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La Izquierda Diario
6 de mars de 2023 Twitter Faceboock

Grève Reconductible ?
Éducation : les 7, 8 et 9 mars doivent être un tremplin pour une grève reconductible majoritaire
Hélène Angelou

La veille du 7 mars, les syndicats de l’Éducation viennent de durcir le ton. Sous pression des appels à la reconductible qui se multiplient, l’intersyndicale soutient d’ores et déjà les établissements « qui décideraient de poursuivre la grève après le 7 mars ». Un point d’appui dont il faut se saisir, mais pour construire la grève reconductible la plus majoritaire possible, il va falloir élargir les revendications, et la construire à la base.

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A l’approche du 7 mars et malgré la pause liée aux vacances scolaires, la colère et l’envie d’en découdre restent très forte dans l’éducation. En effet, malgré la baisse des taux de grève en lien avec la succession de journées de mobilisations isolées, la première phase de la bataille contre la réforme des retraites a été marquée par des grèves majoritaires, les 19 et 31 janvier, avec des taux de grève très élevés chez les travailleurs les plus précaires du secteur – vies scolaires, AESH et cantines notamment – qui en disent long sur la colère accumulée par le secteur et le niveau de mobilisation.

Si les travailleurs et travailleuses de l’éducation sont entrés aussi massivement dans la bataille, c’est que les raisons de se mobiliser sont nombreuses, contre la réforme des retraites bien sûr, mais aussi contre la casse de l’éducation publique, la dégradation des conditions de travail et le mépris à l’égard des travailleurs et travailleuses de l’éducation. La question des fermetures de classe annoncées, la baisse continuelle des embauches (qui fait exploser le nombre d’élèves par classe), mais aussi les fausses-promesses de revalorisation salariale et le « pacte » qui les accompagne cristallisent notamment la colère. Autant d’éléments qui témoignent de la profondeur du mouvement aujourd’hui dans l’éducation.

Une profondeur du mouvement que l’on constate également dans les autres secteurs et qui a poussé l’intersyndicale nationale à durcir le ton pour le 7 mars, appelant au blocage du pays.

L’intersyndicale de l’éducation appelle à la mobilisation les 7-8-9 mars dans un nouveau communiqué

Après un premier appel à « mettre les écoles, établissements et services à l’arrêt », qui déclinait l’appel de l’intersyndicale interprofessionnelle, les syndicats de l’éducation se sont à nouveau réunis à quelques jours du 7 mars et ont durci leur appel, sous pression notamment des appels à la reconductible qui se multiplient dans le pays. Les organisations syndicales du secteur appellent désormais à une séquence de trois jours de mobilisation : deux journées de grève les 7 et notamment le 8 mars, et un appel à « participer aux mobilisations prévues le 9 mars par les organisations de jeunesse ». Le communiqué conclut même par un soutien affirmé aux établissements « qui décideraient de poursuivre la grève après le 7 mars ».

Cette nouvelle déclaration qui s’aligne à échelle nationale sur certains appels d’ intersyndicales locales de l’éducation, à l’image de celle de Haute-Garonne (31), est un symptôme d’une pression forte du mouvement de masse et de l’aspiration générale à « durcir » le mouvement, ce qui passe par la nécessité de dépasser les modalités qui prévalait jusque-là , à savoir la grève carrée de 24h.

En ce sens, cet appel constitue un point d’appui qui doit pour se concrétiser être construit à la base. En effet, faire de cet appel une réalité signifie reconduire la grève massivement au-delà du 7 en s’appuyant notamment surl’appel à la grève féministe le 8 mars, dans le secteur fortement féminisé qu’est l’éducation nationale. Il s’agira de s’appuyer sur cette journée pour imposer une grève politique contre Macron, son monde, et la violence sexiste qui y règne, en élargissant les revendications afin d’entraîner dans la bataille les secteurs féminisés les plus précaires, de l’éducation comme des autres secteurs. Le 9 mars doit lui aussi permettre non seulement de se mobiliser mais de reconduire la grève tout en nouant des liens avec la jeunesse en lutte.

L’opportunité d’imposer une grève reconductible large à la base

Pour autant, si ce nouveau communiqué est une façon pour l’intersyndicale de tirer le bilan d’appels à la mobilisation qui jusque-là étaient très timorés, il ne constitue pas un appel à la grève reconductible et se refuse à élargir les revendications et à se lier à d’autres secteurs du monde du travail. Il reste donc en décalage avec la détermination nécessaire pour réellement « durcir » le mouvement par un appel clair à l’ensemble des travailleurs de l’Éducation à renouer une bonne fois pour toute avec la reconductible. C’est ce que cherchent à formuler même de manière minoritaire les appels locaux qui poussent en ce sens, comme c’est le cas de l’intersyndicale éducation de Paris, et des récents appels de l’AG éducation de Toulouse.

De plus, pour que cette séquence de grève du 7 au 9 mars ait une réalité, et pour imposer une grève reconductible massive, il est nécessaire de renforcer les outils d’auto-organisation et d’entrer de plain-pied dans une grève active. Car si le mouvement qui s’est ouvert le 19 janvier est extrêmement massif et profond, il a aussi été marqué par une passivité importante avec laquelle il faut rompre pour faire de la reconduction autre chose qu’un mot d’ordre en l’air.

Certains symptômes témoignent déjà d’une auto-activité des grévistes, à l’image d’un cortège éducation dynamique dans la manifestation parisienne, regroupant de nombreux établissements d’Île-de-France. Mais ceux-ci doivent largement se renforcer et s’articuler à une grève active, en multipliant les actions coups de poing. De ce point de vue, les travailleurs de l’éducation ont l’expérience de 2019 où les professeurs avaient pu se joindre aux travailleurs de la RATP en allant sur leurs piquets pour bloquer les dépôts de bus ou faire des envahissements de voies. Il faut relancer et militer les AG de bahuts, de villes, faire des AG de quartiers en lien avec les parents d’élèves et les lycéens : ce sont des éléments absolument centraux pour donner une suite au mouvement et généraliser la grève.

Au-delà, il est nécessaire d’élargir les mots d’ordre afin de généraliser la grève. Allier la question des retraites et des salaires dans un contexte d’inflation particulièrement difficile économiquement pour notre classe est une nécessité pour convaincre les secteurs les plus précaires, dans l’éducation comme ailleurs, d’entrer dans la bataille. Il faut être clair, il n’y aura pas de reconductible si nous ne nous battons que pour les retraites, la reconductible suppose un programme qui prenne à bras le corps la colère de notre classe et pose en premier lieu la question des salaires.

C’est avec cette perspective que certains établissements se préparent à des blocages comme ceux qui ont eu lieu au lycée Racine à Paris malgré la répression mettant en lien parents d’élèves, lycéens et personnels. Dans le même sens, dans le 95 des professeurs sont à l’initiative d’une jonction avec les travailleurs de l’aéroport de Roissy-CDG afin d’y préparer un rassemblement et une manifestation le 7 mars.

 
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