La violence de l’État colonial d’Israël s’est encore déployée en Cisjordanie : après le meurtre de deux israéliens, plus de 400 colons ont participé à une attaque d’une rare violence contre la population palestinienne, faisant un mort, plusieurs centaines de blessés, et brulant des dizaines de voitures et de maisons. |
crédits photo : Oren Ziv, AFP
Suite à un meurtre de deux israéliens dimanche 26 février, c’est plus de 400 colons qui ont lancé un véritable massacre contre Huwara, ville de 6.000 habitants située en Cisjordanie occupée. Le bilan du raid punitif contre la population palestinienne est sombre : un palestinien tué par balle, des centaines de blessés, plusieurs dizaines de maisons et de voitures brûlées, trois ambulances vandalisées. Les colons ont mis le feu à une maison qui abritait une famille qui a failli brûler vive mais a été évacuée au dernier moment. Une vidéo circule montrant les colons prier en regardant les maisons palestiniennes brûler : un spectacle terrible et révoltant.
Les violences de colons encouragées par l’Etat
Si le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou appelle les israéliens à « ne pas faire justice vous-même, mais de laisser les forces de sécurité accomplir leur mission » et que l’armée israélienne qualifie le lynchage d’une « perte de contrôle », il est important de rappeler que cette attaque de colons israéliens s’inscrit dans toute une séquence de violences perpétrées par l’armée israélienne contre la population palestinienne. En effet, les raids officiels de l’armée occupante ont tué 171 palestiniens en 2022 et déjà plus de 62 personnes depuis le début de l’année 2023, les chiffres les plus élevés depuis l’année 2000. L’attaque de Tsahal, l’armée israélienne, contre le camp de réfugiés à Jénine le 26 janvier a fait 10 morts, quand le raid du 22 février contre la ville de Naplouse a tué 11 palestiniens et en a blessé au moins 102 par balles.
Si les colons israéliens lancent des offensives aussi audacieuses et violentes contre la population palestinienne, c’est avant tout dû à la montée des violences de l’Etat réactionnaire d’Israël. Les colons sont galvanisés par l’extrême-droite représentée au gouvernement et ils sont assurés de bénéficier d’une totale impunité face à leurs violences quotidiennes, comme le montre le reportage du journaliste Sami Boukhelifa à Huwara pour RFI : « depuis des mois, ils font des descentes, frappent les Palestiniens, vandalisent leurs biens. Le tout sous la protection de l’armée. Impunité totale ». Les images qui circulent sur les réseaux sociaux en témoignent également : suite aux massacres, Tsahal a fait un cordon de défense autour de colons pour les protéger de ripostes de Palestiniens.
Une escalade des violences coloniales en pleine crise politique
La flambée des violences de colons et de l’État israélien contre la population palestinienne intervient alors qu’Israël vit une séquence importante d’instabilité politique. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté pendant huit semaines consécutives contre la réforme judiciaire cherchant à renforcer le pouvoir du gouvernement d’extrême droite et pour défendre la « démocratie israélienne ». Bien que ces manifestations ait été largement dominées par des secteurs du régime politique qui ne remettent en aucun cas en cause les coordonnées de l’oppression raciste d’Israël sur le peuple palestinien, elles ont cependant vu réémerger des cortèges mixtes entre juifs et arabes. Le fait que dans certaines villes ces derniers manifestent côte à côte contre l’apartheid et souhaitent lutter contre l’interdiction du drapeau palestinien par le gouvernement, constitue un événement politique inédit ces dernières années. Ces manifestations ont bloqué la circulation dans Tel Aviv pendant des heures, provoquant l’indignation du ministre de l’Intérieur. A nouveau, une manifestation de soutien aux palestiniens s’est tenue ce lundi en réaction au massacre de Hawara bloquant plusieurs routes de Tel Aviv.
Dans le contexte actuel, fait de violences coloniales redoublées et de renforcement de l’extrême droite en Israël, la lutte pour la libération de la Palestine est plus que jamais d’actualité. Alors que les travailleurs et les secteurs populaires palestiniens ont démontré leur courage et leur combativité à de nombreuses reprises ces dernières années, et ce encore en octobre dernier, le fait que certains secteurs, bien que limités, de la population israélienne dénoncent les massacres organisées par les colons constitue un point d’appui dans la lutte pour une Palestine ouvrière et socialiste qui refuserait toute oppression religieuse ou raciale, seul moyen d’en finir avec l’Etat colonial israélien. |
