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La Izquierda Diario
11 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Xénophobie d’état
« Expulsion des étrangers » en cas de « délits graves » : Darmanin fait encore du Le Pen
Youri Merad

De retour dans son fauteuil de ministre de l’intérieur, Darmanin ne perd pas une seconde pour avancer son programme xénophobe en reprenant une mesure de l’extrême-droite en faveur de l’expulsion des étrangers commettant des "délits graves". L’objectif est clair : s’attirer les faveurs de la droite et du RN et déplacer le débat politique, polarisé par la question de l’inflation, sur le terrain xénophobe et sécuritaire.

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Reconduit pour un nouveau quinquennat, celui qui a été en tête des offensives sécuritaires et xénophobes du précédent gouvernement n’a pas tardé à remettre le pied à l’étrier. Dans une interview accordée au Monde ce week-end, Gérald Darmanin a expliqué sa volonté de « permettre l’expulsion de tout étranger reconnu coupable d’un acte grave par la justice, quelle que soit sa condition de présence sur le territoire national ». Une mesure sensée s’inscrire dans sa volonté de parler « aux tripes des français ».

Une mesure xénophobe dans la continuité du premier quinquennat

L’expulsion des étrangers coupables de « menace grave pour l’ordre public » figure déjà dans la loi et les préfectures expulsent déjà des milliers d’étrangers chaque année pour ce motif. Depuis le 1er octobre 2020, plus de 60 000 décisions de retraits, ainsi que de refus de délivrance et de renouvellement de titres de séjour ont été prononcés sur ce fondement. Et ce, principalement à la demande du ministre qui, le 29 septembre 2020, envoyait une lettre aux préfets de départements pour exiger « l’éloignement systématiques des étrangers ayant commis des infractions graves ».

Pourtant, des exceptions ont été fixées en 1981 pour empêcher l’expulsion des étrangers mineurs, ayant des enfants à charge depuis au moins 2 ans ou arrivés sur le territoire avant l’âge de 13 ans. Des exceptions qui limitaient, dans une certaine mesure, l’application de la « double-peine », pratique xénophobe qui avait suscité des mobilisations importantes à partir de la fin des années 1990.

C’est précisément ces exceptions que le ministre rêverait de faire sauter avec sa loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (Lopmi) présentée à la rentrée. « Aujourd’hui, un étranger qui a commis des actes graves n’est pas expulsable dès lors qu’il remplit certaines conditions comme une arrivée sur le territoire national avant l’âge de 13 ans.. » Une proposition xénophobe et raciste, inscrite depuis longtemps dans le programme du Rassemblement National, et qui vise clairement à déplacer le débat politique sur le terrain raciste et sécuritaire dans la continuité de la politique du tandem Darmanin-Schiappa.

Une manœuvre pour draguer la droite, symbolique du centre de gravité du gouvernement

Cette annonce, qui vient s’ajouter à l’augmentation prévue du budget de la police, de la justice et de l’armée, n’est en effet pas anodine, quelques jours après la réinvestiture de Darmanin à l’Intérieur. Dans un contexte d’instabilité politique pour le gouvernement qui a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée, la majorité parlementaire entend s’attirer les faveurs de la droite et du Rassemblement National, en agitant des mesures xénophobes.

Cette mesure indique où se situe le centre de gravité du nouveau gouvernement en dépit de la démagogie de Elisabeth Borne : à droite, très à droite. Gérald Darmanin l’assume dans l’interview, expliquant vouloir « reprendre un certain nombre de propositions comme la loi anticasseurs de Bruno Retailleau (LR) » ou « en matière d’immigration, réfléchir aux conclusions de l’excellent rapport Buffet (LR), voté à l’unanimité au Sénat. » Ce dernier mentionne notamment la fameuse mesure voulue par Darmanin.

Le coup n’a pas manqué puisqu’aussitôt Marine Le Pen, la dirigeante du RN, a exprimé tout son soutien au projet de loi du ministre à la rentrée. Interrogée sur BFM TV dimanche, celle-ci a expliqué : « Je dis clairement à Monsieur Darmanin que s’il entend expulser des étrangers qui ont commis des crimes et des délits ce sera oui, cent fois oui (…) C’est dans notre programme depuis des années ! ».

Un enthousiasme bien compréhensible puisque la stratégie de Macron I d’imposer des mesures inspirées de l’extrême-droite lors de son premier quinquennat a permis à cette dernière de se renforcer de façon importante. Face à cette alliance objective, le mouvement ouvrier doit opposer un discours antiraciste clair, contre la double-peine, la stigmatisation des étrangers, pour l’ouverture des frontières et l’accueil digne de toutes et tous, pour une lutte d’ensemble contre le gouvernement !

 
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