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La Izquierda Diario
11 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

Réforme des retraites
RATP, EDF : les salariés actuels des régimes spéciaux devront aussi travailler deux ans de plus
Joël Malo

En annonçant la fin des régimes spéciaux à travers la clause "grand-père" , la première ministre a cherché à diviser pour mieux régner. Pourtant, les salariés de la RATP et des industries électriques et gazières sont les premiers visés : non seulement, leur régime spécial disparaîtra à termes, mais ils devront eux aussi travailler deux ans de plus.

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Crédits photo : O Phil des Contrasts

Mardi, lors de ces annonces, Elisabeth Borne a annoncé la suppression des régimes spéciaux pour les nouveaux entrants et l’application du recul de deux ans de l’âge légal comme pour l’ensemble des travailleurs. Ces régimes spéciaux représentent ou ont représenté des acquis ouvriers importants dans certains secteurs que les différents gouvernements ont systématiquement essayé de couler. Et pour cause, ils sont l’exemple (mauvais pour les capitalistes) de travailleurs qui peuvent partir un peu plus tôt à la retraite et qui disposent de certains acquis, même si sans cesse remis en cause, dans leurs conditions de travail.

Tous les mensonges médiatiques ont été bons pour diviser les travailleurs entre eux et que des éditorialistes, des patrons ou des politiciens en costume trois pièces expliquent aux salariés du privé à quel point un chauffeur de métro payé 1600€ par mois dispose de privilèges révoltants.

A lire : RATP : des agents démontent les fake news des médias sur leurs salaires et "privilèges"

Ainsi, ce sont les régimes de retraite de la RATP, des Industries Electriques et Gazières (IEG), de la Banque de France, les clercs et employés de notaire et les membres du Conseil Économique, Social et Ecologique (CESE) qui vont disparaître. Certains de ces régimes, notamment la RATP et les entreprises de l’énergie, sont des secteurs hautement stratégiques. Le gouvernement a donc appliqué une méthode de division entre les générations, en espérant éviter les grèves : la clause du grand-père. Cela revient, comme pour la SNCF depuis 2020 en application du Pacte Ferroviaire, à fermer le régime aux nouveaux entrants, en l’occurrence à partir du 1er septembre 2023, et en affirmant le maintenir pour ceux qui travaillent actuellement.

Elisabeth Borne, ancienne présidente de la RATP, vient donc porter le coup de grâce et ajouter de nouveaux reculs. La droite s’est réjouie de cette offensive. Si Eric Woerth, sarkozyste recyclé Renaissance, déclare au Point qu’il aurait « préféré que ça aille un peu plus vite », il précise : « Ce qui compte c’est que l’extinction des régimes spéciaux soient enclenchée ».

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Double peine : fin des régimes spéciaux à termes, les salariés actuels devront travailler deux de travail supplémentaire !

Derrière les manœuvres de la clause "grand-père", les attaques sont là et elles sont brutales. A côté de mesures anti-sociales spécifiques à chaque entreprise dans le cadre de l’ouverture à la concurrence pour les transports franciliens et l’énergie, l’âge de départ à la retraite des salariés actuels des régimes spéciaux va reculer de deux ans comme l’affirme le gouvernement : « le décalage progressif de deux ans de l’âge légal et l’accélération de la réforme Touraine s’appliqueront aux salariés actuels des régimes spéciaux mais en tenant compte de leurs spécificités ».

La fermeture du régime aux nouveaux entrants appelle également une offensive à venir contre les salariés actuels. Car en asséchant brusquement l’entrée de cotisations pour les différents régimes spéciaux, la bourgeoise se prépare déjà à agiter le spectre de caisses déficitaires pour supprimer tout bonnement ces régimes dans les prochaines années. De la même manière que la fermeture du régime spécial de la SNCF a été justifié par le déséquilibre des comptes qu’il fallait avant tout chercher dans le non-renouvellement des agents, dans les fermetures de postes en masse qui empêchaient l’entrée de suffisamment de cotisants à la caisse cheminote. La clause du « grand-père » n’est qu’une ruse qui préfigure des attaques prochaines contre les « enfants » et les « petits-enfants ».

Elisabeth Borne a présenté ces attaques spécifiques comme une « mesure d’équité », comme si la source des inégalités dans ce pays, où les actionnaires du CAC 40 viennent de toucher 80 milliards de dividendes, étaient les employés de la RATP ou d’EDF, et pas les grands patrons et leur gouvernement qui s’acharnent à refuser d’augmenter les salaires et à nous faire bosser toujours plus longtemps. C’est le sens de l’équité macroniste : tous pauvres, tous cassés par le boulot avant l’âge de la retraite.

Le gouvernement veut désamorcer la colère de secteurs qu’elle sait stratégique

Le gouvernement sait qu’il marche sur des œufs. La situation à la RATP est dramatique, que ce soit dans les RER ou les bus, à cause des coupures budgétaires et de la politique d’ouverture à la concurrence. Les démissions s’enchaînent à la RATP, à cause de la souffrance au travail des agents (apparemment pas si privilégiés que ça). Quant à EDF, Enedis, RTE ou Engie, les travailleurs disposent d’un rapport de force politique considérable alors que le gouvernement et les fournisseurs nous prennent à la gorge avec des factures mirobolantes.

Ainsi, Elisabeth Borne a de nouveau appelé au dialogue social pour que les syndicats des différents secteurs co-planifient l’attaque avec le gouvernement afin d’étaler ce nouveau recul de l’âge de départ dans le temps. De cette manière, le gouvernement espère empêcher des grèves comme celles de 2019 où les agents de la RATP et de la SNCF avaient paralysé Paris pendant deux mois.

Derrière les régimes spéciaux, ils essayent de nous diviser : faisons front !

Malgré la propagande médiatique contre les régimes spéciaux, beaucoup des acquis qu’on leur prête ne sont déjà plus que théoriques. L’âge légal de départ tend déjà à s’aligner avec celui du régime général sous le coup de plusieurs réformes : celle d’Eric Woerth en 2010 dont l’application était échelonnée jusqu’à 2024, mais aussi la réforme Touraine qui porte la durée de cotisations à 43 ans et qui avait pu, au mieux selon les secteurs, être appliquée avec quelques années de décalage. Ainsi, les départs à la retraite à 50 ou 55 ans n’existent plus que sur TF1 et BFM.

Le patronat, le gouvernement et la droite répètent sans cesse que les régimes spéciaux sont les restes d’un passé révolu qu’il s’agirait de dépasser. Ainsi, en nivelant toutes les conditions de travail par le bas et en tentant de diviser les travailleurs entre public, privé, régimes spéciaux, ils projettent de nous faire reculer encore plus loin, tout droit au 19ème siècle, avant que l’on ait arraché le droit à la retraite lorsque les patrons refusaient l’existence aux prolétaires trop vieux pour être exploités.

 
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