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La Izquierda Diario
17 de mars de 2023 Twitter Faceboock

Grève, blocage, Macron dégage !
« Macron a mis de l’huile sur le feu » : manif’, blocages et actions partout en France ce vendredi
Nathan Deas

Crédits photo : Révolution Permanente

Blocages, manifestations sauvages et durcissement de la grève dans les raffineries. Après une nuit de colère jeudi soir, l’odeur de poudre continue à se faire sentir un peu partout en France ce vendredi. Et si c’était le début des choses sérieuses ?

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Ce jeudi, le gouvernement a pris la décision d’utiliser l’article 49-3 de la Constitution pour imposer l’adoption de la réforme des retraites sans vote au Parlement. Un coup de force antidémocratique dénoncé jeudi soir par des milliers de manifestants partout en France. Ce vendredi, à nouveau, il y avait comme une « odeur de poudre » dans tout le pays. En attendant que la mèche s’embrase pour de bon.

La grève se durcit dans les raffineries, les éboueurs tiennent bon à Paris malgré la répression policière

C’était l’un des scénarios noirs du gouvernement. Après l’annonce du 49-3, ce jeudi, les grévistes de la raffinerie de Normandie, la plus importante de France, ont voté, en assemblée générale l’arrêt des installations, c’est-à-dire des activités de raffinage. A l’origine de cette décision, « évidement le 49.3, mais aussi l’idée que c’est la dernière chance de faire reculer Macron et qu’il faut tout tenter pour ne rien regretter derrière » explique Alexis Antonioli, secrétaire général de la CGT Total Normandie.

Quelques heures plus tard, les grévistes de la raffinerie de Donges, en Loire-Atlantique, ont eux aussi décidé « d’accentuer la mobilisation et de durcir le mouvement » dixit Fabien Privé Saint-Lanne, délégué syndical CGT. Alors que la raffinerie est à l’arrêt à cause d’un accident industriel, ils ont décidé ce vendredi de reconduire la grève jusqu’au 24 mars et bloquent le dépôt pétrolier de la SFDM depuis mercredi soir. D’après les informations de Révolution Permanente, la raffinerie d’ExxonMobil de Gravenchon, serait, elle, au bord de l’arrêt et n’aurait plus que 96 heures de réserve avant l’arrêt des installations. De quoi faire miroiter la possibilité d’une pénurie de carburants, comme à l’automne, dans les jours et semaines à venir.

A Paris, la situation du ramassage des déchets dans la capitale reste tendue, tandis que la barre des 10 000 tonnes de déchets non ramassés dans les rues a été atteinte vendredi à la mi-journée. Malgré les annonces de réquisition et la forte répression policière, à nouveau ce vendredi matin sur la TIRU d’Ivry, le mouvement de grève se maintient. « Avec le 49-3, Macron a mis de l’huile sur le feu, la mobilisation va monter d’un cran, s’il veut que Paris brûle qu’il continue. Il peut bien nous menacer de réquisition, nous, on continue la grève » explique Jean-David, conducteur de bennes à ordures à Paris. Même son de cloche du côté de Fabrice, un de ses collègues. « La police est venue nous intimider ce matin, s’ils interviennent tous les non-grévistes vont nous rejoindre » promet-il. Grâce à la grève et au blocage, aucune tournée ne sera sortie cet après-midi.

Des blocages et actions organisées partout en France

 
A 7h30, sur le périphérique parisien, la circulation est bloquée. Plusieurs centaines de grévistes, à l’appel des énergéticiens en reconductible sont descendus sur les voies à hauteur de porte de Clignancourt, avant de se diriger en cortège vers la Porte de la Chapelle.

