parce que ça paraissait impossible. Déjà de faire un premier jour, de mobiliser des jeunes précaires en temps partiel pour nos salaires c’était déjà pas facile […] y avait plein de pressions. Aujourd’hui on arrive à se retrouver en plein mois de juillet avec une deuxième journée, on a réussi à élargir la grève ! »

Construire une lutte unitaire pour les salaires !

Le rassemblement de soutien qui se tenait devant le Chronodrive de Basso Cambo a été l’occasion pour les grévistes d’appuyer leur détermination et de poser des premières perspectives pour la suite de leur lutte. Des organisation politiques telles que Lutte Ouvrière, Révolution Permanente, Le Parti de Gauche, Hadrien Clouet et Christophe Bex, députés de la NUPES ainsi que des syndicats, dont certains représentaient des luttes récentes comme la CGT Thalès et Mecachrome ou encore l’UNEF et les Jeunes Ecologistes, ont apporté leur soutien aux grévistes. Depuis le Chronodrive de Sesquieres, un groupe de gilets jaunes qui tenait une assemblée non loin a également envoyé une vidéo de soutien aux grévistes.

Une gréviste en temps partiel est intervenue, remerciant le soutien large qui s’est exprimé autour de la grève et revenant sur les conditions pénibles de travail « on tourne en boucle […] on est là on remplit des caisses pendant 4 heures, y a des sonneries, il faut être partout en même temps ». Dans la continuité, Guillaume, salarié en 35 heures, a insisté sur la nécessité de l’unité dans la lutte pour les salaires : « On va rester unis pour obtenir l’augmentation qu’on demande ! » Dans le même sens, Rafael Cherfy soulignait que l’unité est le fruit d’un combat conscient des grévistes : « Faire l’unité c’était très difficile, on s’est beaucoup bagarrés pendant deux semaines pour aller chercher les autres salariés », et que cet enjeu est central pour consolider les liens au sein de l’entreprise mais également pour se lier avec les autres secteurs en lutte pour les salaires : « Il va falloir chercher le lien avec les autres secteurs. Je pense aux Mecachrome, à Roissy, qui se sont battus pour leurs salaires ! »

Les soutiens ont également défendu cette nécessaire unité. Un délégué CGT de Thalès, entreprise qui a connu il y a quelques mois un mouvement de grève national inédit pour les salaires a ainsi déclaré : « Les ingénieurs on nous dit ‘’il y a forcément pire ailleurs’’. Forcément c’est la première des raisons de se mettre tous ensemble pour lutter parce qu’on veut pas que ce soit pire ailleurs ! […] Il faut qu’on augmente en priorité les bas salaires, qu’on ait des augmentations en argent et pas forcément des pourcentages sur les plus gros salaires. Des augmentations générales des salaires et tous ensemble dans la lutte ! » Clément, de la CGT Mecachrome, sous-traitant aéronautique dont le site de Toulouse a connu 12 jours de grèves pour les salaires a appuyé cette logique : « Ce qui a fait qu’on était moins efficaces c’est qu’on était isolés sur notre grève. On était le seul site sur 10 du groupe en grève. La démarche que vous entreprenez d’aller chercher les autres sites, c’est vraiment une nécessité absolue ».

Gabrielle, militante à Révolution Permanente est également intervenue dans ce sens, expliquant comment le collectif étudiant le Poing Levé a travaillé à l’expansion de la grève, notamment en allant tracter dans les Chronodrive de différentes villes de France afin de construire le soutien des clients et de discuter de la mobilisation avec les salariés : « Il faut unifier au-delà, que ce soient les salariés, les jeunes, les chômeurs etc […] Il s’agit plus de se battre syndicat par syndicat, ou boite par boite mais de construire vraiment un mouvement large pour les salaires et la dignité ».

Consolider les acquis de la grève pour repartir ensemble à la rentrée

A l’issue du rassemblement, les grévistes se sont réunis en Assemblée Générale pour discuter de la suite du combat pour les salaires. Partant de la modification de l’activité des magasins Chronodrive pendant l’été (moins de commandes, arrivée de salariés en période d’essai, vacances …) et des réussites que représentent une première journée de grève majoritaire ainsi qu’une seconde d’élargissement de la mobilisation, ils ont choisi à l’issue d’un vote d’attendre le mois de septembre pour continuer la grève. Loin de mettre un coup d’arrêt au mouvement, la période avant la « rentrée sociale » est abordée par les grévistes comme un temps permettant de faire fructifier et consolider les acquis des premières mobilisations, avec l’objectif de renforcer les liens entre magasins, à Toulouse mais également à l’échelle nationale. Le renforcement d’un syndicat combatif au sein de l’entreprise a également été discuté, permettant de créer un cadre démocratique dans lequel les salariés pourront discuter et construire les prochaines luttes, face aux syndicats pro-patronaux qui tentent de casser les mobilisations et alors que la syndicalisation des jeunes travailleurs précaires de ce secteur reste généralement faible.

L’évolution de la situation d’ici à la rentrée a également été évoquée. Comme il a été pointé de nombreuses fois durant le rassemblement, alors que l’inflation rogne toujours plus sur les salaires et devrait atteindre la barre des 7% d’ici septembre,, l’urgence d’un plan de bataille unitaire autour des salaires se fait de plus en plus sentir. D’autant plus qu’une forte radicalité s’est exprimée par la base à travers de luttes sectorielles face à un patronat qui se gave en maintenant au minimum les salaires et au programme pro-patronal du gouvernement qui tente de limiter la colère en accordant quelques ridicules miettes.

Pour arracher non seulement les augmentations de salaires nécessaires dans la période mais également l’indexation de ces salaires sur l’inflation, il est essentiel de se doter d’une véritable stratégie. Celle-ci devrait comprendre la connexion des différents secteurs en lutte, l’effort d’expansion des grèves comme l’ont montré les grévistes de Chronodrive ainsi que l’élargissement de la mobilisation aux secteurs jeunes et précaires. Une lutte dont l’ensemble des organisations de la gauche et du mouvement social doivent se saisir. Comme l’explique Rafael Cherfy : « Nous on veut pas s’arrêter à simplement 7% d’augmentation, qui peut-être demain sera rattrapée par l’inflation. Il faut aller chercher des vrais mesures politiques comme l’indexation des salaires sur l’inflation, la hausse générale des salaires et ça, ça va se faire avec les autres secteurs […] Vous voyez comment c’est un combat déjà pour se coordonner à l’échelle de notre entreprise mais il va falloir se battre aussi avec tous les salariés […] Il y a une colère dans le pays et il va falloir l’organiser ! »

Pour soutenir la mobilisation des grévistes de Chronodrive, donnez à la caisse de grève !

 
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