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La Izquierda Diario
23 de septembre de 2022 Twitter Faceboock

Réforme des retraites
« Passage en force » : Macron face au risque de division dans sa propre majorité
Erell Bleuen

On savait l’opposition politique, excepté LR, globalement hostile à la réforme des retraites. Cette semaine, en « passant en force », Macron a réussi le tour de force de créer des dissensions profondes au sein de sa propre majorité. Macron n’est plus Jupiter, et il pourrait se bruler les ailes.

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Crédits photo : AFP

Ce jeudi, le chef de l’État donnait une interview à BFM TV depuis son jet privé et réaffirmait sans sourciller qu’il était « convaincu » que la réforme des retraites était « une nécessité ». Pour justifier son argumentaire, il a insisté sur le « déficit » budgétaire français qui freinerait les « investissements », et qu’il faudrait donc « avoir plus de gens au travail et travailler un peu plus longtemps ».

Dans cette même interview, Macron a appelé le gouvernement à « lancer une discussion avec les forces sociales, syndicales et patronales, avec les forces politiques » tout en insistant pour que la réforme soit menée « de manière transparente, de manière claire, de la manière la plus apaisée possible ». Un moyen de rejeter la responsabilité de la méthode qui sera mise en œuvre sur le gouvernement qui doit se mettre en ordre de bataille pour mener la réforme des retraites.

Pour Macron, il faut taper vite et fort

Il s’agit aussi d’une sortie particulièrement hypocrite. En effet, Macron lui-même est le premier artisan du « passage en force ». C’est dans une interview devant des journalistes sélectionnés par l’Elysée que le chef de l’Etat lui-même a avancé la méthode visant à faire passer la réforme des retraites en catimini.

Mais pourquoi ce changement de cap de Macron ? La première raison vient de l’aiguisement des éléments de crise ouvert notamment la question énergétique. Il s’agit dès lors pour Macron d’engager le plus rapidement possible la réforme des retraites alors que la crise sociale pourrait s’accentuer dans les prochains mois. Dans le même temps, les directions syndicales semblent être vent debout contre tout report de l’âge légal à la retraite. C’est ce que pointe Marc Ferraci dans Le Monde « il n’est pas certain que quelques mois de concertation supplémentaires fassent bouger les lignes, alors que les positions des différents acteurs sont parfaitement connues ». Tandis qu’Olivier Véran affirmait sur RTL ce matin que « ceux qui préfèrent augmenter les impôts, augmenter la dette ne changeront pas d’avis ». Autant donc y aller vite et fort.

Une « guerre éclair » donc qui pourrait aussi permettre de profiter « en même temps » d’une rentrée marquée par la faiblesse des oppositions politiques. Comme le note l’Opinion, « LR a le nez dans son congrès et la Nupes, la tête dans des affaires de violences subies par les femmes… de certains de ses dirigeants ». De quoi ouvrir une fenêtre de tir pour Macron qui, toujours empêtré dans la crise politique, veut à tout prix éviter « sa chiraquisation », la réforme des retraites restant l’une des mesures totem du président des riches.

Des dissensions profondes au sein de la majorité

Mais alors que les partis du centre et de la droite s’accordent sur le fond de la réforme, Macron crée la dissension sur la méthode. En laissant planer la menace d’un passage en force avec le 49.3, par le biais du Projet de loi de finance pour la Sécurité Sociale (PLFSS) sous la forme d’un amendement, il a provoqué une levée des boucliers jusqu’au sein de la majorité. François Bayrou déclarait la semaine dernière dans les colonnes du Parisien qu’il était « opposé à un passage en force » - probablement effrayé de voir le CNR qu’il préside s’effondrer ou encore d’une méthode qui coaliserait un front social, suivi quelques jours plus tard par Jean-Paul Mattei, nouveau président du MoDem qui annonçait que leurs députés voteraient contre la réforme si elle était proposée sous la forme d’un amendement.

De son côté, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet s’est elle aussi opposée à ce type de méthode, ce jeudi sur France Info, en insistant sur la nécessité de « prendre le temps de la concertation ». Elle affirmait ainsi : « Je n’ai jamais été favorable aux amendements qui portent en eux-mêmes une réforme d’importance parce qu’ils n’ont pas été expertisés par le Conseil d’Etat, n’ont pas fait l’objet d’une étude d’impact, n’ont pas été travaillé par les parlementaires en amont au sein de leur commission ».

Macron n’est plus Jupiter : à nous de préparer la riposte !

Les désaccords qui émergent au sein de la macronie sur la méthode pourraient ouvrir une crise importante au sein du bloc macroniste et viennent exercer une pression supplémentaire sur Macron. Celui qui n’est plus Jupiter mais souhaite tout de même « montrer les muscles » semble vouloir prendre le dessus sur la crise politique dans laquelle il était plongé.

Une position qui semble être alimentée par un renouveau de confiance lié à une rentrée sociale particulièrement en deçà du niveau de l’urgence de la situation, faute notamment d’un plan de bataille sérieux des directions syndicales. Sur la forme comme sur le fond, rien n’est encore tranché pour le président des riches, mis à part qu’il cherchera à imposer coûte que coûte un round II de la réforme des retraites – à nous de préparer la riposte.

 
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