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5 de septembre de 2022 Twitter Faceboock

Sous-traitance
« Avant les grèves étaient taboues, on a changé les choses ! » : les agents de piste de Roissy en lutte
Alexis Taïeb

Sous-effectif, manque de moyens, difficulté face à l’inflation… Le 3 septembre, la colère a explosé chez les salariés de l’entreprise AGS, sous-traitante de Air-France, qui se sont mis en grève pour la première fois depuis 2006.

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Crédits photo : Le Parisien

Le 3 septembre dernier, les salariés de l’entreprise sous-traitante d’Air France, AGS, se sont mis en grève, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales (CGT – FO – CFTC – SMA) pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail et leur difficulté à faire face à l’inflation. Un moment fort pour les travailleurs de la boîte, dont la dernière grève remonte à plus de 10 ans, comme l’explique à Révolution Permanente Majid, délégué syndical CGT : « c’est la première grève dans la boite depuis 2006, les salariés sont très remontés. On a subi un accord de performance collective pendant le COVID, qui nous a supprimé tous nos acquis. Depuis, la colère s’accumule et il y a un ras-le-bol général. »

Alors que les salariés d’AGS, qui ont pour tâches de décharger la cargaison des avions qui arrivent dans l’aéroport, ont été l’une des seules entreprises à continuer de travailler durant la phase COVID sans recevoir aucune reconnaissance en retour, ils se confrontent, encore aujourd’hui, au mépris d’une direction qui dégrade continuellement leurs conditions de travail et dénigre les salariés. « On doit travailler en sous-effectif. Auparavant nous étions environ sept ou huit salariés pour décharger un avion, aujourd’hui, on est trois ou quatre, pour la même charge de travail. Cela pose de sérieuses questions de sécurité, on doit prendre de plus en plus de risques » continue le délégué.

Plus récemment, l’été, marqué par une canicule historique, a été particulièrement éprouvant pour les travailleurs de AGS. C’est ce qu’exprime Patrice* : « on veut être récompensé pour le travail fourni cet été. On a dû travailler avec des machines défectueuses, sans jamais avoir aucune pause, sous des fortes chaleurs, on recevait les bouteilles en retard. La canicule nous a fait très mal. Il faut savoir que, sur une piste d’aéroport, la chaleur est multipliée par deux ».

Une accumulation de colère donc, pour les salariés, à laquelle l’inflation a rajouté une couche supplémentaire : « avec la guerre, tout augmente, c’est devenu tellement cher, que l’on ne peut plus s’en sortir » témoigne Patrice*. Le prix de l’essence, également, qui, malgré une légère baisse, reste encore très élevé (1,80 euro pour le Gasoil au 1er septembre), impacte tout particulièrement les salariés de l’aéroport de Roissy, qui doivent effectuer de nombreux de kilomètres pour se rendre sur leur lieu de travail : « je dois faire plus de 50 km tous les jours pour venir, ça fait environ 100 euros par semaine, c’est intenable. » continue le salarié. Un budget considérable pour ces derniers, dont le revenu est globalement au SMIC, couplé à des primes, comme celles de nuits, toujours diminuées.

Une première expérience de grève pour beaucoup de salariés

Alors que l’entreprise n’a pas connu de grève plus d’une dizaine d’année, beaucoup de travailleurs ont effectué leur première grève ce 3 septembre, comme Karim* et Patrice*. « Avant, les grèves étaient un sujet tabou à AGS, aujourd’hui, on a changé les choses » notait le premier, quand le second ajoutait : « cette grève n’est pas que pour nous, c’est pour tout le monde, on est tous impacté de la même manière ».

Ainsi, au sortir de cette première journée, les grévistes sont ressortis renforcés et encore plus déterminés. Dès cette semaine, ils ont prévu des débrayages de deux heures durant les heures pointes. « L’employeur veut nous faire croire qu’il n’a pas été impacté, mais les compagnies sont très remontées, on a mis en retard pas mal d’avions, on a réussi à toucher l’employeur. Les débrayages à venir vont faire mal » expliquait Majid.

Une première expérience qui va servir pour les mois à venir qui s’annoncent particulièrement tendus, au regard de la situation économique qui continue de se dégrader. Dans ce contexte, les conflits entre le monde du travail et le patronat vont devenir de plus en plus inévitables.

Il y a quelques semaines encore, une grève historique frappait l’aéroport de Roissy, afin d’exiger « 300 d’euros d’augmentation pour tous ». Cette grève, par son caractère inter-entreprise, avait surpris beaucoup de patrons de l’aéroport, et ses effets se font encore sentir. Cette nouvelle grève chez AGS pourrait remettre à l’ordre du jour le mouvement de grève sur l’aéroport, avec au centre du mouvement des grèves d’entreprises de plus en plus importantes.

*Les prénoms ont été modifiés.

 
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