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La Izquierda Diario
21 de février de 2023 Twitter Faceboock

Mépris de classe
« On sait tous qu’il faut travailler plus » : Macron défend sa réforme à Rungis, faisons lui ravaler !
Nathan Deas

En pleine bataille des retraites, Macron s’est rendu au marché de Rungis ce mardi aux aurores. Devant des travailleurs au métier particulièrement pénible, le Président a expliqué à propos de sa réforme que « les gens savent qu’il faut travailler un peu plus longtemps ». Une véritable provocation face à une opposition majoritaire.

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Emmanuel Macron se faufile entre les carcasses de viande, mardi 21 février. Après plusieurs semaines de silence, le chef de l’Etat s’est rendu à Rungis pour tenter de reprendre la main sur la réforme des retraites. Une mise en scène convenue, auprès de la France qui se lève tôt.

Face à la colère sur les retraites, Macron défend sa réforme coûte que coûte

Sur place, le locataire de l’Elysée a défendu le texte porté par son gouvernement, en assumant particulièrement le point le plus controversé de la réforme : le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. « On sait tous que, vivant plus âgés, il n’y a pas de miracle : si on veut préserver un système par répartition, il faut qu’on travaille plus longtemps », a-t-il déclaré devant la presse, s’en remettant au « bon sens » des Français, à même de comprendre l’équation et une « vérité qui fâche », ainsi présentées par ses soins.

Une nouvelle fois donc, le chef de l’Etat répond par le mépris à la colère sociale, cherchant à faire comme si la colère qui s’était exprimée depuis le 19 janvier dans la rue n’existait pas. Une véritable provocation face aux travailleurs de Rungis, qui exercent des métiers particulièrement pénibles, qui montre que ni l’hostilité à la réforme du gouvernement ni les mobilisations d’ampleur n’ont fait reculer Macron.

Contesté dans la rue et sur les lieux de travail, le chef de l’Etat se voit cependant forcé sur la forme à quelques légères bifurcations. Alors que l’exécutif avait jusqu’ici tenté de légitimer sa réforme par la convocation d’un (prétendu) déséquilibre financier du système des retraites, le chef de l’Etat a choisi de renouer avec son discours de campagne et de présenter le recul de l’âge de départ à 64 ans comme un levier pour financer les grands chantiers de la santé et de l’éducation. « Cette réforme permet de créer plus de richesses pour le pays » et « de financer l’école, la santé », a-t-il plaidé. « Il n’y a pas de modèle social qui tient si on ne crée pas plus de richesses » répète-t-il.

Évidemment, il s’agit d’un mensonge éhonté : en aucun cas l’argent économisé ne sera automatiquement dirigé vers certaines dépenses. En réalité, il va surtout servir à renforcer la politique habituelle du gouvernement : sous financement des services publics, milliards pour la police et l’armée, cadeaux au patronat et attaques contre les travailleurs.

Macron mise sur la « valeur travail » pour tenter de canaliser la colère

Sur cette voie, sans aller jusqu’à reprendre la critique de la « la paresse » formulée par son ministre de l’Intérieur, ni celle de « l’oisiveté » jouée par sa première ministre, Emmanuel Macron a multiplié les adresses à la « la France qui se lève tôt », slogan de Nicolas Sarkozy en direction des classes moyennes et populaires en 2007. Un clin d’œil assumé à l’ancien patron de la droite, à l’heure où l’exécutif empêtré dans le bourbier des retraites a plus que jamais besoin des Républicains. Et surtout, une façon d’ouvrir (ou de faire semblant) d’ouvrir un nouveau débat sur le travail.

Lundi, Elisabeth Borne, s’était empressée d’annoncer en ce sens l’inscription dans la loi de l’accord taillé par le Medef et conclu entre les syndicats(CFDT et CFTC) et le patronat sur le « partage de la valeur ». Alors que le gouvernement prépare déjà l’arrivée prochaine de son texte sur l’immigration au Sénat, prévue mi-mars et que, surtout, il travaille au lancement de sa loi plein-emploi, que devra bientôt porter le ministre du Travail Olivier Dussopt, l’occasion est trouvée pour l’Elysée de donner le change et d’ouvrir de nombreux débats que la majorité espère plus « consensuels ».

Pendant que l’inflation continue de grimper, le gouvernement espère sans doute par-là trouver une voie de canalisation à la colère sur les salaires. Or si les jérémiades de Macron sur la « valeur travail » ne convainquent personne, il serait grand temps que les directions syndicales, qui négociaient encore avec le MEDEF il y a une semaine, arrêtent de jouer la division entre la question des salaires et celles des retraites. C’est à cette condition qu’il sera possible, non seulement de mettre un coup d’arrêt à la réforme des retraites, en élargissant la mobilisation à l’ensemble de notre classe et son programme aux revendications salariales, mais aussi à l’ensemble des contre réformes que la macronie entend nous imposer.

Surtout, alors que Macron se permet encore d’ignorer la contestation, il y a urgence à construire un plan de bataille à la hauteur de l’attaque par la grève reconductible à partir du 7 mars, seul moyen de contraindre le gouvernement à ravaler sa réforme, mais aussi de passer à la contre-offensive.

 
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