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La Izquierda Diario
29 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

Tout le monde déteste la réforme
31 janvier : amplifier la mobilisation et l’ancrer à la base pour construire la grève reconductible
Paul Morao
Nathan Deas

Après un 19 janvier massif, une deuxième journée de mobilisation aura lieu ce 31 janvier. La réforme des retraites est chaque jour plus impopulaire : il faut faire de cette date l’occasion d’amplifier la mobilisation, mais aussi de l’ancrer à la base pour commencer à aller vers une grève reconductible large.

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Plus de deux millions de manifestants dans toute la France, 400 000 à Paris, plus de 100 000 à Marseille, 50 000 à Nantes et Toulouse, des niveaux de grève élevés dans le public comme le privé : la journée de mobilisation du 19 janvier a impressionné par sa massivité. Après ce qui a constitué un immense succès, l’intersyndicale a appelé le soir même « toute la population à se mobiliser encore plus massivement le 31 janvier pour dire non à cette réforme injuste » et donc à un second temps fort de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Une date isolée, mais dont il s’agit bien évidemment de se saisir massivement ce mardi. Ce 31 janvier, la voie à suivre est claire : il faut poursuivre et élargir la mobilisation, en cherchant à refléter dans la grève et la rue la colère qui s’approfondit contre la réforme des retraites, comme en témoigne différents sondages, mais aussi le début de mobilisation dans de nombreuses universités où se sont tenues des AGs et comités de mobilisation cette semaine.

Cependant, ce mardi devrait être aussi l’occasion de poser la question de la suite, et du plan de bataille pour gagner. C’est ce que font près de 200 syndicalistes - issus de très nombreux secteurs, de la pétrochimie à la santé en passant par les transports, l’aéronautique, l’automobile, l’éducation ou le nettoyage - aux côtés d’intellectuels et militants de différents horizons dans une tribune dans le JDD ce dimanche. Ils appellent notamment à s’inspirer du calendrier des raffineurs pour « préparer un 31 janvier encore plus fort que le 19, qui marque le début d’une dynamique de grève reconductible généralisée pour faire retirer la réforme et imposer une défaite majeure à Macron et son monde. » Une approche qui n’est pas à ce stade celle des directions syndicales.

L’intersyndicale mise sur une stratégie de pression, il faut discuter plan de bataille

Dans la continuité des semaines précédentes, l’intersyndicale continue en effet de parier sur une stratégie de pression, au risque de voir se dissiper la colère qui s’exprime contre le gouvernement et sa réforme. Dans une interview au Monde, Laurent Berger explique ainsi « qu’il faut garder l’opinion et que le niveau d’efficacité syndicale ne se mesure pas au niveau d’emmerdements concrets pour les citoyens. » Une pique adressée directement aux partisans de la grève reconductible. Dans le même temps, certains échos de l’intersyndicale affirment que celle-ci envisagerait d’organiser la prochaine date de mobilisation… un samedi. Une proposition loin d’être actée, mais qui reflète la logique actuelle de l’intersyndicale.

Celle-ci considère en effet que seules des journées massives isolées permettront de mobiliser largement et de conserver un soutien au mouvement, et que, face au rejet massif de la loi, le gouvernement finira par entendre raison. Dans ce cadre, il faudrait éviter le risque d’un « durcissement à tout crin » du mouvement qui risquerait de retourner l’opinion. Cette idée semble prédominer, y compris du côté de la direction de la CGT et de Philippe Martinez. Si celui-ci peut parler de « grève reconductible » dans les médias, il est en effet loin de chercher à la construire. Ainsi, aucune initiative confédérale dans la CGT n’a été mise en place pour coordonner les différents secteurs dans cette perspective, et le plan de bataille des raffineurs n’a été rejoint que par une fédération, celle de l’énergie. Autant de signes que la direction confédérale de la CGT est in fine alignée sur Laurent Berger, quand bien même elle cherche à se couvrir par rapport aux secteurs oppositionnels en son sein.

