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La Izquierda Diario
18 de octobre de 2022 Twitter Faceboock

L’autre candidate des riches
« Nous ne soutenons pas le blocage » : encore et toujours, le RN ennemi des grèves et des travailleurs
Gabriella Manouchki

Depuis le début de la grève des raffineurs, le RN se fait discret. Et pour cause : d’un côté le parti de Le Pen veut se faire passer pour une opposition à la politique de Macron, mais de l’autre il est profondément hostile à l’augmentation des salaires et aux travailleurs en lutte.

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Depuis le début de la grève des raffineurs, le RN était resté discret. Et pour cause : d’un côté le parti de Le Pen se veut une opposition à la politique de Macron, mais de l’autre il est profondément hostile à l’augmentation des salaires et aux travailleurs en lutte.
 
Les moments où la lutte de classe dicte le tempo de la situation politique sont toujours de mauvais moments pour l’extrême-droite. En effet, si le principe de son existence réside dans un discours d’opposition au gouvernement (alors que ses votes coïncident souvent), ses interventions dans les médias comme à l’assemblée passent vite au second plan quand notre classe s’exprime dans son propre langage, celui de la grève et des manifestations massives.
 
Alors que Le Pen faisait du « pouvoir d’achat » le thème central de sa campagne contre Macron, elle est restée silencieuse depuis le début de la grève des raffineurs et a choisi un dimanche en fin d’après-midi pour s’exprimer sur l’appel à la grève du 18 octobre. Au micro de BFMTV, elle a tenté une pirouette : « C’est à l’assemblée nationale que le combat doit être mené » - comprendre : « pas sur les piquets de grève ni dans la rue ». Une manière habile de dire sans le dire l’hostilité congénitale du RN envers les travailleurs qui décident de prendre leurs affaires en main. Une hostilité qui se traduit en attaques physiques quand les groupuscules fascisants qui gravitent autour du RN tentent de s’en prendre aux locaux syndicaux ou aux manifestations.
 
Sur le plateau de RMC , le député RN Jean Philippe Tanguy a été moins subtil en ce mardi matin de grève : « Nous ne soutenons pas le blocage », a-t-il affirmé. Mais, pour nuancer aussitôt, il a tenté d’expliquer en martelant à l’envi le coup de la « prise d’otage » de la population par la CGT, que c’est un problème de « méthode » qui retiendrait le RN de soutenir les salariés en grève. En 2019 pendant la réforme des retraites, selon la même rhétorique, le RN parlait déjà de la grève comme d’« une méthode archaïque » tout en essayant d’apparaître « en soutien » au mouvement. Une pensée aussi archaïque que la lutte des classes : les partis en faveur des patrons ont toujours trouvé à redire aux grèves ! Mais Tanguy doit prendre des pincettes : il est difficile d’assumer auprès de la base électorale populaire du parti lepéniste que le RN est en réalité en totale opposition aux revendications des grévistes.
 
C’est pourtant le cas : face à l’inflation, alors que les grévistes revendiquent 10% d’augmentation des salaires, voici la solution que propose le parti d’extrême-droite : « toutes les entreprises qui augmentent de 10% les salaires ne paieront pas de charges sur cette augmentation », comme l’a proposé le député RN chez RMC. Derrière cette mesure, présentée comme un « compromis » qui serait un « moyen d’aider les entreprises » tout en répondant aux revendications des grévistes, c’est bien une attaque contre les salariés qui se cache, une manœuvre typique de la droite traditionnelle : faire croire que le salaire brut (composé notamment des cotisations patronales) pourrait être réduit pour augmenter le net. Cela équivaut à un vol de salaire (différé), puisque c’est autant d’argent qui n’est pas cotisé pour la sécurité sociale, le chômage, la retraite. Autrement dit, le RN propose d’augmenter le salaire net en mordant sur le salaire brut, un peu comme le proposait Pécresse pendant la campagne présidentielle.
 
Une intervention politique en ce jour de grève qui, voulant rattraper le silence en apparaissant « au-dessus de la mêlée » comme l’ont expliqué en off des responsables RN, montre une fois de plus la véritable nature de ce parti : celle de meilleur ami des patrons. Si le parti de Le Pen s’oppose au gouvernement de Macron dans sa rhétorique, il ne peut que le rejoindre quand il s’agit de faire front avec lui contre les grévistes, contre les augmentations de salaire, pour défendre les intérêts du grand patronat.

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