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La Izquierda Diario
11 de novembre de 2022 Twitter Faceboock

Souffrance au travail
« J’ai cru mourir » : à Geodis Calberson, un salarié victime d’un accident de travail témoigne
Lisa Mage

En avril dernier, Aidara Cheikh, salarié à Geodis Calberson Gennevilliers, a été victime d’un grave accident de travail. Aujourd’hui encore en arrêt maladie pour se remettre de ses blessures physiques et psychologiques, il sort du silence pour témoigner face à une direction qui aurait tout tenté pour l’intimider.

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Photo : Révolution Permanente

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Aidara Cheikh était salarié de Geodis Calberson depuis à peine deux mois quand, le 23 avril dernier, il est victime d’un grave accident du travail. « J’ai eu un grave accident le 23 avril dernier, je suis tombé dans le trou entre le camion et le pont de chargement, je me suit gravement blessé au niveau des testicules et dans le pied. Je suis tombé devant tout le monde, je suis resté là pendant plusieurs minutes, j’ai cru mourir, j’ai commencé à appeler à l’aide et mes collègues ont forcé les responsables à appeler les pompiers » raconte-t-il.

Suite à cet accident, les travailleurs ont stoppé le fonctionnement du dépôt pendant 30 minutes pour apporter une aide d’urgence à leur collègue. Aidara dénonce la cadence imposée, le surmenage et les conditions de sécurité désastreuses dans l’entreprise. « Ça n’aurait jamais dû arriver, les responsables sont chargés de vérifier le bon positionnement des camions afin que ce genre de choses n’arrive pas. En plus, je ne suis même pas censé assurer le chargement et déchargement des colis, on m’a mis sur ce poste à cause du sous-effectif permanent ». En effet, cette nuit-là, par manque de travailleurs, ses supérieurs, en dépit des termes de son contrat de travail, l’avaient chargé du chargement et déchargement des colis.

Et ce n’est pas la première fois que de telles situations se produisent dans le but de maintenir la production. Effectivement, deux mois avant l’accident d’avril, Aidara avait déjà été victime d’un accident du travail : « Ce n’est pas la première fois. Avant ça, un transpalette d’environ 2000 kg m’était monté sur le pied, je n’arrivais plus à m’en défaire et mon responsable m’a dit de rentrer chez moi car, étant intérimaire, mes patrons allaient rompre mon contrat de travail si je les alertais ».

Cette fois, Aidara est en CDI et la rupture pure et simple de son contrat de travail n’est donc pas possible. « Le médecin du travail a expliqué que je devais changer de poste, qu’il n’était plus possible pour moi de porter des charges dépassant 10 kg. Il m’a même expliqué qu’il ne lèverait pas l’arrêt de travail tant qu’un autre poste ne serait pas disponible. Moi aussi je veux changer, cet accident est un réel traumatisme, j’en fais des cauchemars la nuit. »

Mais selon Aidara, sa direction refuse catégoriquement le changement de poste, prétextant qu’il n’y a pas de besoin de travailleur en plus pour le poste recommandé par la médecine du travail. Elle serait même allée plus loin en menaçant Aidara de le licencier s’il ne reprenait pas son ancien poste. « La direction nous méprise, le jour de mon retour, elle m’a fait attendre plusieurs heures avant de me renvoyer chez moi en prétextant qu’aucun poste n’était adaptée », explique le travailleur.

Et Aidara n’est pas au bout de ses peines. En arrêt de travail jusqu’au 30 novembre, il n’est plus payé depuis le 18 octobre : « Je suis un père de famille, j’ai des enfants et ça fait bientôt un mois que je ne touche plus de salaire. J’ai tout essayé, j’appelle la boîte, on ne me répond pas, on me dit que la DRH n’est pas là, que l’on va me recontacter, j’ai aussi envoyé des mails mais on ne me répond pas. »

Face à une direction muette et méprisante, les travailleurs de Geodis ont décidé de relever la tête et de se mettre en ordre de bataille. En grève depuis plus de trois semaines, ils luttent pour des meilleurs conditions de travail et des augmentations de salaire pour vivre dignement. L’histoire d’Aidara n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, et seul le rapport de force instauré par la grève permettra de faire plier ce patronat.

Contactée par Révolution Permanente, la direction de Geodis n’a pas donné suite à nos propositions d’interview.

 
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