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La Izquierda Diario
14 de mars de 2023 Twitter Faceboock

Réseau pour la grève générale
VIDEO. Anasse Kazib : « Le 15 mars ne doit pas être un baroud d’honneur, il faut bloquer l’économie »

Au meeting du Réseau pour la grève générale, Anasse Kazib est revenu sur l’enjeu de dépasser les contradictions du mouvement pour les retraites et les modalités pour gagner. Retrouvez son intervention.

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« Bonsoir à toutes et à tous. C’est ultra enthousiasmant d’être là dans cette salle aujourd’hui avec toutes et tous, ça redonne énormément de force et de moral. Je voudrais qu’on salue et qu’on applaudisse cette tribune de qualité, mais également toutes celles et ceux qui auraient pu être aussi assis dans cette tribune. J’ai reconnu des camarades de la CGT de Gare de Lyon, là haut des camarades égoutiers, des camarades de Saint-Gobain...

Ils me font le plaisir d’être là aujourd’hui, à Halim et Guillaume, qui sont deux camarades du plus gros poste d’aiguillage de France. La commande centralisée du réseau qui gère l’ensemble du RER B et qui sont présents aujourd’hui. Pour les camarades de la RATP qui, malgré les offensives de Castex, luttent et sont en grève aujourd’hui, s’il n’y a pas de système par points aujourd’hui, faut jamais l’oublier, ce n’est pas ce que les camarades de la RATP un 13 septembre 2019 ils se sont levés, ils ont débordé les organisations syndicales et ils ont appelé à la grève reconductible au mois de décembre ! Il faut les saluer, les camarades. Je voudrais enfin qu’on salue l’ensemble du corps enseignant qui est là, qui nous permet à nous de ramener nos enfants les jours de grève sur les piquets parce qu’ils bloquent aussi leurs salles de classe. Et ils permettent aussi de faire vivre cette grève du bruit pour l’ensemble des professeurs, des enseignants et celles et ceux qui militent.

Si on a décidé de faire ce meeting avec l’ensemble des signataires de ce réseau pour la grève générale aujourd’hui, ce n’était pas juste pour donner du moral. Ce n’était pas juste pour expliquer à quel point Emmanuel Macron est un bourgeois réactionnaire. Ce n’était pas pour expliquer à quel point Pouyanné, Bernard Arnault et tous les autres se gavent de milliards. Expliquer par mille et une façons comment on pourrait financer le système des retraites, comment on pourrait obtenir énormément de choses. Mais c’est pour discuter aussi de la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Parce qu’il y a un éléphant au milieu de la pièce dont parlaient déjà certains camarades : c’est l’impasse stratégique dans laquelle nous sommes.

Nous sommes confrontés aujourd’hui comme l’a dit Adrien, à une situation de basculement, à une situation charnière, comme on les appelle dans les mouvements de ce type là. Néanmoins on se dirige, et l’intersyndicale est en train de nous diriger, vers un baroud d’honneur. Et il faut qu’on puisse discuter de cette situation là, sinon on se raconte des histoires. Il y a des grèves reconductibles qui sont menées dans plusieurs secteurs. On l’a expliqué dans l’énergie, chez les camarades éboueurs, chez les camarades égoutiers, chez les cheminots et dans bien d’autres secteurs, même des grèves minoritaires, il y a des camarades qui essayent de tenir coûte que coûte après 7 journée de grève isolée. Aujourd’hui, on nous dirige vers quasiment 15 jours de grève au total. Et il faut pouvoir pointer quels sont les problèmes aujourd’hui. Pourquoi, après avoir mis 2 millions, 2 millions et demi, 3 millions, 3 millions et demi de personnes dans les rues dans un mouvement de grève qui est historique, qu’on n’avait jamais vu pour celles et ceux qui vivons les mouvements depuis quelques années maintenant. On n’avait jamais vu ces villes comme Orléans, Châteauroux, des petites villes parfois où il y a 10.000 habitants et 7.000 manifestants. On n’avait jamais vu des camarades de chez Charal être à 100% de grévistes, des camarades de l’aéronautique, de la sous traitance, de l’industrie, de PSA, de Renault, des boites du privé, etc être en grève.

Mais les camarades, moi j’aime bien faire des références parfois au foot et je disais notamment dans une assemblée générale c’est comme avoir la meilleure équipe, arriver le jour de la finale de la Coupe du monde et tu sors tout le monde et tu mets que les remplaçants sur le terrain. Comment on peut perdre ce mouvement ? Un mouvement dans lequel il y a 3.000.000 de personnes ? On ne parle pas d’une grève qu’avec les camarades de la RATP et de la SNCF. On ne parle pas d’une grève locale, on parle d’une grève qui a pris l’ensemble du pays, qui a démontré sa férocité, qui a démontré sa combativité, dont 93% des actifs dès le départ sont opposés à cette réforme, dont plus de 65% de la population appelle au blocage de l’économie.

