Pour le 7 mars, la mobilisation s’annonce déjà historique, avec une grève massive et de nombreux secteurs, des transports aux raffineries en passant par les centrales nucléaires, qui appellent à la reconductible. C’est dans ce contexte que Laurent Berger a confirmé sur France Inter ce matin qu’il allait rencontrer mercredi le député Les Républicains Aurelien Pradié mercredi, mais aussi des députés de la majorité présidentielle. Le leader de la CFDT a en effet expliqué que les syndicats devaient s’adresser à tous les parlementaires « afin de peser » sur l’examen du texte à l’Assemblée.
Cette annonce constitue une réponse à l’invitation de Aurélien Pradié, qui cherche à se mettre en scène en dialogue avec les syndicats. L’objectif est clair, montrer que lui est capable de leur faire accepter la réforme des retraites : « le vrai courage politique n’est pas d’écraser la main des Français mais les entraîner dans une réforme qui a du sens. Cela passe par un dialogue exigeant, y compris avec les partenaires sociaux ». Un moyen de poursuivre son opération de comm’ des derniers mois au sein de la droite. Cette fois il s’agit de montrer qu’il pourrait obtenir de meilleurs compromis que le gouvernement avec les syndicats : « recevoir un leader syndical qui a montré sa solidité et son intelligence ces dernières semaines, c’est être à la hauteur de la responsabilité d’un parti de gouvernement. Elisabeth Borne ne le fait pas. Nous, nous le faisons. »
Une pure manœuvre politique, logique de la part d’un ennemi des travailleurs, qui ne cache pas sa volonté de nous faire travailler plus, en allongeant notamment la durée du travail. Dans ce cadre, le choix d’accepter un tel rendez-vous apparaît en soi totalement scandaleux, dans la continuité du rendez-vous déjà organisé avec l’ultra-réactionnaire Eric Ciotti. Mais, à la veille du 7 mars, et alors que de nombreux secteurs appellent à la grève reconductible, cette manœuvre apparaît en plus comme en opposition totale avec la construction d’un rapport de forces par la grève et la rue.
En choisissant d’aller rencontrer des députés de droite dès le lendemain du 7 mars, Laurent Berger envoie en effet un signal clair de son refus de construire un mouvement dur, et de sa volonté de poursuivre une stratégie de pression sur le Parlement. A l’heure où la droite au Sénat tente de durcir la réforme, Laurent Berger maintient la chimère qu’il serait possible de convaincre Les Républicains. Une logique partagée dans la direction de la CFDT, dont plusieurs membres hauts placés expliquent à France Inter : « dans cette bataille, faute de négociations avec les syndicats, les parlementaires ont la main (...) alors, oui, il faut aller les voir ». Déjà réactionnaire avec la droite, cette logique devient carrément délirante lorsque Laurent Berger décide d’aller dialoguer avec des députés de la majorité, en exprimant l’espoir que ces derniers ne votent pas la réforme.
Après Olivier Véran annonçant l’apocalypse le 7 mars, et que l’exécutif et le patronat se préparent à attaquer les secteurs les plus combatifs qui partiront en grève reconductible dans la foulée, la CFDT s’accroche coute que coute à sa stratégie de pression. Plus que jamais, il faut dénoncer ces illusions dangereuses, qui s’opposent à la construction d’un rapport de forces par la grève pour faire retirer la réforme. Contre cette logique, la journée massive du 7 mars est une occasion historique pour faire reculer le gouvernement, à condition que de nombreux secteurs partent en grève reconductible, organisée depuis la base, et que ces derniers s’adressent à l’ensemble de secteurs de la classe ouvrière en élargissant les revendications, pour construire une grève générale politique, à même de mettre en échec Macron. |
