Nous relayons ce communiqué d’appel à une marche de soutien aux révoltes en Iran, ce dimanche 9 octobre à Paris.
Cela fait près de 3 semaines que la République islamique d’Iran a mis à mort Jina, jeune femme kurde en visite à Téhéran. Elle n’était pas assez voilée pour la police des mœurs de la République islamique d’Iran. Depuis, pas un seul jour sans que des milliers de femmes, parfois très jeunes, ne défient les forces de l’ordre. Pas un seul jour sans qu’elles ne visent ce régime patriarcal en affirmant leur droit à exister, avec ou sans voile, comme elles le veulent.
Femmes, vie, liberté !
Jour et nuit la jeunesse d’un nombre toujours plus grand de villes entre en insurrection, fait reculer les forces de l’ordre, crie, course les forces de l’ordre, lance des pierres, fait reculer des hommes armés jusqu’aux dents. Des forces de l’ordre, nombreuses et variées, en civil ou en uniforme, unies dans une répression sans limite.
Elles et ils occupent la rue, défient le patriarcat, et crient leur haine contre ce régime et demandent justice. Elles et ils menacent :
« C’est notre dernier avertissement, c’est l’ordre même que nous visons »
Toutes et tous restent debout, malgré la violence sans limite, malgré la répression d’une ville en deuil (Saqqez, ville de naissance de Jina 17 septembre), malgré les arrestations préventives de centaines de militants ouvriers, syndicaux, étudiants, associatifs, d’universitaires, de sportifs, malgré les meurtres de masse (Zahedan vendredi 30 septembre), malgré les arrestations et tabassages dans les universités (université Sharif, dimanche 2 octobre), malgré les menaces d’un guide dont tout le monde attend la mort (dimanche 2 octobre).
Malgré la répression des mouvements de travailleurs de ces dernières années, des organisations syndicales appellent à la grève pour faire tomber ce régime qui pille, exploite, tue, viole et prétend lutter contre l’impérialisme US alors qu’il réprime des peuples en lutte, en Iran comme ailleurs. Des grèves ont été largement suivies au Kurdistan, d’autres pointent ailleurs.
Les étudiant.es sont entré.es en grève générale dans tout le pays depuis samedi 8 octobre. Des lycéennes les rejoignent, des organisations enseignantes appellent à la grève, des militant.es féministes et ouvriers disent leur soutien depuis leurs cellules. Nul ne peut prédire l’issue à court terme de ces mobilisations. Mais elles marquent sans aucun doute un tournant dans l’histoire des luttes et des résistances en Iran.
Hors d’Iran, des femmes du Kurdistan, d’Afghanistan, de Turquie, mais aussi du Soudan et de Tunisie, les soutiennent et font vivre une solidarité féministe internationale sans précédent.
Vive la solidarité internationale des femmes et des peuples en lutte contre toutes les oppressions !
Dans les pays dits du Nord, de Biden à Meloni, du côté des forces impérialistes comme de celui des nostalgiques du fascisme, l’unanimisme règne : tous les chefs d’Etat expriment leur « solidarité avec les femmes iraniennes ». En France, les forces réactionnaires crient à l’unisson « regardez les femmes iraniennes qui brûlent leur voile » et reprennent leur rengaine habituelle contre les musulmane.es de France.
Non à l’instrumentalisation des luttes des femmes d’Iran !
Nous, qui avons un lien avec l’Iran, réfugié.es, immigré.es, étrangère.s ou français.es et leurs descendant.es ; nous féministes, anti-impérialistes et opposé.es à toute forme de pouvoir répressif, en Iran comme ailleurs, nous voulons occuper la rue pour soutenir les femmes, les travailleuses et travailleurs, les minorités ethniques et religieuses, les minorités de genre et de sexualités ; tous les invisibles, méconnus ici, méprisés en Iran même : les travailleurs afghans et leur famille, mais aussi les descendants d’immigré.es afghan.es vivant par milliers en Iran, depuis plusieurs générations, parfois sans papiers, faisant l’objet de discriminations institutionnelles et d’un racisme généralisé. Nous appelons à nous rejoindre
- pour que les luttes d’émancipation d’Iran trouvent un écho ici
- pour incarner la solidarité internationale entre les peuples
- pour tenir à distance les forces réactionnaires :
o Celles qui ici ne s’intéressent pas aux luttes du Moyen-Orient que lorsqu’elles leur permettent de cracher sur lesmusulman.es et immigré.es de France (en Iran, les femmes se battent contre le voile obligatoire).
o Celles et ceux de la diaspora qui voient dans l’insurrection féministe d’aujourd’hui et les révoltes ouvrières d’hier une opportunité pour rappeler l’existence d’un prince. Comme le scandent les manifestant.es : Qu’ils soient guides ou rois, à bas les oppresseurs !
La voie est étroite mais nous nous y engageons au nom des luttes pour l’égalité ici et ailleurs, au nom des luttes féministes à travers le monde et en Iran, au nom de la solidarité internationale, au nom de l’anti- impérialisme des peuples et non des Etats.
Pour le droit à la joie, à la vie ! Pour les luttes d’émancipation en Iran et ailleurs ! Vive les luttes des femmes ! Vive la solidarité internationale !
9 Octobre à 15h, de Place des Fêtes à République. |