Tous ici, nous avons vu que les simples journées de grève, importantes, les grosses manifestations, les journées perlées saute mouton, ne feraient pas reculer le gouvernement. On l’a toutes et tous compris. Même le camarade qui est primo manifestants, il voit bien que c’est trop pacifique. Il voit bien que ce n’est pas avec ça qu’on va gagner. Il écoute aussi BFM TV. Il écoute aussi ce que dit Emmanuel Macron. Les gens ont des oreilles, toutes et tous, ou presque. Il y a une dizaine de personnes qui se réunissent de temps en temps dans cette salle [la Bourse du Travail] qui, eux, ne l’ont pas compris encore. Laurent Berger, hier sur BFM TV... Il faudrait mettre toute l’interview dans l’anale de la bureaucratie syndicale tellement elle est extraordinaire. Il a dit tellement de choses, je vais vous en citer quelques unes, mais qui témoignent les camarades de ce qui est en train de se passer. Et si Berger est la tête de proue de cette intersyndicale avec Martinez qui est à quelques millimètres un peu en dessous, c’est l’intersyndicale aussi qui a la responsabilité de ce qui est en train de se passer.

Laurent Berger, lorsqu’on lui a demandé est ce que vous êtes et vous soutenez la grève des éboueurs, c’est à dire qui est une grève reconductible ? Il a dit qu’il était contre, qu’il était opposé à la grève reconductible. Et il n’a pas dit juste la CFDT, il a dit l’intersyndicale n’appelle pas ce mode d’action, mais appelle à une journée de grève le 15 mars. Mais les camarades, on l’a dit, on n’est pas pour la grève par procuration parce qu’on disait dès le départ il n’y a pas de réforme par procuration, elle va toucher tout le monde. L’ensemble du mouvement ouvrier, l’ensemble des générations futures et même pire encore, parce que je ne sais pas si vous avez vu certains amendements que préparent les sénateurs, même pour les régimes spéciaux, les fonctionnaires, c’est de commencer après la prochaine étape, de régler le calcul des pensions de retraite. Parce que dans les régimes spéciaux, on part avec les six derniers mois de salaire à 75 % du taux de salaire et que ça ne va pas faire la même chose lorsqu’on partira avec les 25 meilleures années, comme l’a imposé Balladur à son époque en 93.

C’est ça les secondes et les troisièmes étapes qui vont venir derrière. Et ils ne veulent rien changer à tout ça. Ils considèrent qu’il faut appeler au 15 mars. Il faut maintenir la grève par procuration. Nous, nous sommes des militants, mais nos camarades à la base, lorsque le 7 mars, ils sont en grève et qu’ils reconduisent le 8 et qu’ils entendent l’intersyndicale s’exprimer à la télé et qui appelle au quinze... C’est quoi sinon les camarades ? Sinon le fait de dire oui, effectivement, vous vous allez faire grève par procuration. Il a même condamné les camarades de la CFDT Cheminots parce qu’ils appellent à la grève reconductible. Et on ne peut pas accepter ce qui est en train de se passer. Il y a nécessité de construire la grève reconductible partout, partout. Ne pas laisser un seul secteur. Et pour que la grève reconductible dont il a dit que c’était, c’était une vue de l’esprit, utilisant des camarades précaires en expliquant que chez les précaires, on ne pouvait pas faire grève, c’est qu’il n’a pas beaucoup vu beaucoup de grèves dans sa vie ce monsieur. Parce que les camarades de Geodis, ils ont tenu plus de 30 jours de grève reconductible, et ils ont arraché plus de 11 % d’augmentation des salaires.

Les camarades du nettoyage des gares de Onet en 2017 - vous connaissez cette lutte - des salaires à 300, 500, 600 € ? Ils ont tenu 45 jours de grève reconductible. Ils ont arraché leurs revendications. Les camarades de la sous-traitance aéronautique, comme l’entreprise Sabena qui a fait sept jours de grève reconductible la semaine dernière, majoritaire à plus de 98 %. 400 travailleuses et travailleurs sept jours. Ils sont sortis avec plus de 150 € nets d’augmentation nette sur les salaires.

Donc les camarades de la sous traitance, les précaires, les camarades comme Mariama, ils ne sont pas en train de faire la manche. Ils demandent simplement à ce qu’on mette aussi leurs revendications sur la table. Comment on fait pour faire rentrer l’ensemble des bataillons du mouvement ouvrier dans la lutte si on ne discute pas avec eux et si on ne se préoccupe pas de leurs revendications.

C’est quand même fou. Aujourd’hui, vous allez partout, vous tendez l’oreille dans les magasins, tout le monde parle de l’inflation, tout le monde est au fait de ce qui se passe. Tout le monde regarde son application bancaire tous les jours, sinon plusieurs fois dans la même journée, pour vérifier s’il n’y a pas un virement, s’il n’y a pas un retrait qui s’est fait, tout le monde le voit ça.