A la mi-journée, plusieurs centaines de manifestants ont envahi les voies de la gare Saint-Jean à Bordeaux. Pareil destin est réservé à la gare de Toulon. A Nantes, les cheminots réunis ce matin en Assemblée Générale ont reconduit la grève jusqu’à lundi. A Paris, du côté de la gare de Lyon, les soixante-quinze cheminots regroupés au bout de la voie 23 on voté la reconduction de la grève jusqu’à lundi, avant même que leurs représentants ne se soient réunis en intersyndicale. Brahim, délégué SUD-RAIL Transilien et contrôleur, interviewé par Le Monde confesse : « le 49.3, ça m’a reboosté ». « Il y avait du monde à Donjon hier, 500 à 1000 personnes qui se sont rassemblées spontanément, je n’avais jamais vu ça » explique un autre cheminot, de la CGT, toujours dans les colonnes du Monde, arrivé le matin.

Toute la journée, étudiants et lycéens se sont également mobilisés partout en France. A Paris, plusieurs centaines d’étudiants, à l’appel de l’inter-facs, se sont donnés rendez-vous devant le centre de Tolbiac, pour une manifestation improvisée, avec l’idée d’aller soutenir les éboueurs grévistes à l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine. « Le gouvernement veut passer en force avec le 49-3 et les réquisitions, il faut que la jeunesse soit aux côtés des grévistes et se batte pour la généralisation de la grève » défend Lorélia, militante au Poing Levé. Ils se sont affrontés à une violente répression policière qui donnera lieu à plusieurs interpellations.

Ailleurs, les barrages routiers ou filtrants sont reconduits et les transports perturbés. A Bordeaux, l’accès à la centrale nucléaire du Blayais est bloqué. « Notre piquet, il coûte chaque jour 1 million d’euros à EDF. Le 49-3, ça a galvanisé les troupes, le mouvement va s’intensifier » espère John, délégué syndical CGT. A Nantes, les grévistes de la Poste réunis en assemblée générale ont reconduit la grève et le blocage de la PIC (Plateforme Industrielle du Courrier), et appelle les salariés de Rennes à faire de même face aux détournements de courrier orchestrés par La Poste. Sur la centrale nucléaire de Paluel, certains espèrent que l’heure est au débordement du calendrier de l’intersyndicale. C’est le cas de Reynald Kubecki, CGT Sidel du Havre, venu en soutien. « Il ne faut pas attendre encoure une journée saute-mouton ! Jeudi, c’est trop loin. Il faut que toutes les zones, toutes les boites soient en blocage illimité ». L’intervention est chaudement applaudie.

Après une nuit de colère, de nouvelles manifestations prévues en soirée

Jeudi soir, des manifestations spontanées avaient rassemblé plusieurs milliers de manifestants dans tout le pays. Le lendemain, plusieurs rassemblements ont déjà été organisés, notamment à Rouen et à Rennes, le matin et l’après-midi. A Bordeaux, un cortège s’est élancé à 17 heures 30. Partout en France, plusieurs devraient suivre ce soir.

A Paris, à 18 heures, du monde continue d’affluer devant le commissariat du 1er arrondissement, où un rassemblement de solidarité avec les interpellés de la veille (plus de 200) et de la journée se tient. « Avec le 49.3 Macron a réveillé la colère. Ce matin les éboueurs en grève ont été gazés, des étudiants ont été interpellés. Ça montre que gouvernement a peur que la jeunesse rejoigne les ouvriers ! » scandait Irène, militante au Poing Levé et étudiante à Paris 8.

A 18 heures, la place de la Concorde commence à se remplir. Plusieurs centaines de personnes sont déjà là, sous une pluie fine, tandis que les « Macron démission » commencent à résonner. Le pont qui y mène est barré d’un rideau de gyrophares bleus. Alors que l’idée commence à faire son chemin parmi les manifestants, le gouvernement a peur d’une chose : que le mouvement se durcisse pour de bon.

Face à la multiplication des rassemblements, des actions, des blocages, le gouvernement a raison d’être fébrile. Mais pour lui imposer une défaite, l’ensemble des secteurs qui se mobilisent doivent prendre exemple les raffineurs de Normandie. C’est-à-dire, élargir la grève reconductible, pour faire reculer un Macron affaibli mais surtout préparer un passage à l’offensive.

 
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