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La Izquierda Diario
19 de septembre de 2022 Twitter Faceboock

Lutte des avocats
Inflation : la grève des avocats anglais pour l’augmentation de l’aide juridictionnelle continue
Joshua Cohn

Depuis début septembre, les avocats pénalistes anglais et gallois sont en grève pour exiger une hausse de l’aide juridictionnelle. Cette lutte s’inscrit dans un contexte de forte combativité outre-Manche, sur fond d’inflation galopante.

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Le 5 septembre dernier, l’association des avocats pénalistes d’Angleterre et du Pays de Galles annonçait une grève illimitée pour l’augmentation de l’aide juridictionnelle censée aider les personnes les plus démunies à payer leur avocat, et permettant à ceux qui les défendent de se rémunérer. En effet, outre-Manche, les jeunes pénalistes sont épuisés et touchent un revenu inférieur au salaire minimum les deux premières années de leur exercice.

Tandis que selon la Banque d’Angleterre, l’inflation au Royaume-Uni devrait s’établir à 13 % sur l’année, le gouvernement britannique ne prévoit une augmentation de l’aide juridictionnelle que de 15 %. Une réponse très insuffisante face à la gravité de la situation.

Pourtant, l’aide juridictionnelle est déjà plus qu’insuffisante et délivrée dans des conditions très restrictives. C’est pourquoi l’association des avocats pénalistes exige une augmentation de son montant de 25 % afin d’assurer, malgré l’inflation, une progression de sa valeur réelle. A cela s’ajoute, tout comme en France, les délais auxquels les classes populaires sont confrontées lorsqu’elles saisissent la justice, généralement de plusieurs années. Pourtant nous savons en France que la justice sait être rapide lorsqu’il faut réprimer des manifestants, décider du maintien en centre de rétention administrative de personnes sans papiers ou encore déloger des grévistes. Par ailleurs, les coûts et des délais qui empêchent les plus pauvres de pouvoir saisir les tribunaux.

L’appel à la grève du 5 septembre, qui a donné lieu à plusieurs journées d’action au cours desquelles des avocats ont refusé de se rendre en audience et manifesté devant les palais de justice, s’inscrit dans la continuité de premières actions menées au mois d’avril puis d’une série de débrayages organisées durant quatre semaines à partir du 27 juin. D’après la Law Gazette, Dominic Raab, le ministre de la Justice, aurait demandé aux greffes de transmettre les noms des avocats grévistes au Ministère.

Mais surtout, cette mobilisation des avocats pénalistes anglais et gallois résonne avec le contexte de lutte de classe exacerbée ces dernières semaines au Royaume-Uni marqué par la grève inédite des cheminots depuis 30 ans, mais également des dockers ou encore des postiers. D’autres secteurs prévoyaient des actions, comme les journalistes à compter du 14 septembre.

Cependant, à rebours de la nécessité de discuter de l’extension de la grève, les principales directions syndicales ont annulé les actions à venir après l’annonce du décès de la reine Elisabeth II.

Ainsi, au nom de la prétendue unité nationale autour du deuil royal, la nécessité d’un plan de bataille qui discute de la perspective de la grève générale est mise sous le tapis. Les travailleurs britanniques sont sommés de mettre en sourdine leurs revendications, de fermer les yeux sur la baisse considérable de leur pouvoir d’achat provoquée par l’inflation, notamment en matière d’énergie et de laisser une longueur d’avance à Liz Truss, la nouvelle Première ministre conservatrice, admiratrice revendiquée de la dame de fer Margaret Thatcher.

L’association des avocats pénalistes a accompagné le mouvement dans un communiqué du 9 septembre, en annulant les manifestations programmées. Toutefois, la grève est maintenue et les avocats participant au mouvement refusent toujours de se rendre en audience.

Pour obtenir des avancées dans le contexte d’inflation galopante, les travailleurs britanniques doivent refuser l’unité nationale et reprendre le chemin des luttes avec un plan de bataille à la hauteur de la combativité qui s’est manifestée dernièrement.

En France aussi, les avocats doivent choisir leur camp. Les avocats de travailleurs, des étrangers, des détenus et de l’ensemble des classes populaires devraient prendre exemple sur leurs confrères outre-Manche qui sont descendus dans la rue. Mais les revendications des avocats doivent s’étendre, comme ils doivent se rallier aux luttes des travailleurs. En Angleterre leur place est aux côtés des cheminots, des postiers et des infirmières, pour revendiquer une extension et augmentation de l’aide juridictionnelle, mais aussi et surtout revendiquer des hausses de salaires généralisées. Leur mouvement est un exemple de comment les avocats peuvent prendre place du bon côté de la barricade et choisir leurs alliés.

 
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