Ce jeudi 9 mars, les travailleurs de l’énergie reconduisent à nouveau la grève contre la réforme des retraites après une première journée de reconductible réussie ce mercredi avec près de 26 000 grévistes chez Enedis et GRDF. En Gironde, les actions se multiplient depuis ce matin.
Celles-ci ont commencé tôt du côté de la centrale nucléaire du Blayais avec l’organisation d’un barrage filtrant dès 4 h du matin sur la voie unique qui mène à la centrale. Comme nous l’explique un syndicaliste, les conséquences et implications de ce barrage sont importantes. En effet, conséquences de la désorganisation des embauches et de la journée de travail, les travaux prévus sur deux des quatre réacteurs du site ont d’ores et déjà été reportés. « Cette action à lieu dans le cadre d’une journée de mobilisation nationale dans l’énergie, clairement, nous voulons durcir le mouvement contre la réforme des retraites » affirme Murielle Bienséant, déléguée syndicale CGT. A l’échelle nationale, le seuil de production minimal d’électricité a été atteint sur l’ensemble du territoire français suite aux baisses de charges organisées par les grévistes depuis hier. Selon nos informations, la baisse de charge en mégawatt est maintenue à 14 000 MW aujourd’hui.
Du côté d’Enedis, les grévistes ont décidé, après une assemblée générale qui a réuni une centaine d’énergéticiens, de l’installation d’un « QG de lutte » à l’agence Enedis de Bordeaux Lac et de la tenue d’un piquet de grève jusqu’à demain midi. Guillaume Floret, responsable régional de la FNME CGT, nous explique : « Le but de ce QG est que tous les travailleurs opposés à cette réforme puissent venir converger et échanger, parler des actions au-delà des manifestations et taper l’économie entre deux marches. On est parti sur la reconductible et on monte d’un cran face à un gouvernement qui ne veut rien concéder. »
Parallèlement, des actions robins des bois continuent d’être organisées, comme « la mise en gratuité de l’électricité, notamment pour les précaires qui ont eu le courant coupé, ainsi que pour des Ephad ou encore des hôpitaux. ». Au QG, l’ambiance est combative et la détermination au rendez-vous. Pour Raphaël, agent Regaz, la mobilisation est loin d’être finie : « Le texte a été voté cette nuit au Sénat, mais on sait très bien qu’on peut les faire reculer, il faut le faire. J’ai commencé à travailler à 14 ans et demi, j’ai 59 ans cette année, je ne me vois pas aller jusqu’à 64ans ». Etat d’esprit partagé par Guillaume, gazier lui aussi : « Mardi, on était plus de 76% de grévistes au sein de Regaz, les gaziers de gironde sont en colère et on fera tout pour faire reculer le gouvernement. »
Dans le cadre de la journée « sobriété énergétique » les grévistes ont décidé de couper l’électricité de la caisse des dépôts de Bordeaux, ainsi que le gaz au dépôt TBM . Cet après-midi, des actions Robins des bois seront mises en place par les grévistes. Au total, en France, ce sont 110 sites IEG bloqués ou filtrés et de nombreuses actions organisées par les grévistes.
A l’instar des raffineurs et des cheminots, les énergéticiens apparaissent comme un fer de lance de reconductible contre le projet de loi de la réforme. Dans les discussions, l’enjeu de l’élargissement de cette dynamique est au cœur des préoccupations. C’est dans ce sens que le QG de lutte a été pensé, Guillaume Floret appelle dans ce sens, « l’ensemble des salariés, quelques que soit le métier à venir échanger sur ce qui peut être mené en commun entre les manifs. » Dans le même sens, « les étudiants, lycéens, sont les bienvenues, on veut échanger avec tout le monde pour faire monter le rapport de force jusqu’au retrait »
L’intersyndicale dans son ensemble doit entendre cette dynamique à la base et appeler clairement à la grève reconductible contre la réforme des retraites pour sortir de la stratégie perdante de pression et de journée isolée. Pour que celle-ci puisse réellement se construire, l’auto-organisation à la base et l’élargissement du programme revendicatif aux salaires sont plus que jamais une nécessité. A Bordeaux par exemple, quatre grèves sont en cours pour l’augmentation des salaires, à Sabena, Yara, Safran et Dassault. Avec l’inflation, la perte de salaire réel est au cœur des préoccupations de notre classe. C’est en prenant en compte la question salariale qu’un élargissement du mouvement en cours sera une possibilité réelle.
Le QG mis en place par les énergéticiens doit servir de lieu de rassemblement, d’échange et de discussion, c’est dans ce sens que nous appelons également l’ensemble du mouvement ouvrier, syndical et les jeunes à venir porter mains fortes aux travailleurs de l’énergie pour tenir le piquet. Le rendez-vous est donné au 1 rue du docteur Gabriel Péry, à l’agence Enedis de Bordeaux Lac. |
