Le procès de Mathieu Rigouste, militant et chercheur ayant subi des violences policières, n’est que la suite d’un long parcours de persécution judiciaire.
Mathieu Rigouste est reconnu dans le milieu militant pour ses ouvrages et travaux de recherche sur l’institution policière et les violences d’État. Parmi ses ouvrages, on peut citer La domination policière, l’un de ses travaux de sociologie les connus sur le caractère sécuritaire et raciste de l’État ainsi que sur le caractère systémique des violences policières.
Alors qu’il a toute sa vie combattu et dénoncé les violences policières, il subit lui-même dans la nuit du 21 au 22 juin 2013 de nombreuses violences de la part de trois policiers dans un commissariat de Toulouse. Le bilan des blessures constaté par les médecins est impressionnant : fracture du poignet gauche, traumatisme facial avec hématome, œdème péri-orbitaire, une plaie à la lèvre inférieure et une contusion à la cheville droite. L’étendue des blessures laissent deviner le calvaire subi entre les mains de la police.
Mathieu Rigouste va alors porter plainte contre les trois policiers qui l’ont tabassé. Cependant, comme dans la grande majorité des affaires de violences policières, les policiers sont innocentés et vont criminaliser la victime. Pour se justifier, la police trouve des arguments les plus fallacieux les uns que les autres, allant jusqu’à dire qu’il serait tombé tout seul, malgré les preuves accablantes de violences. La justice rendra donc un non lieu en août 2021, innocentant totalement les trois policiers.
Ce sera ensuite au tour de Mathieu Rigouste d’être envoyé sur le banc des accusés. Six policiers vont l’accuser d’« outrage, violence et rébellion », accusations pour lesquelles la peine maximale encourue est de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Les policiers réclament également qu’il soit fiché S.
Dans l’un de ses articles, le militant revient sur les déclarations des policiers : « Selon le Brigadier Anthony Capdecomme de la BAC, qui a joué un rôle de premier plan dans cette affaire, je serais apparu, j’aurais crié “La BAC fils de pute, bande de facho, allez niquer vos mères, allez vous faire enculer” puis j’aurais sauté “les deux pieds en avant ” sur le brigadier de la BAC Stéphane Lecoq, je me serais ensuite relevé et l’aurait frappé au visage, tout ça sans motif. »
Cette répression, et notamment la demande de fiche S contre Mathieu Rigouste, ne sont pas anodines. Le déferlement de violences puis l’acharnement judiciaire sont une attaque envers ce militant et chercheur qui a dénoncé et tenté de montrer à de multiples reprises le racisme et la violence systémiques de l’institution policière.
Dans un contexte où les violences policières sont de plus en plus banalisées avec toujours plus d’impunité, il est important de se réunir et de s’organiser pour dénoncer ces violences et exiger la justice et vérité, non seulement pour Mathieu Rigouste mais aussi pour toutes les victimes de violences policières, au premier rang desquelles se trouvent les personnes racisées et les quartiers populaires.
C’est pour cela que nous appelons tous nos lecteurs à venir nombreux au rassemblement de soutien appelé par le Comité Vérité et Justice 31 ce jeudi à 13h devant le Palais de Justice à Toulouse à l’occasion de son procès. Pas de justice, pas de paix !
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