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La Izquierda Diario
11 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Révolte ouvrière et populaire
Sri Lanka : des milliers de manifestants envahissent le palais du Président et obtiennent sa démission

Dans un contexte de pénurie de carburant, d’inflation croissante, de militarisation des villes et de volonté d’intensifier les mesures d’austérité pour conclure un accord avec le FMI de nouvelles manifestations massives ont eu lieu samedi à Colombo au Sri Lanka. Le Président a finalement démissionné.

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Le président sri-lankais démissionne après 3 mois de mobilisations massives

Ce samedi, des milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale du Sri Lanka, Colombo. Dans leur majorité, les manifestants venaient d’autres parties de l’île, et se mobilisaient dans le cadre du troisième mois de manifestations continues dans le pays, qui fait face à une crise profonde que le gouvernement et le FMI entendent faire payer aux travailleurs et aux classes populaires

Au cours de la journée, les manifestants ont franchi le périmètre de sécurité entourant la résidence officielle de Gotabaya Rajapaksa, président dont ils réclamaient la démission. Tandis que la police les empêchait d’entrer à l’aide de gaz lacrymogènes, les manifestants ont finalement pris d’assaut le palais présidentiel. Face à cette détermination, le Président a annoncé dans la journée sa démission, deux mois après celle de son premier ministre.

Les vidéos tournées à l’intérieur du palais présidentiel ont fait le tour du monde. On y voit des centaines de personnes scandant des slogans dans les couloirs et les chambres, nageant dans la piscine présidentielle, s’allongeant sur le lit du président, ou encore mimant les négociations avec le FMI pour tourner en ridicule la gestion du gouvernement. Une véritable liesse populaire, expression de la colère contre un gouvernement népotique et corrompu.

« Nous voulons du changement, nous voulons que ce président parte », a déclaré à l’agence de presse Efe Lakmal Perera, un travailleur du secteur privé qui faisait partie des centaines de manifestants près du parc de Galle Face, l’épicentre des protestations à Colombo. Parmi les slogans scandés : « Gotabaya est fou », « Gotabaya a peur » ou « Gota go home ». Face à la situation, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a commencé par proposer sa démission et la formation d’un gouvernement d’unité nationale, afin de tenter de calmer le jeu et de retarder la chute du président. Celui-ci a malgré tout fini par démissionner.

Les protestations croissantes dans le pays ont pour toile de fond l’une des pires crises économiques que le Sri Lanka ait connu depuis son indépendance en 1948, en raison de la diminution des réserves de change et d’un lourd endettement. La tension et le mécontentement ont augmenté sur l’île à la fin du mois de mars, lorsque les autorités ont imposé des coupures de courant de plus de 13 heures, incitant la population à descendre dans la rue pour réclamer la démission de l’exécutif.

Un gouvernement d’unité nationale pour imposer des plans d’austérité ?

Depuis lors, des centaines de manifestants se sont installés autour du secrétariat présidentiel à Colombo et les manifestations dans toute l’île sont devenues monnaie courante et de plus en plus réprimées. En réponse, l’ensemble des différents groupes parlementaires propose de former un gouvernement d’unité nationale provisoire pour conclure un accord de sauvetage avec le FMI.

Les analystes soulignent que cet accord comprendrait des réformes structurelles drastiques et profondes. Un véritable plan d’austérité qui consisterait notamment en une réduction importante du déficit budgétaire par la réduction des dépenses publiques, l’élimination du duopole dans le secteur de l’énergie, la fin des restrictions à l’importation, une augmentation des impôts indirects et la privatisation ou la vente des entreprises publiques.

Dans le même temps, outre ces négociations parlementaires, le régime a misé sur une répression brutale qui a fait plusieurs morts en mai dernier. La semaine passée, à la suite d’une marche de protestation organisée par des étudiants universitaires, les autorités avaient par ailleurs imposé un couvre-feu vendredi dans plusieurs parties de la province de l’Ouest où se trouve la capitale. Fortement critiquées, les restrictions ont finalement dû être levées. L’Association du barreau du Sri Lanka déclarait ainsi dans un communiqué que le couvre-feu « visait clairement à réduire au silence la liberté d’expression et la dissidence ».

Après la démission, les mobilisations se poursuivent et sont l’expression d’un phénomène mondial de crise et d’inflation élevée qui provoque des grèves de travailleurs pour des salaires plus élevés dans les pays européens et aux États-Unis, et des rébellions et des soulèvements dans les pays qui dépendent plus directement des intrants de base tels que le blé et le carburant, touchés par la guerre en Ukraine, et qui ont un impact direct sur la population. Le Sri Lanka est le cas le plus explosif d’une série de protestations et de rébellions que l’on commence à observer partout dans le monde, de l’Équateur à l’Iran.

 
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