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La Izquierda Diario
10 de février de 2023 Twitter Faceboock

Lutte contre l’inflation
Portugal. Le rail, la santé et l’enseignement en grève pour les salaires
Yann Tocaben

Au Portugal, l’enseignement public, la santé et le transport ferroviaire étaient en grève jeudi et prévoient une manifestation massive à Lisbonne le 11 février contre la baisse des salaires et des retraites, dans un contexte de forte inflation.

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Crédits photo : Patricia de Melo/AFP

Jeudi, à l’appel de la plus grande centrale syndicale du Portugal, différents secteurs du monde du travail se sont mis en grève. Les secteurs du transport ferroviaire, de la santé ; en l’occurrence les ambulanciers ; les enseignants des écoles ont ainsi posé les outils. « L’objectif est de mobiliser au maximum le mécontentement généralisé qui existe sur les bas salaires, les petites retraites, l’augmentation des prix, mais aussi les superprofits des grandes entreprises », a déclaré Isabel Camarinha, secrétaire générale de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP) A la suite de cette grève, une journée de manifestation est appelée ce samedi.

Le contexte inflationniste est commun à toute l’Europe et le Portugal n’échappe pas à la forte hausse des prix en 2022 qui se poursuit en 2023. L’inflation au Portugal est estimée à 7,8%. Comme en France, le prix de certains produits comme ceux de l’alimentation augmentent plus fortement que d’autres. Cela impacte d’autant plus les travailleurs dont la précarité augmente au même rythme que l’inflation.

Comme Le Figaro l’explique : « La rémunération brute mensuelle moyenne au Portugal a augmenté de 3,6% en 2022 par rapport à 2021, pour s’établir à 1.411 euros. Néanmoins, compte tenu de l’impact de l’inflation, le salaire moyen en 2022 a diminué de 4%, selon une estimation publiée jeudi par l’Institut national des statistiques (Ine) ». Un contexte qui pousse différents secteurs du monde du travail à se mobiliser pour refuser la baisse de leur salaires réels, comme cela a été le cas jeudi.

La journée de grève a été massive : 552 trains annulés sur 557 d’après la compagnie des chemins de fer portugais, des dizaines d’écoles fermées, des transports par ambulance très perturbés. Les infirmiers quant à eux ont manifesté devant le ministère de la santé. Cette grève d’un jour fait suite à de précédentes journées d’actions des mêmes secteurs.

Déjà le 26 décembre, les cheminots étaient en grève à 80% sur les mêmes questions. Les enseignants, eux avaient défilé lors d’une manifestation nationale à Lisbonne le 14 janvier. Comme les cheminots, leurs revendications s’articulent autour de la baisse des salaires et de l’inflation avec, en prime, le refus du service minimum dans l’enseignement. Une mesure anti-ouvrière mise en œuvre par un gouvernement dirigé par le parti Socialiste.

Toutefois, les divisions syndicales entraînent des difficultés pour coordonner les grèves chez les enseignants. Les syndicats en question ne partagent ni les mêmes revendications ni les mêmes modes d’action. Le syndicat des travailleurs de l’éducation (STOP) propose une grève générale de l’enseignement, tout personnel confondu, tandis que la fédération nationale des enseignants (FENPROF) demande une grève par district en débutant par la capitale. Le SPIE, quant à elle préconise une grève d’une heure tous les jours par roulement ... Les enseignants, comme les cheminots participeront à la manifestation du 11 février.

Les infirmières, en Algarve étaient en grève le 8 février pour deux heures. A l’hôpital de Faro, avec des services minimaux garantis, le leader du SEP a parlé d’une adhésion «  presque à 100% ». Cette grève partielle continue jusqu’au 23 février. Leurs revendications portent sur la revalorisation des points permettant le calcul de des salaires et de l’avancement de carrière.

Si ces grèves sont encore parfois limitées, elles ont un impact indéniable sur l’économie portugaise. Il est clair que les écoles fermées empêchent les parents d’aller travailler et l’absence de trains de se déplacer. Pour ce qui est de celles des infirmiers, malgré les services minimum assurés, elles démontrent une colère importante.

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De Lisbonne à Paris, en passant par Londres la colère des travailleurs monte en Europe sur des thèmes similaires. L’inflation et donc la baisse des salaires précarisent de manière importante les travailleurs les plus vulnérables alors que dans le même temps les profits des capitalistes augmentent fortement. Devant de telles injustices flagrantes une part des travailleurs d’Europe prend la rue, se met en grève et portent des revendications sur les augmentations de salaire et les conditions de travail.

Au Royaume Uni, depuis le mois de décembre, ce sont des mouvements de grève records qui voient le jour. Les transports, avec le métro londonien, les télécoms, les postiers, les infirmiers. L’ensemble de ces secteurs partagent les mêmes revendications de hausse de salaire et pour l’hôpital alertent sur un système de santé au bord du gouffre comme en France.

Chacun des gouvernements fait face aux mobilisations avec le même argumentaire fallacieux et usité : « Les syndicats (du rail) ont décidé qu’ils voulaient faire grève cette semaine, ce qui est profondément inutile, nuit au secteur ferroviaire et aux intérêts des personnes qui y travaillent », déclarait par exemple le ministre des Transports britannique, Mark Harper ce mardi sur Sky News. Toujours le même mépris, partout les mêmes arguments anti-grève et les tentatives d’opposer grévistes et population pour mieux défendre les politiques austéritaires et antisociales.

Dans un contexte de forte inflation, les travailleurs de plusieurs pays européens se mobilisent contre la baisse de leurs salaires et pour une vie digne. Un contexte qui devrait nous pousser à renforcer les échanges et les liens internationaux afin d’apprendre des meilleures manières de lutter pour nos intérêts.

En France, les premières dates de mobilisation contre la réforme des retraites ont été massives, et cette bataille se lie bien entendu avec la question des salaires alors que le mois de mars devrait encore voir des augmentations de prix importantes notamment sur les produits alimentaires. Il devient à ce titre urgent de lier les revendications et la bataille contre les retraites à un programme qui pose la question de l’augmentation des salaires, et de leur indexation sur l’inflation.

 
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