Mais il n’y a qu’eux qui ne le voient pas. Et ils le revendiquent : Berger a dit la seule unité syndicale, elle est autour du seul mot d’ordre du non à la retraite à 64 ans. Et ça, c’est un mot d’ordre de la défaite les camarades. Tant qu’on ira sur ces mots d’ordre défensifs, c’est la défaite. Et c’est pour ça qu’il y a la nécessité d’élargir parce que moi je ne sais pas, je ne suis pas un travailleur précaire, on nous appelle les privilégiés. Moi, je suis privilégié de rien du tout. On m’a même envoyé mon papier la Cnav avant la réforme des retraites où je partais à 66 ans. Peut-être que c’était pour me dissuader de faire grève et considérer que je n’étais pas attaqué, et que moi j’avais un traitement encore pire que les autres, mais je pars à 66 ans.

Mais comment on fait quand on est une travailleuse du nettoyage ? Quand on est un camarade issu de l’immigration ? Quand on est rentré en France à 30, 35 ans ? Comment on fait quand la camarade Fernande Babou qui est travailleuse du nettoyage, qui est syndicaliste, elle a commencé à travailler à 40 ans et qu’elle doit cotiser 43 annuités, combien ça fait ? C’est pas 64 ans son problème.

Mais si on dit à l’ensemble du monde du travail que nous, on se bat pas pour le retrait simple de la réforme des retraites, mais pour imposer la retraite à 55 ans pour les métiers pénibles, à 60 ans pour toutes et tous. Et si à cela on ajoute l’augmentation générale des salaires, si on ajoute l’indexation sur l’inflation qui monte à plus de 15 % aujourd’hui, que les gens on leur dit qu’on va mettre à terre ce gouvernement... Berger a dit une dernière chose : "on est en guerre avec personne", mais il y a que lui qui est en guerre avec personne. Parce que Macron, il est en guerre avec nous. Les patrons sont en guerre contre nous. Ils nous mènent une guerre de classe.

Lorsqu’on attaque nos retraites, lorsqu’on attaque nos acquis sociaux, lorsqu’on n’a pas que nos conditions de travail, lorsqu’on réforme l’assurance chômage, lorsqu’on veut faire la guerre aux travailleurs immigrés, demain, c’est quoi sinon une guerre ? Et c’est une guerre de classes, et on assume. Et dans leur courrier d’interpellation, ils ont dit qu’ils avaient peur pour la démocratie. Ils avaient peur que ça explose. Et nous, ici, le réseau pour la grève générale, on la veut de nos souhaits. On espère que ça explose à partir du 15 mars.

Je terminerai simplement sur ces quelques mots. Il faut nous rejoindre. Nous étions 300 signataires. Le réseau a évolué déjà entre temps, mais il faut que le maximum de secteurs viennent. La grève doit appartenir aux grévistes. C’est dans les assemblées générales, c’est dans les comités de grève, c’est à la base que nous devons décider de la stratégie. Et je veux adresser aussi un message à l’ensemble de mes camarades de toutes les fédérations du mouvement ouvrier, de toutes les fédérations stratégiques, les camarades de la CGT cheminots, de Sud-Rail, de Solidaires, les camarades de la FNIC, les camarades de l’énergie... On n’a pas le droit de laisser nos collègues être en grève par procuration. On n’a pas le droit de laisser nos collègues être seuls à perdre du salaire et ne rien dire sur l’intersyndicale. On aimerait moi aussi j’aimerais fermer les yeux, regarder à côté et me gonfler en me disant non, non, c’est la base qui décide. Mais pourquoi on parle du 15 mars ? C’est personne ici qu’il l’a sortie. La date du 15 mars, c’est parce qu’il y a des bureaucrates qui ont lu un papier devant BFMTV et c’est pour ça qu’on est obligé d’essayer de voir comment mettre d’autres pressions différemment.

Et cet appel, je le fais solennellement à tous les camarades. Il faut appeler à la généralisation de la grève. Il faut imposer ce mot d’ordre là, du blocage de l’économie et que celui qui croit que le 15 mars est un baroud d’honneur, il faut lui expliquer que nous, on continuera.

Et la dernière chose, c’est que le 15 mars, les camarades, il faut faire en sorte qu’il y ait des assemblées générales dans tous les secteurs. Il faut aider à toutes les actions qui vont exister. Il y a les camarades, notamment le 15 mars, qui vont faire une action à Roissy. Il faudra donner de la force. Il faut donner de la force aux camarades éboueurs partout où c’est possible. Il faut radicaliser le mouvement le 15 mars. Et si le 16 mars ça passe au 49.3, il faudra aller devant l’Assemblée nationale. Il faudra aller devant l’Assemblée nationale. On ne va jamais laisser le mouvement ouvrier se manger le moindre coup de pression que ce soit, le moindre passage en force que ce soit. On va leur montrer que notre seul référendum, c’est celui de la grève reconductible jusqu’au retrait et bien plus.

Et là est la dernière chose que je voulais dire, c’est que nous organisons une réunion samedi prochain avec les camarades du réseau et on vous invite à être là parce que ça va être central de coordonner l’ensemble des secteurs qui seront en lutte. Et il faut maintenir la grève reconductible coûte que coûte. Que les traîtres et ceux qui ont peur, qui veulent quitter parce que pour eux, c’est terminé, qu’ils le sachent : le mouvement ouvrier, il est encore là. Et comme disaient nos anciens en 68, en 95, ce n’est qu’un début. Continuons le combat les camarades. Merci à tous. »

 
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