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La Izquierda Diario
10 de mars de 2023 Twitter Faceboock

Sous-traitance aéronautique
Bordeaux. Victoire des salariés de Sabena après 7 jours de grève pour les salaires
Petra Lou
Maïa Maros

Crédits photo : Révolution Permanente Bordeaux

En grève depuis sept jours, 400 travailleurs du sous-traitant aéronautique Sabena, ont arraché une augmentation de 140 euros bruts par mois. Production à l’arrêt, tractage dans la zone industrielle, augmentation conséquente… À bien des égards, cette grève est une victoire pour les salariés.

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Chez Sabena Technics Mérignac, à quelques kilomètres de Bordeaux, les travailleurs de l’aéronautique ont arraché à leur direction une augmentation de 140 euros brut. Avec 98 % de grévistes à la production pendant 7 jours, les travailleurs ont mis à l’arrêt l’entreprise, mais aussi la circulation dans la zone industrielle en organisant des diffusions de tracts sur un rond-point stratégique.

Lundi, les grévistes bordelais ont été rejoints dans leur grève par le site Sabena de Perpignan, mettant eux aussi leur production à l’arrêt et portant les mêmes revendications. Une grève inédite, par son caractère très large, comme nous l’explique Frédéric Auzi, délégué syndical FO : « On a tous les corps de métiers. Déjà 98 % de la production en grève, mais aussi des cadres, des gens dans les bureaux techniques, et ça, c’est très rare et ça montre vraiment le ras-le-bol des salariés ». 

L’élément déclencheur de la grève a été les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), qui se sont déroulées dans un climat de tension ces dernières semaines. Alors que le syndicat CFE-CGC a signé un accord de 100 euros brut d’augmentation conditionné à un forfait hebdomadaire de 39 heures, les travailleurs réclamaient plus et n’ont pas voulu s’arrêter là. Force Ouvrière, syndicat majoritaire et mandaté par les grévistes, réclamait ainsi 160 euros bruts pour tous les salariés sur une base de 35 heures.

Pour se faire entendre, les salariés sont entrés en grève le vendredi 3 mars en tenant un piquet devant le portail de l’entreprise. En suivant, ils ont décidé de s’adresser aux autres salariés de la zone industrielle en organisant des diffusions de tract. Un mouvement dur qui a été reconduit chaque jour poussé notamment par la détermination d’une large frange de jeunes salariés. « Ils se rendent compte que la nouvelle génération est plus énervée » affirme Léo, syndiqué FO. En effet, chez le sous-traitant aéronautique, il y a un fort turn over à cause des bas salaires et des mauvaises conditions de travail. Ainsi sur le piquet de grève, ce sont beaucoup de jeunes qui « reprennent le flambeau  » comme le formule le syndicaliste.

Cette demande d’augmentation de salaire est plus que légitime, d’autant plus dans un contexte ou le secteur aéronautique connaît une reprise d’activité fulgurante. « Aujourd’hui, les bénéfices du groupe sont énormes, mais les augmentations ne suivent pas » nous confiait une salariée sur le piquet de grève. Pourtant, la direction de Sabena pousse les travailleurs à faire toujours plus d’heures, par manque d’effectifs. Frédéric Auzi, déplore «  des semaine avec des journées de 12 à 14 heures et des travailleurs qualifiés qui ont par exemple une licence de mécanicien, mais qui ne gagnent même pas 2000 euros brut par mois  ».

Cette semaine, la direction a rouvert les négociations, considérant l’accord avec la CFE-CGC caduque. Sa nouvelle proposition a alors été de 130 euros bruts sur une base hebdomadaire de 35 heures. Une offre à nouveau rejetée par les grévistes car jugé encore trop faible.

Finalement, jeudi matin, la direction a proposé une augmentation de 140 euros bruts avec une base 35 heures avec un effet rétroactif depuis janvier, ce qui signifie le paiement de cette augmentation sur les trois premiers mois de 2023. Une mesure qui représenterait environ la moitié de la perte de salaire occasionéé par les 7 jours de grève. Face à cette dernière proposition, les grévistes ont accepté l’accord.

C’est donc une victoire pour les salariés du site de Mérignac mais aussi pour leurs collègues de Perpignan, qui étaient en grève avec les mêmes revendications. En effet, cette augmentation est historique dans l’entreprise où les salaires stagnent depuis plusieurs années « Il y’a des gens qui sont là depuis 10 ans et qui n’ont jamais eu d’augmentation individuelle » témoigne une gréviste de la production.

Alors que le mouvement contre la réforme des retraites se poursuit, de nombreuses grèves éclatent dans diverses entreprises avec des revendications similaires pour l’augmentation des salaires. C’est notamment le cas dans le secteur aéronautique à l’image de Safran ou encore Dassault dont les salariés sont en grève depuis plusieurs jours pour des augmentations de salaires de 200 euros pour tous. La lutte des salariés de Sabena montre qu’il est possible d’arracher des augmentations de salaire par une grève dure.

Plus largement, dans le contexte d’une mobilisation massive contre la réforme des retraites, l’enjeu de lier la bataille pour les retraites et la lutte pour les salaires devient d’autant plus cruciale pour convaincre des secteurs du privé, dont certains luttent actuellement dans le cadre de NAO, de rejoindre la mobilisation. Dans ce sens l’intersyndical doit élargir les revendications du mouvement et construire la généralisation de la grève reconductible déjà à l’œuvre dans certains secteurs comme les raffineurs, énergéticiens, etc.

 
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