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13 de février de 2023 Twitter Faceboock

Mobilisation
Pérou. Après la grève du 9 février, la revendication d’une assemblée constituante dans tous les esprits
Rédaction internationale

Les actions de lutte continuent de se multiplier au Pérou et, sous pression, la Confédération générale des travailleurs a appelé à la grève le 9 février. Cette journée, décidée par en haut par la bureaucratie syndicale, a confirmé que la grève générale politique, organisée depuis la base, était la seule issue pour sortir de la crise et poser les bases d’une assemblée constituante libre et souveraine.

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Crédits photo : EFE/ Paulo Aguilar

Depuis deux mois et la destitution de Pedro Castillo par un coup d’État parlementaire, le Pérou est en proie à une dynamique de lutte d’une profondeur historique, qui remet en cause les grandes inégalités sociales et le racisme structurel qui façonnent la société péruvienne. Dernier épisode en date de cette mobilisation : une grève organisée jeudi 9 février dans la capitale.

L’un des principaux épicentres de cet du mouvement de fond qui secoue le Pérou, se trouve en effet dans la ville de Lima. C’est là que commencent à se conjuguer les efforts et les initiatives de lutte des délégations de l’intérieur du pays et des habitants des secteurs populaires de la capitale. Ceux qui se mobilisent à Lima et paralysent des régions comme Puno, Madre de Dios, Cusco, Apurímac, entre autres zones du « Pérou profond », ne se sentent plus représentés par l’exécutif, le Parlement ou le pouvoir judiciaire. De plus, ils ont perdu toute confiance dans la police nationale et l’armée, qu’ils considèrent comme des assassins au service d’un gouvernement usurpateur et illégitime.

C’est pour cette raison que les principales revendications des milliers de manifestants sont la démission de Boluarte et la convocation d’une Assemblée constituante pour mettre fin à l’ancien régime politique, hérité de la dictature de Fujimori. Après presque deux mois de lutte, ces revendications ne se sont pas estompées et n’ont pas reculé, malgré la violente répression policière et militaire qui a fait plus de 60 morts et des centaines de blessés et d’arrestations.

La pression des manifestants a imposé un nouvel appel à la grève générale

C’est dans le cadre de cette pression populaire que la Confédération générale des travailleurs péruviens (CGTP), qui, au début de ce processus de lutte s’est aligné sur la stratégie du gouvernement et a participé aux initiatives de démobilisation promues par l’accord national, a appelé à la grève générale le 9 février et s’est finalement jointe à la demande de démission de l’actuelle présidente illégitime, Dina Boluarte.

Cependant, cet appel timide à la grève générale ne cherche pas à rompre avec l’ancien régime issu de la Constitution fujimoriste de 1993 que les manifestants répudient. En témoigne le fait que les dirigeants de ce syndicat aient demandé l’autorisation du ministère du Travail du gouvernement de Boluarte afin de pouvoir faire grève et manifester, le même gouvernement responsable de l’assasinat de dizaines de manifestants. De plus, les dirigeants syndicaux ne se sont souciés à aucun moment de préparer cette journée de lutte depuis la base afin d’en garantir le succès.

Décidée par en haut, sans auto-organisation depuis la base des travailleurs, la grève en tant que telle n’a pas fait le plein : l’essentiel des manifestants ont rejoint les rues après avoir quitté leur travail. Signe que la contestation de ne faiblit pas pour autant, plusieurs milliers de personnes sont arrivées dans le centre de la capitale péruvienne, venant de régions telles que Cusco, Ayacucho, Huancavelica, Ica et d’autres régions du pays.

Alors que jusqu’à présent, c’étaient les organisations sociales, les étudiants, les paysans et les peuples indigènes qui s’étaient mobilisés, ce jeudi, on a vu de nombreux travailleurs de la construction (qui est la base majoritaire de la centrale syndicale), de travailleurs du plastique, du carton, et de la Fédération des travailleurs municipaux défiler depuis la place Dos de Mayo à Lima. Des médecins, des techniciens de l’hôpital pour enfants, des travailleurs du téléphone, la Fédération du textile, des enseignants et des travailleurs du commerce étaient également présents.

Malgré la présence à souligner de nouveaux secteurs sociaux, cette journée de grève est restée en demi-teinte, en raison de la politique de direction de la CGTP, qui s’oppose à ce que les travailleurs s’organisent eux-mêmes et s’unissent dans des assemblées démocratiques pour décider de la manière d’affronter réellement le gouvernement Boluarte. Cette politique est cependant loin d’entamer la détermination de la population péruvienne pour faire tomber le gouvernement putchiste : une journée sans préparation, sans consultation préalable ni possibilité de décider, a vu plus de sept mille travailleurs faire grève contre le gouvernement en défilant avec leurs syndicats, tandis que dans les régions du pays les blocages de routes se poursuivent, malgré la brutale répression.

La nécessité d’une Assemblée Constituante Libre et Souveraine

En revanche, la journée d’action impulsée par la CGT a fait figure d’avertissement : il a démontré que l’appel à la grève générale, sans préparation à la base et sous la tutelle de l’exécutif, est loin d’être suffisant pour assurer la défaite du gouvernement putschiste de Dina Boluarte, et encore moins pour mettre fin au régime pourri de 1993.

En ce sens, nos camarades du Courant Socialiste des Travailleurs insistent sur la nécessité d’une grève générale politique, préparée et garantie depuis la base, avec des assemblées sur les lieux de travail et d’étude où pourront être élus des délégués chargés de promouvoir un comité national de lutte. Une perspective à même d’imposer une grève sans subordination ni demande de permission au gouvernement.

C’est par une grève générale politique, imposée par la mobilisation et l’auto-organisation de la classe ouvrière, des paysans et des secteurs populaires, que l’on peut faire tomber le gouvernement de Dina Boluarte et imposer un gouvernement provisoire des organisations en lutte, dirigé par la classe ouvrière. Un tel gouvernement visera à affronter radicalement l’État capitaliste et l’ancien régime de 1993, en appellant à une Assemblée constituante libre et souveraine dont l’ordre du jour principal sera de répondre aux revendications et besoins de la grande majorité de la population. Cette Assemblée constituante permettra ainsi d’ouvrir la porte à un gouvernement des travailleurs, dans une perspective socialiste.

 
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