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La Izquierda Diario
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Pour un droit à l’avortement sûr, libre et gratuit !
Aux États-Unis, des livreur.ses d’UPS s’engagent dans la lutte pour le droit à l’avortement
Left Voice - US

L’abrogation par la Cour Suprême de l’arrêt qui garantissait le droit à l’avortement a marqué le début d’une attaque historique contre les droits reproductifs et contre la classe ouvrière plus généralement. Des syndicalistes d’UPS s’expriment en faveur des droits reproductifs et exigent que leur syndicat s’empare de ce combat !

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Crédit photo : @luigiwmorris via LeftVoice

Cet article est une traduction d’un article paru dans Left Voice, le 17 août 2022. Il a été écrit par Thaddeus Greene, travailleur dans le secteur de la logistique à New-York.

Lors de la récente assemblée générale de juillet de la section 804 du syndicat des Teamsters [NdT : Teamster est le terme désigne qui désigne un camionneur, un chauffeur, le terme désigne par extension les membres de la International Brotherhood of Teamsters, un syndicat qui compte environ 1,2 millions de syndiqué.es] à New York, les travailleur.ses d’UPS se sont exprimé.es au sujet de la récente attaque contre le droit à l’avortement. Angelique Dawkins, du Comité des femmes de la section locale 804, a pris le micro et a prononcé un discours émouvant dénonçant l’attaque contre le droit à disposer de son corps, soulignant que les restrictions à l’avortement nuiront, en particulier, aux travailleuses, comme sa fille.

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Comme l’indique la déclaration du Comité des femmes :

« Les conséquences de cet arrêt vont toutefois bien au-delà de la seule autonomie corporelle des femmes. La Cour suprême a cité [une décision anti-syndicale de 2015] pour justifier l’annulation de droits existants, et a signalé son intention d’éroder davantage les libertés civiles comme le droit à la contraception et au mariage homosexuel. Nous nous trompons nous-mêmes si nous ne pensons pas qu’ils s’en prendront ensuite aux droits fondamentaux des travailleurs ».

La livreuse UPS, a terminé en faisant remarquer que « s’attaquer à un seul d’entre nous c’est s’attaquer à tous ». Elle a exhorté les teamsters présent.es à « s’engager à mobiliser tous les membres intéressés pour défendre nos droits civils et notre démocratie. » Pendant la lecture de la déclaration du comité des femmes de la section syndicale, de nombreuses membres de ce comité se sont approchées du micro pour manifester leur soutien, et le discours a été ovationné par les 175 personnes présentes dans la salle.

Peu après, Ben Douglass, militant des Teamsters du dépôt de Metro Queens, a pris la parole pour appuyer la déclaration du Comité des femmes. Il a fait remarquer qu’il était grand temps que la section 804 et l’ensemble du syndicat des livreur.ses prennent position pour défendre leurs propres membres et l’ensemble de la classe ouvrière qui seront les premières victimes des lois anti-avortement. Dans au moins huit États, l’avortement est désormais rendu impossible, a-t-il souligné, et cela a conduit une victime de viol âgée de 10 ans à devoir passer dans un État voisin pour avorter.

Il a exhorté la section 804 à suivre l’exemple de la section 210 des livreur.ses, qui représente 9.000 New-Yorkais.es et qui exige que les soins de santé, et en particulier ceux liés à la liberté de disposer de son corps soient "sûrs, libres et gratuits".

Les livreurs doivent mener une lutte efficace pour les droits reproductifs

Cette réponse des travailleur.ses à l’attaque contre les droits reproductifs doit être entendue par l’ensemble des directions syndicales. Le moment est venu de se mobiliser pour le droit à l’avortement, de porter systématiquement ces discussions dans nos syndicats et lieux de travail. Chaque jour, les chauffeur.euses et les magasinier.es sont confronté.es à de longues journées de travail, aux bas salaires (en particulier dans le cas des travailleur.ses à temps partiel) mais aussi confrontés au harcèlement des patrons et aux conditions de travail dangereuses dues à la canicule en été et au froid terrible en hiver. Nos collègues femmes et LGBT doivent également faire face à tous ces problèmes, en plus de souffrir de discrimination. Amener la discussion et organiser la lutte pour le droit à l’avortement sur nos lieux de travail permettrait aux syndicats de se renforcer et de renforcer nos membres les plus opprimés pour qu’ils puissent faire valoir leurs revendications et que l’on se batte collectivement pour elles.

L’attaque contre les droits reproductifs est aussi une attaque contre notre capacité à travailler. Le droit à la parentalité ne consiste pas seulement à décider quand avoir un enfant ou non. Il s’agit aussi d’avoir des conditions de travail qui nous permettent d’en profiter et d’offrir à nos enfants une enfance digne de ce nom : sans pauvreté, avec tous les services, l’éducation, les loisirs dont ils ont besoin et qu’ils méritent. La lutte pour le droit à l’avortement est un moyen de travailler à l’unité des rangs ouvriers au sein du syndicat des livreur.ses, de s’unir au-delà des divisions d’emplois (entre livreur.ses et employé.es d’entrepôt par exemple), au-delà des divisions raciales ou de genre car ces revendications concernent l’ensemble de la société.

