http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
30 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

Témoignage
« J’ai travaillé jusqu’à 79 ans pour 930 euros de retraite » Luz, ancienne assistante maternelle immigrée

Aujourd’hui âgée de 81 ans, Luz nous raconte pourquoi elle a du travailler de ses 19 ans jusqu’à ses 79 ans. Elle relate l’impact de son travail sur sa santé, et des difficultés que représente le droit à la retraite, notamment chez les personnes immigrées.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/J-ai-travaille-jusqu-a-79-ans-pour-930-euros-de-retraite-Luz-ancienne-assistante-maternelle

Je m’appelle Luz, j’ai 81 ans, je suis chilienne et j’habite à Châtenay-Malabry, dans une résidence HLM. Quand j’ai appris qu’ils allaient reculer l’âge de départ à la retraite, cela m’a choqué. Je trouve la réforme aberrante.

Au Chili, j’ai commencé à travailler à 19 ans en tant que secrétaire, puis après en tant que professeure de sport. J’ai quitté le pays en 1973, suite au coup d’état de Pinochet. Après être resté 3 ans en Argentine, je suis arrivé en France en 1978. J’avais 37 ans quand je suis parti.

En France, j’ai commencé avec des petits boulots. Je faisais du tricot toute la journée avec des copines. Et je vendais mon travail dans un centre culturel sur Paris de 18 heures jusqu’à minuit. Quelques années après, je faisais de la garde d’enfant et du ménage dans des foyers.

C’est un travail très pénible de garder les enfants. De 8 heures jusqu’à 19 heures, je devais m’occuper d’un foyer entier. Ménage, repas, garde d’enfant, parfois de plusieurs familles en même temps ! C’est une énorme responsabilité de s’en occuper. Cela m’arrivais parfois de garder 5, 6 enfants en même temps de tout âge.

Pendant une certaine période, une semaine de travail, c’était 50 heures pour moi ! Je travaillais tous les jours de la semaine, sauf le dimanche.

Tout ce travail, c’est des années ou je pouvais pas cotiser pour ma retraite, mais il fallait bien que je nourrisse ma famille. Pour nous les étrangers, c’est difficile de trouver un emploi déclaré. Ce n’est que dans les années 90 que j’ai trouvé mon premier travail déclaré.

En 2010, à 69 ans, ma famille a commencé à m’alerter sur mon état de santé. Je me rendais pas compte, mais mon corps me disait de souffler. J’ai voulu prendre ma retraite. Comme je suis étrangère, j’ai du mal avec le Français, et les démarches administratives sont lourdes. Ils m’ont demandé de justifier mes années de travail au Chili, mais comme j’étais recherchée par la dictature militaire, il n’y a aucune trace des mes fiches de paie.

Sans ma fille, qui parle bien français et qui est plus à l’aise avec les papiers, j’aurai vite abandonnée l’idée d’avoir une retraite. L’administration française fait tout pour que ça soit difficile de toucher des aides.

Le montant de la pension qu’on me proposait était d’un peu plus de 700 euros. Avec cette somme, je n’ai pas eu d’autres choix que de continuer le travail. Pour compléter la pension, j’ai continuer à faire assistante maternelle, mais à un rythme moins élevé. Les problèmes de santé se sont accumulés pendant toutes ces années. Hypertension, problème de dos, douleurs musculaires, etc... C’est pas facile de vivre avec ça au quotidien, surtout quand on travaille.

J’ai travaillé jusqu’à la crise du covid, en, 2020. Pendant le confinement, je suis resté isolé chez moi pendant un très longue période, sans pouvoir trop marcher, ce qui m’a apporté des problèmes d’équilibre grave. En sortant du confinement, je n’était plus en capacité de travailler. C’est à 79 ans que j’ai arrêté de travailler complètement.

Aujourd’hui, j’ai 81 ans, et je touche une pension de 930 euros. C’est peu d’argent... J’ai de quoi me nourrir et payer mes factures, mais c’est tout. Pour partir en vacances, au restaurant ou me faire plaisir, c’est devenue très rare. Je n’ai pas vraiment obtenue mon droit au repos.

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com