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La Izquierda Diario
9 de avril de 2016 Twitter Faceboock

Loi travail : la banlieue n’a pas dit son dernier mot
Les lycées de Saint-Ouen (93) quadrillés par la police pour intimider les élèves et empêcher le blocage

Ce vendredi matin, les lycéens de Saint-Ouen ont trouvé un étrange comité d’accueil à leur arrivée en cours. Au lycée professionnel Marcel Cachin, ce sont 3 vigiles tout de noir qui ont été postés devant l’entrée du lycée depuis jeudi, en compagnie du directeur et d’une voiture banalisée, pleins phares allumés, identifiée par les élèves comme un véhicule de la BAC. Du côté du lycée Blanqui, un autre scénario d’intimidation a été mis en place depuis le début du mouvement contre la loi travail : des militaires sont postés tous les matins devant le lycée, soi-disant au nom du plan vigipirate. Ce vendredi, ils ne se sont pas contentés de rester à bord de leur véhicule mais faisaient les cent pas tout autour du lycée, accompagnés de policiers.

Correspondants

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Une tentative de blocage tuée dans l’œuf… mais pour combien de temps ?

Les élèves avec qui nous avons pu échanger aux abords du lycée Cachin étaient consternés par ce climat répressif qui fait suite à la volonté de bloquer leur lycée, évoquée ce jeudi pour la première fois depuis le début du mouvement. « On voulait juste bloquer notre lycée, mettre des poubelles, gentiment, c’est notre droit de manifester, c’est pour notre avenir », explique une élève. « Hier, dès qu’on a commencé à vouloir bloquer, ils nous ont immédiatement envoyé la police. Ils sont entrés armés dans le lycée, carrément avec un fusil à pompe », s’indigne un second lycéen. « Et ce matin ils ont ramené une voiture de la BAC, tu vois celle qui est garée là-bas avec les phares allumés ».

Ce recours de la direction du lycée à la police et à des vigiles privés pour éviter que les lycéens ne se mobilisent contre la loi travail est tout simplement scandaleux. Il s’inscrit dans le contexte plus général de répression de la jeunesse, confrontée aux interpellations et aux coups de matraques alors qu’elle manifeste à juste titre et de manière bien consciente pour son avenir.

Au lycée Cachin, le directeur connaît la combativité des enseignants, personnels et élèves, qui se mobilisent régulièrement depuis des années. On se souvient des blocages et des grèves qui ont paralysé le lycée à plusieurs reprises, notamment pour les retraites en 2010, contre le non renouvellement des contrats de personnels précaires, contre la dégradation des conditions d’études et le manque de personnels et enseignants, dans le cadre de mobilisations nationales du secteur de l’éducation, ou encore lors de la mobilisation contre l’expulsion de Khatchik et Leonarda à l’hiver 2013. La direction du lycée a donc bien raison de s’inquiéter d’une nouvelle mobilisation qui, on l’espère, pourrait voir le jour à la veille des vacances scolaires, et redonner aux lycées de Saint-Ouen un air de contestation contre cette loi travail et ses conséquences désastreuses pour les jeunes et les travailleurs.

Faire passer pour des délinquants les jeunes des quartiers populaires qui manifestent

Ce climat de surveillance généralisée qui vise à instaurer un climat de peur prend une tournure toute particulière à Saint-Ouen, ville de Seine-Saint-Denis, département classé le plus pauvre de France. La politique à l’œuvre, c’est encore une fois la criminalisation des jeunes des banlieues, en cherchant à les faire passer pour des délinquants qui n’ont pour seule motivation que de « brûler des poubelles » et « sécher les cours », mais qui « ne comprennent rien à la loi travail ». C’est ce qui nous a été expliqué à l’entrée du lycée alors que, militants du NPA, nous étions venus distribuer des tracts appelant à manifester le 9 avril.

La ville de Saint-Ouen subit de plein fouet la surenchère « sécuritaire », par la cumulation de différents niveaux de répression. Premièrement, son classement en Zone de sécurité prioritaire (ZSP), définie de manière scandaleuse comme un territoire « qui souffre plus que d’autres d’une insécurité quotidienne et d’une délinquance enracinée », conduit à ce que les effectifs de police et de gendarmerie y soient renforcés. A ce critère s’ajoutent l’Etat d’urgence et le plan Vigipirate, qui permet à Matignon d’envoyer des militaires au nom de la lutte antiterroriste. Pourquoi donc des militaires aux portes du lycée Blanqui ? Au-delà de l’insinuation insupportable selon laquelle les lycées de quartiers populaires pourraient être des « foyers de terrorisme », il s’agit clairement d’une mesure d’intimidation des lycéens pour prévenir tout mouvement de contestation.

A côté de ce climat policier, les jeunes souffrent toujours plus du chômage et de l’absence de perspectives d’avenir, que la loi travail ne fera que renforcer. Ils ont donc toutes les raisons de manifester leur colère et de vouloir bloquer leur lycée.

 
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