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La Izquierda Diario
8 de mars de 2023 Twitter Faceboock

Jusqu’au retrait !
Manifestations féministes, grèves et blocages : un 8 mars aux couleurs de la bataille des retraites
Emile Causs

Après une journée historique de mobilisation, différents secteurs reconduisaient la grève ce mercredi alors que des milliers de personnes ont manifesté pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Retour sur cette journée.

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Le 7 mars aura été historique avec près de 3,2 millions selon la CGT, plus de 700 000 personnes à Paris, 120 000 à Toulouse, 200 000 à Marseille, ou encore 100 000 à Bordeaux. Dans des secteurs stratégiques comme les cheminots, les raffineurs, les énergéticiens ou les dockers, la mobilisation a été reconduite ce 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Les manifestations ont été deux fois plus nombreuses et beaucoup plus fournis qu’habituellement.

Actions interpros et blocages dès le matin : les secteurs en reconductible mobilisés

À l’échelle nationale, la journée a commencé, en particulier pour les secteurs entrés en reconductible ce mercredi comme les éboueurs, les raffineurs ou encore les dockers. Si les raffineurs ont tenu des piquets de grève pour réaffirmer leur détermination pour les retraites et les salaires, et poursuivre le blocage des expéditions, à l’appel de leur fédération, les dockers ont bloqué de nombreux ports en France.

Les blocages étaient à certains endroits conjoint avec d’autres secteurs, comme à Bayonne où les dockers ont été rejoint par des énergéticiens, des cheminots, mais également des travailleurs de Safran, en grève pour leurs salaires.

De leur côté, les éboueurs étaient également mobilisés. Que ce soit à Paris, Ivry, en Moselle ou encore à Sète, les collectes du déchet étaient grandement perturbées, si ce n’est totalement à l’arrêt. En région parisienne, avec plus de 30% grévistes, ce n’est pas moins de 10 arrondissements qui n’ont pas eu de collecte de déchet, tandis que les éboueurs de Paris bloquent depuis lundi l’incinérateur d’Ivry.

Les énergéticiens ont également poursuivi leur mobilisation, en particulier à EDF où, selon Le Monde, les travailleurs ont repris le contrôle d’« une partie des centrales nucléaires, thermiques et hydroélectriques, et retirées 15 000 mégawatts du réseau électrique mercredi après-midi », un taux largement supérieur aux autres journées de mobilisation.

Les énergéticiens étaient également appelés à réaliser des actions « robins des bois » pour une « journée de la sobriété énergétique ». Ainsi, plusieurs actions ont eu lieu, notamment des coupures d’électricité ciblées comme au dépôt d’Amazon à Morlaàs près de Pau ou à la sous-préfecture de Brignoles. A Marckolsheim, les énergéticiens ont poursuivi le blocage de l’écluse, rejoints par les cheminots de Mulhouse, avant d’être expulsés par un énorme contingent de CRS.

D’autres secteurs étaient également mobilisés ce mercredi avant la manifestation du 8 mars, à l’image de la culture, dont une intersyndicale a organisé une action coup de poing avec une déambulation combative au sein même du musée du Louvre.

À cela, se sont rajoutés divers blocages de lieux stratégiques de l’économie, à l’image de celui de l’entrepôt pétrolier de la Gironde à l’appel de collectif de luttes et de FO transport, soutenu par plusieurs sections syndicales (CGT cheminots, CGT Stryker, éduc). Dans ce cadre également, ce matin, des manifestants ont fait une opération péage gratuit au péage du Viaduc de Millau sur l’A75, après une très grosse manifestation qui a réuni 25.000 personnes à Rodez. Une action réprimée violemment par la police.

Enfin, plusieurs universités ont été bloquées ce matin à Montpellier, Lyon, Lille, Nantes, Mulhouse, La Rochelle, Besançon ou encore Grenoble. S’y sont ajouté le blocage de plusieurs IEP Science po, d’Écoles d’arts et ENSA (École Nationale Supérieur d’Architecture). Nombre de ces blocages ont organisé la jonction avec la manifestation du 8 mars.

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Des manifestations du 8 mars marqués par la grève contre la réforme des retraites

La journée de mobilisation était évidemment marquée par la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Une mobilisation qui, en France, avait en son cœur l’enjeu de la grève contre la réforme des retraites, dont les femmes et les minorités de genres subiront particulièrement les conséquences.

Au lendemain de la mobilisation historique du 7 mars, ce mouvement profond explique probablement en partie que les manifestations aient été très fournies, battant même des records. Des dizaines de milliers de personnes sont ainsi sorties dans les rues de Paris, 25 000 à Toulouse, 12 000 à Bordeaux ou encore 9 000 à Rennes. En France, le nombre total de rassemblements était également en progression. Dans les manifestations, en plus des nombreux jeunes présents, les organisations syndicales et des travailleurs de différents secteurs étaient dans les rues, en dépit de l’absence d’appel à la grève reconductible de l’intersyndicale.

