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6 de avril de 2016 Twitter Faceboock

5 avril : moins de manifestants, mais la jeunesse démontre toute sa force face à une répression grandissante

Romain Baron

Ce mardi 5 avril, la journée appelée par les organisations de jeunesse contre la loi Travail reflète les contrastes grandissants et les défis de la mobilisation actuelle. Objectivement, la journée marque un tassement dans le nombre des manifestants par rapport au 17 et au 24 mars. Mais ce tassement numérique, en partie dû au cadre jusqu’ici imposé au plan national par les directions syndicales, en particulier la CGT, qui freinent des quatre fers autant pour construire la grève dans les entreprises que pour synchroniser leurs appels avec ceux des jeunes, ne signifie aucunement une baisse de la combattivité, au contraire, comme l’ont démontré les lycéens et étudiants parisiens face à la répression policière. Ce qui peut augurer d’un 9 avril haut en couleur !

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23800 manifestants selon le ministère de l’intérieur, ont battu le pavé aujourd’hui à l’échelle nationale. Chiffre sous-estimé, mais dans l’ensemble, on note la baisse du nombre de manifestants par rapport aux échéances de la mi-mars, un mois après le début des hostilités. Environ 3500 à Paris, 2000 à Lyon, presque autant à Nantes, 1500 à Toulouse et à Marseille, plus d’un millier à Rennes, ont systématiquement dû subir au minimum un encerclement policier massif, sinon de nouveaux épisodes franchement abject de la répression brutale par laquelle, depuis le 17, le gouvernement s’efforce d’un côté de contenir la mobilisation. De l’autre il continue de faire les yeux doux, sans se presser, aux syndicats habitués, fût-ce à vitesse variable, à négocier. En l’occurrence, le gouvernement va recevoir ce mercredi, une nouvelle fois, l’UNEF et d’autres syndicats étudiants, comme la FAGE qui a déjà choisi le camp de la contre-réforme.

Trois enseignements pour une journée pas comme les autres

Le premier enseignement de cette journée est que face à la répression, seule la solidarité sans faille peut maintenir un moral d’acier, empêcher les divisions factices que le gouvernement cherche à opérer, et très concrètement « libérer nos camarades ». Un pas dans l’homogénéisation du mouvement lycéen parisien s’est clairement produit ce jour contre l’ennemi qui gaze, matraque et embarque, et augure d’une dynamique renforcée à très court terme.

Le second enseignement, tout aussi clair, est que la convergence réelle entre étudiants, lycéens, et travailleurs, est de plus en plus nécessaire et sera cruciale pour la suite – à l’image de la manif lyonnaise, qui a démarré, au vu de l’ampleur du dispositif policier, que lorsque la CGT à pris la tête du cortège. Différentes initiatives concrètes dans le sens de cette convergence ont commencé à émaner d’assemblées générales, de comités de mobilisation, comme à Paris 1 ou Toulouse, ou d’interpros, comme à St Denis, pour tisser ou approfondir les liens avec des secteurs comme les cheminots ou les postiers.

Le troisième, enfin, rappelle qu’un mouvement de masse est toujours éminemment contrasté, D’un côté moins de personnes dans les rues, mais de l’autre, on ne peut que relever le nombre croissant d’assemblées générales et de personnes mobilisées, à Paris et les principales villes de l’hexagone, à l’initiative de la Coordination des Intermittents Précaires, mais aussi l’essaimage des « Nuit Debout », par exemple à Lyon ou à Toulouse, où 500 personnes se sont réunies ce soir au Capitole. Quant à Poitiers, ce sont travailleurs et syndicalistes qui ont défilé aujourd’hui, les étudiants faisant relâche… Développement inégal et combiné au possible, la temporalité de la convergence victorieuse se cherche encore.

Face à la violence d’Etat, la démonstration de force de ceux qui luttent ensemble

Symbole de ce qu’il y a réussir sur ce plan, ce mardi soir, 150 personnes présentes à République pour une nouvelle « Nuit Debout » tentaient de rejoindre les lycéens et étudiants revenus du long rassemblement qui s’est tenu dans le 18è en soutien aux 130 interpellés du jour, la police faisant tout son possible pour empêcher la jonction. Par-delà le nombre c’est la démonstration de force de cette jeunesse déterminée, qui occupait encore le boulevard St Germain tard dans la nuit, qui doit être regardée comme le marqueur de cette journée. A la fois un avertissement solennel lancé droit dans les yeux au gouvernement, et un appel plus fort que jamais à un engagement décuplé du monde du travail dans la bataille contre la loi Travail, mais aussi à condamner de façon absolument solidaire la répression grandissante qu’orchestre ce gouvernement abject.

L’intersyndicale nationale se concentre, en l’occurrence, sur l’échéance du samedi 9. Mais sa responsabilité est bien plus grande : si les lycéens, étudiants et travailleurs combattifs, intellos et universitaires, artistes etc. œuvrent suffisamment dans le sens de cette convergence, nul doute qu’elle n’aura pas le choix que de l’assumer. Si la journée du 9 avril se construit dans cette voie, le 31 mars apparaîtra, rétrospectivement, comme un avant-goût !

 
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