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La Izquierda Diario
13 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Fin de partie pour la caste présidentielle
Sri Lanka. Fuite du Président, invasion de la maison du premier ministre : qu’ils dégagent tous !
Wolfgang Mandelbaum

Quelques jours après l’invasion du palais présidentiel sri-lankais et l’annonce de la démission du Président, Gotabaya Rajapaksa, celui-ci a fui le pays à bord d’un jet militaire en partance pour les Maldives. Désigné pour assurer l’intérim, son premier ministre, Ranil Wickremesinghe, a vu sa résidence envahie par les manifestants, qui refusent de voir accéder au pouvoir un autre membre de la caste présidentielle.

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Crédits photo : AP Photo/Eranga Jayawardena

Poussé vers la sortie samedi dernier, le président Gotabaya Rajapaksa a finalement fui le pays mercredi, jour où il devait annoncer sa démission. L’annonce de son départ a reçu un accueil mitigé de la part des manifestants, entre satisfaction d’avoir réussi à chasser un de leur principaux tortionnaires, et crainte que celui-ci n’ait pas à rendre de comptes pour avoir plongé le pays dans le chaos, par sa gestion désastreuse des affaires économiques et son accentuation des antagonismes interreligieux et interethniques.

Avant sa fuite, Rajapaksa aurait désigné son premier ministre, Ranil Wickremesinghe, à l’intérim de la présidence. Le nouveau président de facto, qui était premier ministre depuis la démission du frère du président Mahinda Rajapaksa en mai dernier, n’a pas calmé la rue. Politicien professionnel, premier ministre à quatre reprises depuis 30 ans, Wickremesinghe fait partie de cette caste de politicards dont les manifestants veulent se débarrasser.

Samedi dernier, Wickremesinghe avait en effet annoncé son intention de démissionner du poste de premier ministre pour laisser place à un gouvernement d’Union nationale. Un gage donné au FMI et aux détenteurs de la dette sri-lankaise, puisque ce nouveau gouvernement aurait pour tâche principale le remboursement de la dette par la mise en œuvre de politiques d’austérité.

Au moment où Rajapaksa fuyait le pays, son successeur annonçait par ailleurs l’instauration de l’état d’urgence et d’un couvre-feu dans la Province de l’Ouest (qui comprend la capitale Colombo), puis dans tout le pays. Des mesures autoritaires qui qui se sont montrées inefficaces à de multiples reprises depuis avril. Les manifestants se sont d’ores-et-déjà emparé de la résidence du nouveau Président, malgré les attaques de la police qui a essayé de disperser la foule à coup de gaz lacrymogène et de canons à eau ; un homme est mort asphyxié par les lacrymos.

Wickremesinghe à en outre enjoint l’armée à faire tout son possible pour restaurer l’ordre, contre ce qu’il nomme « une menace fasciste contre la démocratie » ; une nouvelle mesure autoritaire de dernier ressort, mais que les commentateurs jugent peu à même de « restaurer l’ordre », et va au contraire avoir pour effet de radicaliser encore plus les manifestants.

Le flou politique qui s’installe plonge également les pays occidentaux, qui détiennent 80 % de la dette sri-lankaise, dans l’incertitude. La famille Rajapaksa, qui tient le pays depuis des décennies, était une marionnette des puissances impérialistes et du FMI ; celles-ci ont toutefois lâché Gotabaya Rajapaksa devant son incapacité à rembourser la dette de son pays, son impuissance à restaurer l’ordre, mais surtout depuis son rapprochement successifs avec la Chine 一 qui a financé de nombreux projets ces dernières années 一, mais aussi avec la Russie 一 dans l’espoir d’obtenir des prix plus favorables pour les imports pétroliers.

Mais le principal sujet d’inquiétude pour les puissances capitalistes reste le risque d’une propagation de la révolte sri-lankaise à d’autres pays. Déjà dans de nombreux pays en effet la colère monte contre la vie chère et la baisse du pouvoir d’achat, conséquence d’une inflation galopante et non-maîtrisée ; si les manifestations sont pour le moment plutôt circonscrites, la crainte d’un embrasement sur le modèle radical sri-lankais peut être un sujet d’inquiétude pour les gouvernants, en particulier dans les pays semi-coloniaux, où les manifestations contre la vie chère se sont multipliées ces dernières semaines.

De fait, les Sri-lankais ont montré une radicalité et une détermination dans la lutte qui leur a permis de renverser le gouvernement par la pression de la rue. La révolte au Sri Lanka est l’expression la plus aboutie de la crise mondiale, qui se cristallise actuellement autour de la question de l’inflation. Reste à savoir quelle issue trouvera cette crise.

 
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