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13 de mars de 2023 Twitter Faceboock

Reconductible
Reconductible : malgré l’offensive contre les éboueurs, la grève continue
Antoine Weil

Depuis le 6 mars, les déchets s’amassent dans Paris et dans de nombreuses villes du pays, en raison de la grève reconductible des éboueurs. Alors que le mouvement est largement suivi dans le secteur de la propreté, le gouvernement et les médias font pression pour arrêter la mobilisation, menacent de réquisitions et tentent de briser la grève.

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Dès lundi 6 mars, les éboueurs, égoutiers, et travailleurs des centres d’incinération de déchets franciliens ont entamé un mouvement de grève reconductible. Depuis, les ordures s’amassent dans la capitale, avec 5.400 tonnes de déchets non ramassés dimanche 12 mars, d’après la mairie de Paris. Face à la détermination des grévistes, le gouvernement concentre ses attaques sur le secteur de la propreté.

Face à un mouvement qui dure, le gouvernement attaque les grévistes

L’exécutif a en effet choisi de s’attaquer durement à un des secteurs engagés dans une grève reconductible. Dimanche, le ministre des transports Clément Beaune s’en est pris aux grévistes, appelant la mairie de Paris à intervenir pour ramasser les déchets et casser la grève. Ce lundi sur France Inter, le ministre des Comptes Publics Gabriel Attal a appelé à « prendre des mesures » contre la grève, évoquant entres autres la réquisition.

Dans le même sens, plusieurs mairies d’arrondissement dirigées par Les Républicains ont appelé à l’arrêt de la grève, quand la maire du 7e arrondissement et ancienne candidate de la droite pour la Mairie de Paris, Rachida Dati, a demandé la « mise en place d’un service minimum pour le ramassage des ordures ». Enfin, après avoir multiplié les reportages sur les effets de la grève, certains médias appellent désormais à la réquisition des travailleurs mobilisés.

Cette offensive répond à l’inquiétude du gouvernement contre un secteur en reconductible, qui montre qu’il est possible de mobiliser avec succès au-delà des journées de manifestation appelées par l’intersyndicale. Ce matin depuis le centre d’incinération des déchets d’Ivry, occupé depuis le 6 mars, les grévistes étaient en effet confiants pour la suite du mouvement « aucun camion ne rentre, la mobilisation est forte. On va proposer la reconduction lors de la prochaine AG mardi à 10h. En attendant, le centre est complètement arrêté et il faut au moins une semaine pour le redémarrer, donc les déchets ne sont pas prêts de rentrer ! ». Les centres d’incinération de Saint-Ouen et d’Issy-les-Moulineaux étaient également occupés ce lundi, avec plus de 50 personnes venues en soutien à Issy-les-Moulineaux.

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Le risque d’être réquisitionné, ou que l’occupation soit délogée par les forces de répression comme cela a été le cas en 2019, préoccupe néanmoins les grévistes. Si la maire de Paris, qui se dit officiellement opposée à la réforme des retraites, ne devrait pas déclencher seule des réquisitions, la préfecture de Paris pourrait les décider. Sur le piquet de grève, les travailleurs mobilisés témoignent en tout cas peu de confiance à l’égard d’Anne Hidalgo, qui n’a pas hésité à changer leur statut en 2021. Selon plusieurs grévistes, la mairie ferait appel à des prestataires privés pour ramasser les ordures : « La mairie signe des contrats exorbitants pour que des entreprises privés ramassent les poubelles sur quelques portions de rue dans des arrondissements censés être gérés par le public. A côté de ça, elle refuse d’augmenter nos salaires ! » nous explique un gréviste. Par ailleurs, les grévistes revendiquent auprès de la mairie de Paris des augmentations de salaire face à l’inflation, et cette dernière reste sourde à leur demande.

Si les éboueurs et égoutiers peuvent compter sur le soutien important de la population, comme en témoigne la présence de soutiens sur le piquet, l’appui de certains commerçants, et de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux appelant à les soutenir financièrement via une caisse de grève, ils ont néanmoins subi une véritable trahison de la part de Laurent Berger.

Le leader de la CFDT a en effet déclaré que « l’intersyndicale n’a jamais appelé à ce type d’action » et que « la CFDT ne participe pas au mouvement sur les déchets. » ce dimanche sur BFM TV. Celui qui occupe un rôle décisif dans l’intersyndicale condamne la mobilisation d’un des secteurs les plus touchés par la réforme, avec une espérance de vie 17 ans inférieure à la moyenne pour les égoutiers et 12 ans pour les éboueurs.

Une forte mobilisation des éboueurs dans tout le pays

Malgré les pressions du gouvernement et l’attaque du secrétaire général de la CFDT, la grève éboueurs reste forte à Paris et dans toute le pays, avec des salariés mobilisés dans plusieurs des entreprises privés.

A Vitry par exemple, les travailleurs de l’entreprise privé Pizzorno qui traitent les déchets du 15e arrondissement de Paris sont en grève depuis le 8 mars, contre la réforme des retraites et pour des hausses de salaires. Alors que l’entreprise a cherché à embaucher des intérimaires pour faire le travail des grévistes, de nombreux soutiens étaient présents ce dimanche pour bloquer l’entrée du site.

Dans de nombreuses villes, le rejet de la réforme des retraites se mêle à des revendications locales. A Nantes, les éboueurs font grève depuis six semaines contre la métropole et un projet de réorganisation de la collecte des déchets.

Au Havre, le blocage du centre de gestion des déchets a été reconduit ce lundi, de même qu’à Saint-Brieuc, tandis qu’à Antibes les éboueurs devaient décider ce matin de la reconduction du mouvement.

Le mouvement s’élargit même à de nouvelles villes, à l’image de Rennes où les sites de traitement des déchets ont étés bloquées par des conducteurs et des soutiens ce matin, et le blocage pourrait continuer toute cette semaine.

La mobilisation dans le secteur de la propreté et de la gestion des déchets n’est donc pas prête de s’arrêter. Avec une grève reconductible, et des revendications à la fois sur les salaires et contre la réforme des retraites, mêlant dans certains cas des entreprises privés, la mobilisation représente un exemple sur lequel il faut s’appuyer. Quoi qu’en pense Laurent Berger, c’est la grève reconductible, et l’entrée dans le mouvement de secteurs du privé à l’aide de l’élargissement des revendications, qui permettra de gagner face à Macron, et non pas une lettre au président de la République, déjà décidé à utiliser le 49-3.

Face aux pressions du gouvernement, il est donc essentiel d’appuyer la mobilisation des éboueurs et égoutiers, qui appellent à venir les soutenir dans les différents centres d’incinération de déchets de région parisienne, à Ivry, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen, mais aussi et surtout de les rejoindre en grève pour bloquer l’économie et gagner face au gouvernement.

 
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