Une nouvelle grève vient tout juste d’être entamée au Royaume-Uni chez les travailleurs du rail et les cheminots affiliés au syndicat Rail Maritime and Transport Workers (RMT). Cette grève qui représente près de 40 000 cheminots devrait toucher le Network Rail (société propriétaire du réseau ferroviaire) ainsi que 14 sociétés d’exploitation ferroviaire.
Cette grève fait écho aux grèves massives ayant eu lieu en novembre puis lors du réveillon qui ont affecté voire fait annuler près de 250 000 trains le 22 décembre dernier. Les directions des entreprises ferroviaires et du ministère conservateur des transports cherchent à tout prix à faire taire toute contestation en l’échange de miettes.
Début décembre, le syndicat RMT avait en effet refusé l’offre faite par les entreprises ferroviaires du Rail Delivery Group (RDG) face à la menace de grèves au moment des fêtes. De fait, celles-ci ne proposent à l’heure actuelle qu’une augmentation de salaire limitée à 4% cette année, et 4% l’année suivante, soit très en dessous de l’inflation, accompagnée d’attaques sur leurs conditions de travail. Une proposition acceptée en revanche par les syndicats TSSA et Unite.
Network Rail a prévenu que d’importantes perturbations devraient toucher l’ensemble du réseau ferroviaire anglais dans la semaine (ces mardi et mercredi puis le week-end du 7/8 janvier). Le ministre conservateur des transports Mark Harper a quant à lui insulté les grévistes qui luttent pour leurs conditions de travail et contre l’effondrement de leur salaire du fait d’une inflation record (11% pour l’année 2022) : « Les syndicats ont décidé qu’ils voulaient faire grève cette semaine, ce qui est profondément inutile, nuit au secteur ferroviaire, nuit aux intérêts des personnes qui y travaillent ». Ses provocations s’accompagnent de celles de Tim Shoeveller, le négociateur en chef chargé des discussions autour d’un nouvel accord collectif qui affirmait d’ailleurs récemment que ce dernier pourrait aboutir à une suppression d’emplois massive.
Cette nouvelle grève intervient dans un contexte où les cheminots n’ont pas obtenu une seule augmentation de salaire collective en trois ans et alors qu’ils subissent une dégradation de leurs conditions de travail portée par les entreprises privées du secteur.
Cette grève intervient dans le contexte d’une profonde fragilité du gouvernement, alors même que Rishi Sunak a vu sa cote de popularité baisser profondément dans les sondages et passer à 25% d’opinions favorables alors que son investiture ne date que du 25 octobre dernier.
Depuis le début du mois de décembre, il ne s’est pas passé un jour sans qu’au moins un secteur du monde du travail soit en grève au Royaume-Uni. Au total, plus d’1,5 million de travailleurs auront fait grève pour réclamer des augmentations de salaires. Les grèves du secteur de la santé s’inscrivent dans la vague de grève contre l’inflation qui a débuté cet été et qui s’amplifie actuellement dans le cadre d’un véritable « hiver du mécontentement » qui touche de nombreux secteurs. Une mobilisation d’ampleur, qui touche le public comme le privé.
Le niveau de mobilisation en cours – tel que le premier ministre Rishi Sunak a d’ores et déjà évoqué de nouvelles lois pour limiter le droit de grève et parlé de mobiliser l’armée pour remplacer les grévistes – fait planer sur le Royaume-Uni le spectre d’une grève générale, que n’a pas connu le pays depuis 1926. Pourtant, l’ensemble des nombreux secteurs se mobilisent dans des dates séparées comme en a témoigné la récente annulation de la grève des ambulanciers suite à la trahison des directions syndicales ce 28 décembre.
Cette nouvelle séquence de grève des cheminots devrait au contraire devenir un point d’appui pour la véritable construction d’un plan de bataille aux mains des grévistes qui ont incarné la combativité de la classe ouvrière contre le gouvernement ces derniers mois. Seule une véritable coordination des luttes ainsi que la mise en place d’un plan de bataille véritable refusant les plans isolés par secteurs devrait permettre la construction d’un véritable rapport de force avec un gouvernement conservateur en pleine crise politique. | 
