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5 de février de 2023 Twitter Faceboock

Education nationale
Travailler plus pour gagner moins. Le « pacte » de Pap Ndiaye pour essorer encore plus les profs
Louis McKinson

Interviewé, jeudi dernier sur France inter, le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye a révélé les contours du nouveau « pacte » enseignant. Sans surprise, il dégrade encore les termes de l’exploitation du personnel enseignant : les profs pourront « librement » travailler 2 heures sous-payées de plus par semaine.

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(Crédits Photo : France Inter)

Jeudi dernier au micro de Demorand et Salamé, le ministre de l’éducation a présenté les contours du nouveau « pacte » enseignant promis par le président en septembre 2022. Sur le papier, les profs devaient être rémunérés pour des nouvelles missions, mieux, le pacte devait permettre de reconnaitre et de rémunérer du travail déjà fait.

Au final, on propose aux enseignants de travailler 72h annuel en plus (deux heures de plus par semaine) pour 3655 euros bruts (300 euros bruts par mois), soit « 10% du salaire moyen » comme le dit le ministre. Et ce à partir de la rentrée prochaine.

Les profs qui devront se résoudre à accepter ce pacte pour sortir la tête de l’eau, devront effectuer des « nouvelles missions » obligatoires de plusieurs types sur ces deux heures hebdomadaires : « des remplacements de courte durée », des « missions d’orientation et d’accompagnement », et, pour les enseignants du premier degré, des cours de soutien en maths et en français aux élèves de sixième. D’autres missions variables, non obligatoires, pourront aussi s’ajouter à ses deux heures dues.

Pour un enseignant certifié, ces deux heures supplémentaires représentent une augmentation de 11,11% du temps de travail. En proposant de ne les payer que 10%, le gouvernement exploite la misère des profs. Sous couvert d’être « volontaire », on n’accepte pas un pacte aussi désavantageux autrement que mis dans une situation de chantage, que parce qu’en fait, ce dont on a vraiment besoin, et qui manifestement ne vient pas, c’est d’une augmentation immédiate pour tenir le coup.

Ce pacte qui dit travailler plus pour gagner moins n’est que le dernier opus d’une politique salariale générale qui commence à être farouchement limpide. Pour rappel, un certifié gagnait 2,6 fois le SMIC au début des années 1980, il est aujourd’hui à 1,2 fois le SMIC. Depuis 40 ans les gouvernements successifs épuisent toujours plus à la tâche les personnels du service publics, pour toujours moins de salaire.

Comme le récent mensonge de Pap Ndiaye vis-à-vis de la promesse des 10% d’augmentation de Janvier 2023 l’a encore montré, les profs n’ont rien à attendre du gouvernement en matière de salaire. Il ne répond à aucune « crise d’attractivité », à aucune « pénurie » tombée du ciel, c’est lui l’artisan de la démolition de l’école.

C’est lui qui baisse nos salaires, lui qui rabote les budgets, lui qui supprime des postes (encore 1500 de moins en janvier), lui qui bonde nos classes chaque année un peu plus, lui qui plombe le niveau, lui qui rend impossible le suivi et l’orientation des élèves, lui encore qui retire des moyens aux élèves handicapés...

A l’école comme à l’hôpital nous tenons à bout de bras, en se brisant la santé et pour des salaires de misère, des champs de ruines, et, par-dessus le marché, le gouvernement nous pointe du doigt pour répondre à la faillite qu’il orchestre !? Se permet des « pactes » pour, apparemment, nous mettre au travail ?!! Les parasites et leurs leçons de morale ont fait leur temps.

Alors que le pouvoir macronien mène sur les retraites une guerre à l’ensemble de la classe ouvrière pour qu’elle travaille plus, l’opportunité que présente le moment pour abattre définitivement la politique néolibérale qu’inflige la bourgeoisie à l’enseignement public (dont, comme le ministre Pap Ndiaye, la bourgeoisie protège ses enfants) n’a jamais été aussi grande. Aussi pour s’en saisir, les personnels de l’éducation nationale doivent porter le fer par-delà la question des retraites, sur les salaires, et plus encore, sur l’école et la société qu’ils veulent.

Aujourd’hui, les bataillons enseignants doivent continuer de prendre massivement le chemin de la grève, non seulement pour qu’on n’enseigne pas à 35 élèves à 65 ans, mais pour qu’on n’enseigne pas à 35 élèves tout court : il faut des embauches massives dans les services publics, une augmentation générale de tous ses personnels, ainsi que l’indexation de tous les salaires, des pensions et des minimas sociaux sur l’inflation. S’ils sortent du giron de l’intersyndicale et entrent dans une grève dure, décidée par la base, avec de tels mot d’ordres, les enseignants peuvent avoir un rôle décisif dans le bras de fer en cours.

 
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