C’est pourquoi il est si important que les dirigeants du syndicat des Teamsters encouragent et soutiennent pleinement des initiatives telles que les manifestations sur le droit à l’avortement. Il est nécessaire que les syndicats utilisent leurs moyens de communication pour les diffuser et qu’ils offrent des espaces de réunion où les travailleur.ses peuvent avoir des conversations ouvertes et où nous pouvons décider ensemble de la meilleure façon de nous organiser pour défendre l’ensemble de nos droits. Car alors que l’amendement Roe v. Wade a été abrogé, la quasi-totalité des directions syndicales des Teamsters n’ont pas levé le petit doigt, quand bien même cette attaque va impacter directement les femmes et personnes trans parmi le syndicat et les salarié.es en général.

Il est impératif que la voix des membres du comité des femmes et des autres membres de la base de notre syndicat soit entendue, que nous nous mobilisions pour que l’ensemble de la direction du syndicat des Teamsters prenne la défense du droit à l’avortement.

Notre lutte va au-delà du lieu de travail

Les Teamsters restent un bastion majeur de la classe ouvrière. Ils comptent 1,2 million de membres, dont 35 % de femmes. Rien que chez UPS, ils comptent 350 000 membres, sur un lieu de travail où leur contrat collectif expire dans un an et où les travailleurs se préparent à ce qui pourrait être la plus grande grève aux États-Unis depuis plusieurs décennies. 

Nous avons la possibilité de mener un véritable combat contre les patrons d’UPS, d’inclure les membres de la base dans les négociations et de revenir sur des années de concessions. Cela ne sera pas possible si la base de notre syndicat, tant les chauffeur.euses que les magasinier.es, ne prennent pas cette lutte en main. Nous avons besoin de la démocratie la plus large possible au sein de notre syndicat et nous avons besoin d’une base puissante pour réussir. 

L’expansion rapide de la main-d’œuvre, de plus en plus métissée, met en contact quotidien des travailleurs du monde entier et a le potentiel d’insuffler au mouvement syndical américain des traditions militantes d’Amérique latine, des Caraïbes et d’ailleurs. De nombreux travailleur.ses noir.es de New York et leurs familles ont par exemple soutenu ou ont fait partie du mouvement Black Lives Matter. Les travailleur.ses d’UPS ont traversé la pandémie en tant que travailleur.ses de première ligne, risquant leur vie pendant que les patrons gagnaient des milliards, ce qui a renforcé leur haine de classe.

Il est vrai qu’à l’échelle nationale, environ 50 % des chauffeur.euses qui ont voté, ont voté pour Trump. Et pourtant, un pourcentage croissant du syndicat est composé d’immigré.es ou d’enfants d’immigré.es qui sont moins réceptifs aux appels xénophobes et plus ouverts aux discussions sur le changement social, la justice sociale et même le socialisme. 

Souvent, les dirigeants syndicaux utilisent les secteurs conservateurs du syndicat comme excuse pour ne pas défendre l’accès à l’avortement ou les questions plus larges d’égalité. Il est vrai que le syndicat dans son ensemble comptant plus d’un million de membres, il reflète les divisions sociales, politiques et culturelles de la société. Il ne s’agit pas de cacher sous le tapis cette division mais de montrer que cette lutte est aussi une question de classe. 

De nombreux travailleur.ses d’UPS seront obligé.es de se déplacer pour avorter. Quelle sera la réponse de notre syndicat dans une telle situation ? Nous ne devons pas laisser nos frères et sœurs du syndicat résoudre cette question seules, sans soutien. Nous devons devenir un exemple pour le mouvement ouvrier organisé et non organisé, en montrant comment la classe ouvrière doit lutter pour ses droits sur le lieu de travail et en dehors. 

D’un point de vue révolutionnaire, notre objectif doit être de construire l’unité de combat maximale dans la lutte contre le patron, en encourageant chaque travailleur.se à s’impliquer, à dire ce qu’il ou elle pense et à se préparer à une bataille de classe majeure. Les divisions qui existent réellement au sein de la main-d’œuvre ne font qu’affaiblir notre solidarité contre le patron.

La lutte de classe sur le plan économique est importante. Et pourtant, la lutte pour de meilleures conditions de travail ou de meilleurs contrats est toujours profondément limitée dans sa portée, et doit être élargie pour inclure les questions de genre et d’oppression raciale, par exemple. En effet, un grand nombre de syndiqué.es actuellement désintéressé.es de la vie syndicale et politique pourraient s’y engager si notre syndicat entrait dans une véritable lutte contre le racisme, le sexisme et la xénophobie. Nous avons déjà vu, lors du soulèvement de BLM, que de nombreux livreur.ses étaient désireux et prêts à se battre pour des gains plus larges. 

Si un tiers du million de travailleur.ses d’UPS se mettent en grève, notre lutte marquera le monde. C’est un combat dans lequel il vaut la peine de se lancer. Et la lutte pour l’égalité sociale - pour les femmes, les personnes LGBT, les travailleur.ses et tous les autres - est la clé pour unir nos forces et lutter pour un changement réel et durable de la société.

 
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