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La Izquierda Diario
22 de août de 2022 Twitter Faceboock

Polémique réactionnaire
« Kohlantess » à la prison de Fresnes : Dupond-Moretti drague l’extrême-droite en surfant sur la polémique
Jean-Baptiste Di Veroli

Le 7 août, une édition de Kohlantess, journée d’activités et de défis sportifs, organisée à la prison de Fresne a été diffusé sur Youtube. Des images reprises par l’extrême droite pour bricoler une polémique qu’a rapidement reprise le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti.

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Crédits photo : THOMAS COEX | Crédits : AFP

Le 27 juillet dernier, s’est tenu à la prison de Fresne dans le Val-de-Marne un événement intitulé « Kohlantess » qui a été diffusé le 7 août sur Youtube. Animé par Djibril Dramé, Kohlantess s’inspire du jeu télévisé « Koh-Lanta » et prend la forme d’un acte caritatif autour d’animation ludique en équipe, l’événement prend généralement place dans les quartiers populaires.

Pour cette édition, Djibril Dramé s’est mis en lien avec la direction de la prison de Fresnes afin de réaliser l’événement au sein de la prison, en faisant participer prisonnier, matons et jeunes des quartiers populaires de Fresnes. Une activité qui a suffit à indigner la droite et l’extrême droite. Ceux-ci ont en effet multiplié les tweets, jugeant les images de l’événement « choquantes », dénonçant l’activité et et en profitant pour diffuser leurs mensonges habituels sur la prison, décrite comme un « gigantesque Club Med ».

Face à la polémique, Eric Dupond-Moretti s’est exprimé sur la polémique, s’alignant sur cette ligne réactionnaire. Jugeant à son tour les images « choquantes », le ministre de la Justice a en effet surjoué l’indignation, annonçant avoir « ordonné une enquête pour que toute la lumière soit faite », et laissant ainsi entendre que l’activité dérogeait aux règles de la prison.

Or, comme le souligne le président de l’Observatoire international des prisons Matthieu Quinquis, interrogé par Libération : « les images enregistrées en prison font l’objet d’un contrôle étroit de la part de l’administration pénitentiaire. Il est donc certains que ce programme « Kohlantess » a été validé par la hiérarchie. Faire croire que ces choses ont été faites dans l’ombre, sans mauvais jeu de mots, c’est faux ». De même, selon RMC, la direction de la communication du ministère de la Justice aurait visionné plusieurs fois les vidéos avant publications, allant jusqu’à demander que certains plans soient modifiés pour flouter des détenus. Comme Darmanin ou Macron avant lui, le ministre semble donc avoir menti pour satisfaire la droite et l’extrême-droite.

Une fois de plus, la macronie surfe sur une polémique d’extrême-droite. Un micro-scandale qui, au passage, conduit à passer sous silence les questions réelles que soulèvent les conditions d’incarcérations en France. A ce titre, comme le relève Matthieu Quinquis dans Libération, la prison de Fresnes est connue pour être une prison où les détenus vivent aux côtés de rats et de cafards, avec des défaillances au niveau de l’aération, problèmes d’autant plus grave que la France ne cesse de traverser des épisodes caniculaires.

Plus largement, la prison est une institution dont le rôle est d’exercer la violence physique et psychologique sur les détenus, en les maintenant dans un statut de sous-hommes et en les privant des droits les plus élémentaires. Le fait de subir l’isolement, d’être privé de sociabilité, d’un espace décent pour vivre, de toute intimité, d’une nourriture décente, d’accès aux soins, etc, en plus d’être exposé à la violence continue des matons, conduit les détenus à souffrir largement de maladies mentales (taux de pathologies psychiatriques 4 à 10 fois plus élevé en prison qu’à l’extérieur). C’est ce dont témoignent les nombreux suicides en prison (6 fois plus élevés qu’à l’extérieur). La France a par ailleurs été condamnée à 18 reprises par la Cour européenne des droits de l’homme, dont les exigences en terme de respect des droits humains ne sont pourtant pas bien hautes, pour violation de l’article 3 de la CEDH c’est à dire pour « torture et traitement inhumain ou dégradant ».

Ce sont ces problématiques que les réactionnaires tentent de masquer lorsqu’ils alimentent le fantasme délirant de prisons Club Med. A l’opposé de ces délires, la prison constitue aujourd’hui un des éléments de l’appareil répressif de l’Etat, une institution qui broie ceux qui y entrent, et qu’il y a urgence à abolir.

 
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