Comme l’expliquait Laura Varlet, cheminote : « nous sommes là, car les femmes, nous sommes les plus attaquées par cette réforme (…). On ne doit pas rester comme le fait aujourd’hui l’intersyndicale juste sur le retrait de la réforme des retraites, mais bien au-delà poser la question des salaires qui touche particulièrement les plus précaires et les femmes, l’égalité salariale, et plus largement les droits des femmes et immigrés. » De son côté, Valérie, travailleuse à la fondation de l’Armée du Salut et militante à la CGT notait : « hier et aujourd’hui, il y une quinzaine de collègues qui se sont mis en grève pour la première fois contre la réforme des retraites, qui est aussi une attaque sexiste ».

Une ambiance qui résonne avec le féminisme lutte des classes et révolutionnaire de Du Pain et de Roses. Le collectif féministe lié à Révolution Permanente manifestait aux côtés des Dégommeuses et de Adèle Haenel, et son cortège a fait le plan, réunissant près de 1000 personnes, parmi lesquelles des travailleuses de l’éducation, des cheminotes et de très nombreux jeunes. Des cortèges du collectif ont également défilé à Toulouse, Bordeaux, Chambéry, Marseille, Montpellier…

Le secteur de l’éducation était également largement représenté dans les manifestations, car comme l’explique Gwen, prof à Sarcelle « les violences contre les femmes, ce sont aussi les violences sociales. Dans l’éducation nationale, on est beaucoup de femmes précaires qui subissent les oppressions et l’exploitation économique. Le question des salaires doit être mêlée à celle des retraites. » Pour les raffineurs, en grève reconductible, Adrien Cornet de la CGT Total, expliquait de son côté : « le 8 mars tombe dans un contexte de grève reconductible, et les travailleuses sont les premières impactées par cette contre-réforme, qui va les envoyer au travail jusqu’à la mort, et en particulier les femmes immigrées. »

De nouvelles reconduites dans plusieurs secteurs

Finalement, un des enjeux de la journée était évidemment la question de la reconduction de la grève. Comme l’assure le 8 mars au matin à notre micro Serge, ripeur à Metz : « J’espère qu’il y aura un mouvement long et reconductible. On a tous des difficultés financières, mais il n’y a pas d’autre moyen pour faire plier Macron. »

Dans les raffineries, les suites du mouvement ont également été discutées à l’occasion de ce 8 mars avec en perspective un durcissement. C’est le cas notamment de la raffinerie Total Energies de Feyzin (Rhône), où les syndicats CGT et FO ont proposé aux grévistes de passer du blocage des expéditions à l’arrêt de la production. Un arrêt qui a été voté mais qui devra se concrétiser dans les jours à venir.

À la SNCF également le secteur reste à mobiliser, comme l’explique Laura Varlet, cheminote et militante Sud-rail, lors de la manifestation du 8 mars à Paris : « Aujourd’hui, on reconduit la grève et on a décidé au Bourget de la reconduire jusqu’à vendredi. » C’est également le cas à Paris Nord, Toulouse ou encore Strasbourg où les cheminots ont décidé de reconduire la grève en assemblée générale. Plus largement, ce vendredi 9, la situation restera « fortement » perturbée selon la direction de la SNCF, avec un Inoui et Ouigo sur trois en moyenne, et un TER sur cinq en moyenne en région. Du côté de la RATP, les lignes 3,8,10 et 13 resteront très perturbées.

Dans l’énergie, la grève forte ce mercredi a été reconduite, alors que de nombreuses actions devraient encore avoir lieu dans les jours à venir dans la continuité des coupures ayant affecté la ville de Olivier Dussopt où la permanence de Gérard Larcher. Du côté du privé, plusieurs secteurs mobilisés pour les salaires en reconductible continuent leur lutte. C’est notamment le cas des travailleurs des abattoirs, en grève jusqu’à au moins vendredi, mais également des travailleurs de Sabena Technic Mérignac en grève pour leur salaire depuis vendredi dernier.

Alors que l’intersyndicale a appelé le 7 mars à deux nouvelles journées de mobilisations ce samedi 11 et le 15 mars, faisant revivre au mouvement massif le scénario des journées isolées et la stratégie de pression, il y a urgence à élargir cette grève reconductible, et à lier plus profondément lutte pour les retraites et pour les salaires. Pour aller dans ce sens, les secteurs qui aspirent à durcir le mouvement doivent exiger de l’intersyndicale un appel clair.

Pour reprendre les mots de Laura Varlet durant la manifestation du 8 mars : « l’intersyndicale devrait écouter le mandat de la rue, c’est-à-dire le mandat de ceux qui disent qu’il faut se battre pour les droits des femmes, les salaires et tous les précaires. » Un combat qui passe par une grève reconductible large, de l’ensemble des secteurs du monde du travail.

 
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