Or, si le gouvernement n’est pas serein, il est pour le moment très loin d’entendre la rue. Ce dimanche, Elisabeth Borne a ainsi réaffirmé que le recul de l’âge de départ à la retraite « n’est plus négociable », et Macron reste déterminé à passer une réforme sur laquelle il joue l’ensemble de son mandat et de sa crédibilité politique. Dans le même temps, cette stratégie ne fait que retarder la construction d’un rapport de forces par la grève, et ce alors que 57% de la population est convaincue que seul un blocage du pays permettra de faire reculer le gouvernement.

Aussi, pour éviter le danger que la réforme passe brutalement alors que le mouvement ouvrier est resté l’arme au pied, le 31 janvier doit être ainsi l’occasion de discuter ouvertement du plan de bataille pour les semaines à venir. De ce point de vue, le fait que des syndicats de secteurs aussi centraux que la pétrochimie, l’énergie, les cheminots ou l’éducation posent la question de la grève reconductible est un point d’appui central, sur lequel l’ensemble des travailleurs devraient s’appuyer.

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Ancrer la construction de la grève reconductible à la base pour briser les obstacles

Contre la grève reconductible, les directions syndicales appuient sur l’idée que celle-ci s’opposerait nécessairement à la construction d’un mouvement de masse, écartant les franges les plus précaires de notre classe. L’élément de vérité de cette argumentation c’est que la grève reconductible implique un effort important et apparaît encore inenvisageable pour certains travailleurs. Or, la politique des directions syndicales, qui insistent sur ces difficultés et alimentent l’illusion d’une victoire « facile » face au gouvernement, ne peut que renforcer cet état de fait. Pourtant, ces organisations auraient des outils importants pour briser les obstacles évoqués et convaincre largement de cette autre stratégie !

Dans le même temps, de nombreux travailleurs sont conscients qu’une succession de dates isolées rend la victoire difficile ou hasardeuse. Seulement, sans possibilité de débattre de la stratégie ou de mettre en place des actions pour surmonter les difficultés, difficile de les convaincre jusqu’au bout qu’un autre plan est possible. En ce sens, travailler à une grève reconductible large ne peut aller de pair qu’avec le développement d’Assemblées générales sur les lieux de travail et d’études. Le 31 janvier devrait ainsi être l’occasion d’organiser des AGs partout où c’est possible, pour ancrer le mouvement à la base et renforcer l’auto-activité des grévistes, syndiqués et non-syndiqués.

Ce développement de l’auto-organisation serait un outil important pour lier l’ensemble des grévistes, et les mobiliser au service de la construction et de l’amplification de la grève depuis la base, en menant des actions en direction des non-grévistes de chaque entreprise, en lançant des caisses de grève pour faire durer la mobilisation, mais aussi en s’adressant aux travailleurs des sous-traitants ou des entreprises situées à proximité.

De telles actions doivent aller de pair avec la construction d’AGs interprofessionnelles pour lier à la base les différentes entreprises et permettre aux secteurs convaincus de la reconductible d’agir activement pour l’extension du mouvement à l’ensemble du monde du travail. Enfin, les assemblées générales et Interpros pourraient être le lieu d’élaboration d’un cahier de revendications qui aille plus loin que le simple retrait de la réforme, exprimant ainsi le contenu de la colère à la base qui dépasse largement la question des retraites, en soulevant par exemple la nécessité de lier le combat actuel à celui pour les salaires.

Tous ces éléments doivent être au cœur des discussions le 31 janvier, pour que cette nouvelle étape de la bataille soit non seulement massive, mais permette de construire les bases d’une grève dure et reconductible. Alors que les raffineurs appellent à 72h de grève à partir du 6 février, et que les cheminots de la CGT et de SUD Rail devraient être en grève les 7 et 8 février, ce calendrier pourrait permettre de réaliser un premier test en ce sens, qui permette d’envisager une grève reconductible large, qui associe massivité et radicalité.

 
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